L'honneur sous la volupté

- Qui es-tu ?Demanda-t-il calmement d’un ton ferme dépouillé de toute forme d’arrogance. L’homme en face du petit garçon le regardait certes de haut, parce qu’il se trouvait être grand, mais aucune suffisance dû à son statut ne peignit ses traits. Non, il aurait même pu s’agenouiller devant pour lui offrir un coup de brosse dans les cheveux, comme il aimait le faire de temps à autres à Kira qui se laissait dominer par bon nombre de ses camarades. Cependant, il était bien incapable de sourire à ce petit être, réclamant son père…qui était l’un des sièges du jeune homme, à savoir Hisagi.
- Je m’appelle Noa. Papa dit qu’il est le meilleur membre de la division de la Justice !
Sa petite remarque lui soutira un petit sourire, et il ne put finalement s’empêcher de s’accroupir devant lui, bien heureux de l’entendre proférer telle parole.. Quand bien même ce dit siège n’était sûrement pas le meilleur.
- Je vais te le chercher, petit. Reste ici.
Et c’est d’un pas plutôt heureux, mais qui une fois encore, n’en démontra rien, qu’Hisagi rejoignit ses quartiers afin de demander à l’un de ses hommes de retrouver Toshika Mutune. Après quoi, le siège put retrouver son fiston et le Lieutenant retourna à ses occupations coutumières délaissant pour l’heure ses pensées habituelles qui revenaient justement à tourner dans tous les sens ses relations diverses. A savoir Kira et Renji, les deux êtres les plus proches de son entourage. Ils étaient devenus avec le temps de fidèles amis, s’octroyant des pauses tous les trois dans l‘idée de se réunir le soir, autour d’une tasse de thé.. Ou de sake.

Ils parlaient alors fort souvent de leur rêve. Kira lui, avait l’objectif de redorer le blason de sa division. Excepté ce fait, Hisagi respectait tout le monde, en particuliers Kira. Il pria alors pour que son souhait se réalise. Quant à Renji.. Il s’agissait de battre au moins une fois dans sa vie son Capitaine. Kuchiki Byakuya. Un être redoutable et redouté, respecté de par sa valeur et son titre, de sa stature et de sa prestance… un noble partiellement beau, du moins Hisagi n’était qu’un homme ; difficilement apte à donner un avis sur les attraits masculins, n’étant guère attiré par cela. Bref revenons en au fait. Le lieutenant connaissait très bien la réputation des Kuchiki, leur histoire ainsi que de sa feue femme. Renji n’avait pût s’empêcher de lui raconter les petites anecdotes surplombant le chef de Byakuya. Qu’importe, ils étaient tous les deux admiratifs, et kira par la même occasion.

Enfin, cette soirée ci, il devait se rendre chez Renji afin de … s’aérer l’esprit, comme tout un chacun le ferait, sauf s’il leur prenait des envies de masochisme accrue. D’un pas naturellement félin, le Kyu ban tai fukutaisho traversa les couloirs, et se dirigea logiquement vers les quartiers de la sixième division. Le lieu en apparence semblait très calme, et demeurait caché dans quelques coins une paire de gens soit en train de discuter, soit prêt à se coucher… ou autre. Mais lui, Hisagi cherchait la porte de Renji. Cependant, bien avant d’atteindre son objectif, il ne s’était pas attendu à croiser le Capitaine qui s’occupait spécialement de la sixième Division. Il le croisa bien vaguement, ralentissant ses pas pour saluer le Capitaine :

- Kuchiki Taisho.. Bonsoir.

Sachant pertinemment que ce dernier ne prendrait peut-être pas la peine de répondre à sa formulation, et qu’outre cela, Hisagi ne s’en offusquerait point, il sentit cependant comme une pointe au niveau du cœur, comme s’il aurait aimé parler à cet homme encore plus réservé que lui. Mais, cependant il passerait son chemin, après avoir signalé au charismatique Capitaine le pourquoi de sa visite. Il n’était pas chez lui, et donc par conséquent, devait rendre compte de ses agissements hors de ses quartiers. Surtout s’il avait devait lui la tête de sa division. Sa noblesse ne lui donnait que peu envie, mais Kuchiki Byakuya était … très …singulier, différent des autres, et surtout…. Inaccessible. Celle qui chercherait à tout prix à le conquérir allait passer par monts et par vaux avant de réussir. D’un pas définitif il quitta le couloir…

Arrivé devant la porte de Renji, il toqua. Et les portes glissèrent sur le sol pour laisser entrevoir un Renji aux cheveux détachés. Hisagi émit un bref sourire, inaccoutumé.. Et pénétra les lieux.
- J’ai croisé ton Capitaine.
- Ah .. ? Tu ne lui as pas dis que tu venais chez moi pour boire le sake j’espère, fit-il en s’étouffant.
Shuuhei eut un petit rire gêné, et répondit :
- Mais non voyons… Simplement dit qu’on devait parler dossiers…
- Dans ce cas..
Après une bonne petite heure, les deux amis réussirent à s‘échanger quelques mots, et buvaient.. Bien qu’Hisagi modérait les doses, n’étant vraiment pas… tenace sous l‘effet de l‘alcool.

- Il est beau mon capitaine… lança un Renji rougi.
Hisagi, les prunelles étrécis, tenta d’imaginer une nouvelle fois le portrait de Kuchiki dans sa tête.
- Certes… Je ne le connais pas.
- Il est tellement axé sur son honneur qu’il va finir sénile et seul.
Le brun ne put émettre le moindre jugement, ne se sentant pas pour le moment… attiré par le sujet de conversation.
- Je me demande qui pourrait le faire choir.
- Pourquoi souhaites-tu cela ?
- Car il m’agace ! …Renji tenta de se calmer. …Peut-être que s’il tombait amoureux de nouveau, je pourrai le battre.
- Qui veux-tu que ce soit…
- Je vais aller le voir… fit-il en se redressant, volontaire et ferme.
- Non ! Rétorqua vivement un Hisagi alerté. On risque gros si tu te montres comme ça !
Ce dernier se débattit véhément et rejeta le lieutenant de la neuvième division, qui avait bien reculé sous le coup. Abarai alors quitta sans prévenir la chambre et .. se dirigea vers ce qu’on appelle.. Les pépins. Le beau brun ténébreux se demandait alors s’il fallait le suivre, et se sachant dans n’importe quelle situation pris au piège, il le suivit…

- KUCHIKI … TAISHO ! Scandait un Renji vacillant. Et par malchance, le Capitaine était bel et bien présent dans les quartiers.

Cette journée avait été des plus banales...et surement des plus mécaniques pour notre capitaine de la sixième Division, qui quitta son bureau, non sans lorgné sur la paperasses restantes sur le bureau de son Fukutaisho. Ce dernier n'était pas très doué pour cette formalité que semblait être les papiers administratifs..... Dans un sens Byakuya s'en passerait allégrement de même, mais cela faisait partie de son devoir, et pas une seule fois, celui lui était venu à l'idée de s'en dérober. Cela n'était guère digne de ce qu'il représentait et surtout de ce qu'il était. D'un mouvement de lassitude, il se redressa sur ses jambes, quittant noblement son siège afin de regagner la porte de sortie. Ses muscles étaient un peu roides et ses sens un peu plus alourdie par la fatigue. Mais malgré cela, son visage restait tel qu'on le lui connaissait. C'est à dire empli d'indifférence et une impassibilité déconcertante, sous son regard ombrageux et neutre.

sous son déplacement, seul le froissement de ses vêtements, alors qu'il déambulait dans les couloirs pour rejoindre ses quartiers privés. Ce soir... il ne dormirait point au manoir, car nul ne l'y attendait réellement. En effet Rukia était en mission sur Terre en compagnie de ce manant...de ce gamin qui attirait si souvent les problèmes et qui semblait foncer tête baissée avant de réfléchir. Le noble allait bifurquer sur sa gauche quand il croisa le Fukutaisho de la 9e Division. Ce dernier le salua comme il se devait, et à cela Byakuya n'inclina que partiellement son visage. Arborant cette placidité si connu de lui. Il n'avait nullement ralentit son allure, ne cherchant point à en savoir plus quand à connaître la raison de sa présence en ces lieux. Il disparut de la vision d'Hisagi, et franchit le seuil de sa propre chambre.

La il déposa avec soin son étole sur la surface plane d'une chaise qui se trouvait non loin de sa couche, puis d'un geste habile, il ôta son Kenseikaan qu'il déposa par dessus l'étoffe. Le noble fit quelques pas encore, alors que son visage semblait perdre ce masque , pour revêtir celui de la lassitude. Ses paupières se plissèrent un instant comme pour lutter par cette fâcheuse fatigue qui apportait avec elle son compagnon qu'était le sommeil. Dépourvut de cet emblème pour ainsi dire, son visage devint plus juvénile alors, et bien moins sévère. Chacun de ses mouvements étaient empreintes d'angourdissements, alors qu'il s'évertuait à quitter en son flanc, son zanpakutoh... Senbonzakura qui lui paraissait silencieux depuis quelques temps. Byakuya le déposa non loin de sa couche, puis s'allongea en silence.. savourant enfin cette paix.. qu'il savait si éphémère. Il ne lui suffirait que de quelques heures de repos et il reprendrait son travail. Une heure ou deux.. rien de plus. Lentement ses paupières se fermèrent, voilant ainsi ses orbes anthracites....puis son esprit dériva dans les méandres des songes.....


Quelques instant passèrent...quand soudain un boucan de tout les diable se manifesta dans les couloirs. Alerter, les yeux de notre taisho s'ouvrirent instinctivement.. alors que son esprit semblait avoir du mal à se reconnecter à la réalité. Ses oreilles perçurent néanmoins les intonations tonitruantes d'une voix qu'il ne connaissait que trop bien..


*Renji....*

C'est avec une gestuelle encore empreinte de sommeil que Byakuya s'extirpa de sa couche, et s'empressa de fixer en son flanc son Zanpakutoh, et se dirigea d'un pas un peu plus dynamique vers le couloir. Ce faisant son visage avait reprit automatiquement cet aspect impassible et indiffèrent, alors qu'enfin il pouvait voir de ses yeux ombrageux, l'attitude plus que dégradent e de Renji qui gesticulait comme un beau diable, suivit de près par Hisagi, qui semblait ne savoir quoi faire. La colère gronda en son sein alors qu'il se rapprocha du duo, avec cet air hautain et froid en ses traits devenus un peu plus négliger en l'absence de son Kenseikaan et de son écharpe. Toute trace de fatigue semblait avoir quitter son corps alors que sa voix monocorde et glaciale se manifesta dès lors :


- Abarai Renji que me vaut ces manières peu digne de notre division et en présence d'un officier de la neuvième. Vous êtes aussi ivre qu'un simple malheureux.

Il se pourrait même qu'il y avait un certain dégoût en ses paroles, alors que cela n'était simplement qu'un effet, afin de ramener Renji à la raison. Sans parler que le lendemain ne lui sera point de tout repos. ooohhh non, son fukutaisho ne se tirera point à si bon compte, pour avoir été l'objet une fois de plus de cet alcool qui avilissait le plus valeureux des guerrier qui soit. Ses longe cheveux sombre tombaient de manière négligé en son dos et sur son front, barrant un peu son regard anthracite et glaciale sous ce visage soudainement plus jeune.

Renji tomba sur la silhouette grande et plutôt élancée de son Capitaine qui en ce soir, s’était dessapé pour laisser entrevoir son physique de rêve, un peu plus découvert cette fois-ci. On ne pouvait nier qu’il était beau. Et il ne manquait d’aucune prestance même vêtu ainsi. Mais sa jeunesse était renforcée par la même occasion, ce qui n’était pas sans étonner son Vice Capitaine voire même Hisagi. Ce dernier par ailleurs arriva par derrière, et ne sut quoi dire. Seulement, Byakuya dans sa coutume noblesse accentuée par son allure snobinarde apostropha le red porc-épic tout en ignorant partiellement le brun. Quel serait son jugement ? Après tout il n’était pas vraiment au courant de sa petite complicité, quand bien même il lui avait demandé de modérer ses doses.

Le jeune homme brun dut baisser le visage afin de ne pas se trahir, pendant que Renji s’emporta sans attendre, indifférent aux remarques cinglantes du Kuchikiiiii :

- Je ne suis ni simple, je ne suis ni malheureux, Capitaine ! Et vous êtes très bien ainsi ! Fit-il en posant ses poings sur les hanches, des traits fiers rehaussant la mine de son visage. Ses yeux embrumés, il voyait un Byakuya vaciller devant lui, alors qu’il n’en était cas. Bien au contraire, il demeura droit et inébranlable, impossible à rabaisser de par ce port enorgueilli par sa grande beauté et sa noblesse naturelle. Hisagi le remarquait du coin de l’œil, mais se fit bel et bien silencieux, toujours aussi fermé et discret sauf si la situation dégénérait. Cependant, Renji commença à pousser le bouchon un peu loin, ce qui eut pour effet de glacer le Lieutenant de la neuvième qui voyait déjà la soirée se transformer en cauchemar…

- Je vous a…
- Abarai !
- Ne me touche pas toi ..! Rugit-il en se retournant, lui administrant volontairement et rapidement un magistral coup de coude dans le faciès, faisant chanceler Hisagi qui se retint contre le mur, le nez en sang. Puis sans tarder, il sentit ses paupières s’alourdir, son esprit s’évader.. Il partait d’ores et déjà dans l’inconscience… Puis quelques secondes plus tard, un siège sauta sur le pauvre fou qui ce soir avait bu plus que de raison, malheureusement. Le brun était incapable de connaître les agissements du Capitaine mais.. Tout ce remue-méninges ne devait sans doute pas lui plaire. Sur le coup, Hisagi en sortait gagnant. Assommé, ce serait Renji qui allait supporter le poids de ses actes, tandis que le siège le retint de tout mouvement, le suppliant de se calmer - et tout cela devant le regard du chef de cette division.

- Kuchiki tais ho ! Veuillez pardonner le Lieutenant Abarai s’il vous plait ! lança le siège, priant en pitié renji tout en inclinant la tête pendant que le rougeman se vautrait sur l’épaule du petit officier. Mais comme la soirée pour lui n’était pas finie, il se mit à bondir sur Byakuya, espérant l’ouvrir un tant soit peu aux plaisirs … d’un simple calin. Quoi ! Un peu de tendresse dans c’monde de brute ! BYAKUYETTTEEE !! Fais moi maaalll !! C’est alors qu’Hisagi retrouva ses esprits, et vit l’impossible : Un renji dans les bras de Byakuya. Curieusement, le Vice Capitaine ressentit une légère pointe de jalousie, sans savoir d’où cela venait. Le tatoué savait y faire, se lançait sans réfléchir et sans peser les conséquences qu’allaient engendrer ses actes tandis que le Mister 69 resterait à jamais renfermé et réservé, loin de cet échange d’affection, peut-être à sens unique, mais tentante.
Hisagi… commençait à se sentir si seul, malgré son entourage qui se résumait à ces quelques noms.. Kira ; Renji ; Komamura ; Iba ; Matsumoto et Hinamori ….

Comme la position du lieutenant saoul était on ne peut plus embarrassante, Hisagi se redressa et attrapa par les épaules l’ananas rouge mais ce dernier lui assimila un nouveau coup de poing qui abîma le visage du jeune Vice capitaine Sexy. Cette fois-ci, cela se changeait en un gros n’importe quoi…Seulement.. Hisagi demeurerait adossé au mur, et laissa cet incapable impulsif et fougueux seul dans sa merde. Il n’était en rien responsable de lui après tout ! En plus de se sentir rejeté, et seul, on lui avait foutu deux poings dans la gueule.. Comme quoi…Cette nuit n’était pas sienne.

Hisagi observait les faits et gestes du tais ho de la sixième division avec intérêt. Depuis quand n’avait-il pas recu d’ordres ou de semonces de la sorte ? C’était vrai, Renji se faisait ramoner mais ce dernier persistait dans son idée, sans crier gare face à son Capitaine qui pourtant ne semblait pas de bon poil. L’on pouvait entendre aisément des : « comment osait-il ? » mais le lieutenant de la neuvième malgré lui se sentit responsable de son état, et aurait évidemment dû calmer les doses d’alcool. Il était a peu près dans un sale état, mais loin d’être grave. Hé oui, Hisagi aurait pu esquiver tous ces coups pourtant improbables s’il n’avait déjà pas bu un peu, mais surtout s’il avait adopté une position défensive, chose qu’il faisait bien souvent.

Peu importe du moment où Kuchiki Byakuya prenait les devants, sans ressentir la moindre émotion quant à son lieutenant. Mais le jeune brun tentait de percer les défenses de Byakuya d’un regard étrécis souhaitant peut-être voir de l’agacement… C’est alors que leurs regards se croisèrent, et qu’Hisagi s’immobilisa. Ce regard froid inspirait l’effroi, une arrogance impossible à égaler, une force difficile à plier. Mais pourtant, sans comprendre pourquoi, le Lieutenant percevait dans son regard une immense fatigue, une douce tristesse. Si ce n’est plus…

Finalement, il déclina son faciès et attendit que Renji s’en aille, pour finir dans les geôles. Il se maudissait de l’avoir entraîné ce soir à se confier, sans quoi il n’aurait sans doute pas eu le besoin de se plonger dans l’alcool mais le mal était fait, et il lui fallait maintenant réparer les fautes de ce très récent passé. Kuchiki Byakuya, de ses manières honorables et emplies de dignité, lui demanda de le suivre, requête à laquelle il put accéder mais ne s’y donna pas non plus à cœur joie. Hisagi n’était pas son lieutenant, ils n’étaient que de parfait étrangers en vérité. L’un et l’autre se connaissaient, leur passé, leurs épreuves, leurs missions, et tout ce qui a été rendu officiel n’echappaient guère aux mirettes curieuses du Gotei 13. Mais s’il en savait tant sur Byakuya, c’était surtout grâce à Renji Abarai, qui ne tenait pas sa langue dans la poche, et s’adonnait avec plaisir à critiquer ou louanger son taisho. Cans tous les cas, il en apprenait, et appréciait finalement ce Capitaine qui retenait en son sein un cœur sensible, muré cependant d’une carapace impossible à briser.

Hisagi ne chercherait pas à le faire, du moins, il ne vit pas pourquoi. Enfin dans la chambre de son .. Sauveur, si l’on puit dire ainsi, le jeune homme détailla ce vide presque intersidérale, et quand bien même la pièce était tiède voire un peu chaude, il ne la trouva guère chaleureuse, bien au contraire. Ses yeux retrouvèrent ceux du Taisho qui lui proposa de soulager la douleur avec une compresse.

- Je vous remercie, Kuchiki-Taisho.

Il se le déposa directement sur le visage, mais ne quitta point la chambre. Il aurait dû, oui, mais il attendait, non sans savoir qu’un moment donné, byakuya lui demanderait de bien vouloir le quitter, chose tout à fait normal. Cependant, c’était la première fois qu’il se retrouvait en intimité avec un supérieur, et outre l’effet de l’alcool, il ne pouvait s’empêcher de regretter le départ de Tousen. Il se sentait si seul ces derniers temps. Il avait besoin d’un mentor, d’un chef à suivre, n’étant pas lui-même assez confiant pour le devenir ...pour le moment. Car il en était capable, très même.

- Et je suis désolé pour ce soir, c’est de ma faute…Je me sentais si seul.. Dit-il dans un soupire, tandis qu’il s’étonnait de sa franchise, de sa non reserve, face au plus froid des capitaines. Il n’en avait rien à foutre de ses lamentations, alors que lui prenait-il ? Puis, il persista en plus de ça, sans prendre compte de ses propres reproches :

- Si vous avez besoin d’une épaule supplémentaire, ou si pendant l’absence de Renji je dois vous apporter mon aide, je le ferai.

Il était si mignon à se tenir la compresse contre son front, attendant qu’on lui ordonne de faire demi-tour. Il avait tout simplement besoin d’un Capitaine…

Renji se débattait. C’était même peu de le dire. Il gesticulait, secouait tout le monde à leur risques et périls, tout en sachant qu’il allait devoir croupir en cellule durant quelques jours, si ce n’est une semaine. Pour avoir seulement eu un comportement des moins dignes envers Byakuya qui - il en était sûr- mourrait d’envie de sensations fortes ? Du moins, ce n‘était que son point de vue. S’il pouvait l’avoir en le terrassant sentimentalement parlant, il arriverait à le battre. C’était son rêve, la voie à suivre…
Mais sur le coup, tout en lui grondait une sourde envie.. Celle de le rejoindre. En outre, il savait maintenant Hisagi avec lui pour la soirée, et Renji étant à moitié ivre, interprétant la suite d’un mauvais œil. La jalousie prit le contrôle de son esprit, de son cœur même et ne souhaitant pas demeurer ici, tout en sachant que les deux beaux bruns étaient ensemble, il s’enflamma et releva violemment des bras pour se défaire de leur emprise à chacun, leur assimilant une droite digne d’un Grimmjow. Un autre pour sa dernière victime, et un amas de cadavre à terre ne put que le rendre fou de joie. Il allait pouvoir le revoir, et lui dire ce qu’il avait sur le cœur. Et cette fois-ci.. Hisagi ne serait pas derrière pour le brider dans son action.

Hisagi Fukutaisho plantait un regard foutrement neutre dans celui de Kuchiki Byakuya qui le remit à sa place en un clin d’œil, ce qui fit baisser le chef du Lieutenant. Alors qu’il avait voulu proposer son aide, tout en sachant que ses hommes avaient besoin de lui, l’incongrue idée d’avoir souhaité lui tenir compagnie avait foncièrement déplut au Capitaine, qui après ça lâcha une réplique mordante et le fit presque frissonner. Certes, il n’avait pas besoin de cela pour le remercier d’une compresse, mais Hisagi souffrait réellement de l’absence de son Taisho. Il aurait aimé passer au moins une petite semaine sous la coupe d’un homme sûr de lui, froid et distant, mais puissant et juste. Rien n’y faisait toutefois, contraint à rebrousser chemin au final.

Alors il le vit se mettre en face de lui, prenant une allure presque lourde de conséquence, comme si le Vice capitaine de la neuvième devait éviter la moindre erreur, sans quoi il se verrait puni. Combien de temps n’avait-il pas ressenti cela.. ? Il était déboussolé et n’avait encore jamais fait montre d’une telle attitude qu’il en avait presque honte. Kuchiki était digne, pas lui. D’un signe de tête, il avait donc opté pour un peu de sagesse, et le quitterait sans causer de grabuge. Toutefois.. La suite des évènements fut on ne peut plus gênante. Sinon catastrophique. Que se passait-il ? Renji.. Ici ? N’avait-il pas été conduit droit en direction de sa cellule…il imagina le pire et se demanda si le Capitaine suivrait le même cours de ses pensées. Le regard du mystérieux brun était plus qu’écarquillé. Il se sentait comme pris sur le fait.

Renji.. s’était très vite retrouvé devant la porte de la chambre de Kuchiki Byakuya. Il hésitait encore à entrer, se demandant comment agir, surtout que ses idées se heurtèrent, se mélangèrent sous l’effet de l’alcool. Mais lorsqu’il entendit la voix d’Hisagi résonner dans la chambre, son sang ne fit qu’un tour et il vit rouge. Comment ça il était avec lui ? Renji faisait le sale boulot et le Mister 69 se payait la part du gâteau ? Il devenait fou ! Les portes allèrent jusqu’à exploser contre leur battant et il demeura, là, les surprenant tous les deux à ..précisément… ne rien faire. Ils avaient dû l’entendre avant qu’il ne daigne enfin ouvrir, il ne vit que cette explication possible. C’est alors qu’il pointa du doigt Hisagi et râla fortement, sans chercher à savoir s’il allait réveiller les voisins :

- Comment OSES-tu toucher à mon supérieur toi, sale goujat, malfrat !

Le concerné cligna des yeux, interdit et muet, se demandant s’il devait prendre la fuite. Mais comme désintéressé par un véhément échange avec son ami qui avait abusé sur la bibine, il usa d’un shunpo pour quitter la pièce et lui passa devant.. le narguant ainsi, car Renji ne pouvait en faire de même dans l’état pitoyable où il se trouvait. Ce dernier dirigea son regard enflammé sur la silhouette athlétique du Vice Capitaine de la neuvième, puis se plut à rentrer finalement dans la chambre de son Capitaine, avant de le prendre par le col ! Il n’avait pas peur alors que Kuchiki Byakuya le menaçait de le tuer. Heureusement qu’il n’avait pas toute sa tête, ou bien il se morfondrait toute sa vie :

- Taisho ! Vous ne pouvez plus m’ignorer ! Laissez moi être avec vous. .. Je vais vous chercher à boire !

Puis, il pivota des talons, et quitta la pièce comme s’il était naturel de boire avec son supérieur

Il déambulait dans les couloirs, perdant le contrôle de ses pas de temps à autres au vue de son état physique. Combien de coup s’était-ils reçu ce soir pour avoir souhaité s’occuper de l’un de ses amis. Trois, voire quatre, sans compter l’humiliation dont avait fait part cet ami devant le Capitaine de la sixième division. Hisagi Fukutaisho avait quitté la pièce aussi dignement qu’il l’avait pu, souriant à Renji comme pour lui promettre des représailles concernant son attitude exécrable. Seulement maintenant, l’idée de mettre en pratique sa petite vengeance ne l’effleurait plus. Condamner ce Lieutenant alors qu’il était probablement en manque de tendresse, ce qui l’avait poussé par la suite à boire plus que de raison, serait de l’injustice. Il espérait alors que Kuchiki Byakuya serait on ne peut plus clément. Néanmoins, Hisagi avait réussi à entrevoir son immense fatigue, ce qui laissait à penser que son ami était véritablement dans de sales draps.

Culpabilisait-il pour avoir toléré ce manque de modération dans ses doses ? Évidemment, c’était la faute du Vice Capitaine de la neuvième division, et non celle de la sixième division. Dorénavant tracassé par ce petit incident, il dût admettre que sa curiosité était bel et bien plus aiguë que son sens du devoir, celui de regagner ses quartiers sans ne dire mot quant à cette histoire. Et pourtant, il s’avère que le balafré blâmait particulièrement sa trop grande discrétion, ses réserves à ne jamais chercher plus loin que ce qu’on lui ordonnait de voir. Il était un soldat bien trop parfait à son goût, ce qui le poussa à rebrousser chemin, sans toutefois s’engager à reprendre le même chemin…

Un brin surpris .. ? Renji était scié, sidéré, et les yeux ronds comme des billes, pris sur le fait et doublement surpris par le geste qu’avait eu son capitaine à son encontre. Sa vie n’était pas en danger, le tuer pour si peu aurait été de la pure folie. Mais son sort avait déjà été tracé depuis que son regard s’était posé sur la bouteille qu’il avait soigneusement piqué dans les bureaux de Rangiku-san. Rien et encore moins son comportement n’avaient fait choir la décence dont faisait preuve chaque jour son taisho. Avait-il idée de son indifférence blessante, glaciale, rabaissant sans mal sa propre confiance et fierté ? Le moment n’était malheureusement pas venu de tancer Kuchiki qui s’était donné du mal à garder son calme. La tête d’une bouteille brisée tenue moins fièrement qu’auparavant dans sa dextre, Renji émit que de bien brefs gémissements, sachant pertinemment ce que la suite lui réserverait, malheureusement… Il se fit ensuite juger, à tort et à travers pour lui, ce qui n’expliquait pas malencontreusement sa conduite déraisonnée.

- Taisho !! Rugissait un lieutenant furieux, en colère, malmené par les effets de l’alcool. On réussit toutefois à l’éloigner de son altesse, attendant que les portes enfin, daignent se fermer. L’on pouvait l’entendre se débattre à loisir dans les couloirs, gesticulant de toute part et proférant une panoplie de jurons bien sentis envers ses collègues, ses subordonnées qui malgré les circonstances, donnaient le bon exemple à coté de lui

Des yeux aussi ténébreux que les abysses avaient soigneusement suivi cette malheureuse scène. Le vis-à-vis du Capitaine allait croupir dans sa cellule plus longtemps que prévu, et malgré tout, le doux brun au visage fermé se sentait responsable de sa chute, qui plus est maudit par le surnommé Ananas rouge. Une soirée comme on en connaît peu. Une soirée détruite, où le moindre détail préjudiciable fait basculer la réputation ou la vie de celui qui l’a causé. Hisagi forma lentement un poing, les regrets semblaient s’enfouir dans son esprit torturé. Les paupières closes, il réfléchissait à un moyen de calmer la tempête. Mais n’était-elle point passée finalement ? C’est-ce qu’il se laissa dire lorsqu’il vit sa cible arpenter noblement sa chambre pour effleurer du doigt la quiétude qu’offrait une nuit hivernale. Ses prunelles d’un noir de jais descendirent lentement vers le bas de son visage, puis bien plus bas, embrassant visuellement l’homme au devant d’un acabit raffiné. N’était-il qu’un manant à coté de lui ? Il ne souffrait pourtant pas d’un quelconque complexe d’infériorité, et ne souhaitait en aucun cas qu’on lui flatte l’égo. Mais la question se devait d’être posée en pareille circonstance. Son corps aussi simple que celui d’un félin se mut, faisant choir l’être sombre qu’il était, voilé par l’ombre, éclairé dans le dos pour accentuer davantage sa silhouette brumeuse. Hé bien, comment allait réagir un homme au bord de l’épuisement, lorsqu’il vit tomber des nues un lieutenant qu’il avait souhaité congédier afin de se reposer par la suite. Cependant, Hisagi vit en Byakuya le même dessein, les mêmes chimères… Sa voix douce et grave s’éleva dans un trouble murmure :

- Rien ne peut être fait dans la solitude. Quel est votre souhait en ce soir.. Dormir paisiblement et seul. Ou en compagnie de quelqu’un. La chaleur humaine vous manquait-elle à ce point pour que vous daigniez rejeter vos draps ?

Effectivement. Kuchiki ne l’avait en aucun cas rappelé, mais il avait devant lui un fukutaisho dont le motif lui était parfaitement inconnu. La suite, surtout avec un Capitaine de cette trempe, était facile à imaginer. Et dans l’évidence même, l’opportun qu’il était troublait son champs de sérénité. Pourtant Hisagi ne s’offusqua nullement de ces douces représailles, il pouvait bien le combattre que ça ne changerait rien à l’histoire. Lorsque le Fukutaisho voulait quelque chose, il était naturel qu’il l’obtienne s’il y mettait tout son cœur. Si échec il y avait, alors plus jamais il n’oserait fouler le Seireitei de ses pas impurs, car de piètre valeur, n’étant estimé que pareil à un impudent. Il était bel et bien hardi et audacieux cette nuit-là, mais allait savoir pourquoi. La solitude avait-elle ce pouvoir de pousser l’effronterie dans l’idée d’obtenir ce que l’on désire ? Un toupet monstre ? Que nenni… Le jeune homme réservé n’était en rien honteux de ses envies. Dans ce monde où le devoir est roi, la loi est reine, les sentiments se devaient-ils d’exister ? Voilà une question que se ressassait bien souvent l’être tourmenté. C’était sous sa remarque hautaine qu’Hisagi demeura imperturbable, droit et stoïque comme on le voyait fort souvent dans les réunions. Ils en existaient des peu - de réunion - entre Capitaines et Vice Capitaines, alors peut-être était-il logique que le Taisho s’étonne du Lieutenant de la Neuvième division et de son attitude d’une neutralité déconcertante.

Ne pouvait-il pas se permettre dans la limite du possible d’espérer toucher du doigt l’homme le plus fier du Gotei 13 ? Un défi que bon nombre de personnes a dû tenter de relever, en vain. Mais séance tenante, il ne s’agissait pas tout à fait de défier ou de se mettre à dos l’homme qui imposait le respect. En vérité, la peur de devenir Taisho le terrifiait. Combien donnerait-il pour être sous les ordres d’un autre, d‘un supérieur. Hisagi Shuuhei manquait cruellement de confiance en lui dans le domaine des devoirs, des pouvoirs. En revanche, Dieu n’avait pas omis de lui offrir quelques dons dont il ne se servait que quelques fois.

Il lui était inutile de passer outre sa vision, ne cherchant à détailler cette chambre comme il l’eut fait il y a de cela une bonne vingtaine de minutes ; C'était lui qu'il voulait. Ancré au sol, en proie à l’inertie, le regard rivé sur cette silhouette devenue moins revêche, moins impénétrable, moins aiguë, les deux shinigamis s’adonnèrent inconsciemment aux limbes du passé et de la réflexion. Byakuya semblait bien plus gracile et fragile sous cette apparence, en avait-il au moins conscience ? Qu’il ne daigne le comprendre, c’était une chose, mais la cruelle vérité demeurait dans le fait qu’Hisagi le considérait comme son égal. En ce moment précis. Et si le tatoué faisait preuve de sincérité, qui sait comment allait réagir le Roku Ban Tai Taisho. Pas un mot ni un froncement de sourcil, ni même un rictus ne vinrent dévoiler les obscurs desseins de son vis-à-vis, ni ce qu’il s’apprêtait à répondre face aux réprimandes de son interlocuteur. Une attente insurmontable ne lui serait aucunement préjudiciable. La beauté loin d’être éphémère du Capitaine Kuchiki ne lui échappait guère, et immanquablement, il n’en fut nullement indifférent, cela aurait revenu à faire preuve de mauvaise foi. Toujours est-il que ce n’était point d’une muse dont avait besoin Hisagi, s’il souhaitait se pâmer devant telle merveille, alors la Nature était à elle-même un tableau des plus étonnant et transcendant. En revanche, ce qui dénotait de l’habituel fut sans nul doute ce rapprochement entre eux. Seulement un piètre mètre les séparait, et ils se jaugeaient sans que l’un ne comprenne les intentions de l’autre. L’atmosphère aurait pu être électrisante si la douce brise ne les enveloppait pas, lui en l’occurrence, qui accepta avec ravissement cette infime caresse. Quand sous la semonce il aurait pu sourire afin de le provoquer, il se noyait dans les prunelles sauvages et ombrageuses de l’Empereur Blanc.

- Serait-ce de l’égoïsme que de vouloir la paix, en choisissant de congédier si simplement les êtres qui vous aiment ? Me mettre en cellule est une solution bien trop facile ..... vous ne trouvez pas ..?

La distance les éloignant de peu fut encore écourtée, grâce aux pas feutrés et félins du Vice Capitaine qui s’approchait dangereusement de son excellence. Ce fut à ce seul moment qu’un sourire passa le mur de ses lèvres, rehaussant les commissures de sa bouche dans un sourire qui défiait qui voulait bien le comprendre. Et posant sa main derrière la nuque de ce dernier, il lui vola un baiser. Purement et simplement. Ce fut pour lui-même une stupéfaction, bien plus qu’une mauvaise surprise. Il était bel et bien inapte à donner un sens à son geste, mais l’attirance avait été présente. Alors que dans différentes circonstances, il aurait écarquillé les yeux, il préféra baisser le visage pour se voiler la face. Puis il se recula, indigné par son acte, ce désir rayonnant dans une âme en constant chamboulement, aussi sombre que Kazeshini.
Il avait simplement voulu sa compagnie, sentir son autorité, mais son diable de corps en avait décidé autrement.

- Avais-je à ce point besoin de chaleur …Comme vous... Ne le niez pas, s'il vous plait.

Une fraîcheur insidieuse vint s’insinuer sous le repli de ses vêtements, épousant son épiderme sensible. Néanmoins, il y eut dualité entre cette fine morsure du temps et la chaleur naissante engendrée par son geste en lequel il ne croyait toujours pas. Les questions l’assaillaient, l’ayant fait reculer, se révulser même alors que le plaisir demeurait omniprésent, même après s’être séparé de deux mètres de lui. Il ne s’étonnait ni du dédain formel de l’Empereur Blanc, ni de sa posture stoïque exprimant fièrement ce qu’il était, sans ne jamais reculer devant pareil geste. Mais il n’avait point leurré son interlocuteur. Son indignation s‘était mêlée à la stupeur.

Que Kuchiki Byakuya lui demande de quitter sciemment ce paisible endroit en était une, que le Fukutaisho n’y réponde pas en était une autre. Il ne l’entendait pas de cette oreille, rejetant ostensiblement tout regret. Cette étreinte muée par les instincts d’Hisagi, cette chaleur incontrôlable et Ô combien galvanisante ne pouvait nullement rendre indifférent le Capitaine, son regard avait trahi ses sentiments, mais qui plus est, il le savait bien trop seul pour devoir fermer les yeux sur les émotions que le tatoué avait souhaité faire naître en son sein. Dans ses nobles entrailles. Les fumées nuageuses ne s’estompaient guère dans la voûte céleste, au contraire, elles masquèrent le rond de lumière, camouflant de son voile sépulcral les deux vis-à-vis, torturés par leur commun échange. Si la vie avait été plus simple, le jeune brun aurait réitéré son geste sans ressentir la moindre honte, sans l’once d’un regret. Que penserait le Capitaine d’un Lieutenant qui prônant originellement la Justice flirtait avec l’orgueil, sans se rendre compte qu’au final ce dernier jouait avec le feu ? La frange de cils voilait instamment son regard où une lueur des plus indescriptibles demeura .. Pour quelques secondes. La quiétude s’était éprise une nouvelle fois de son corps engourdi, et à la fois mu par l’irrémédiable envie d’emporter ce corps d’apparence froide afin d’en extraire cette fierté ridicule. Mais quel intérêt soudain pour un homme qui exécrait la familiarité, qui ne daignait guère s’intéresser aux sorts d’autrui, sinon à sa famille, ses quelques proches..

La peine qu’avait pu lire Hisagi dans les prunelles de Renji, ce dévouement maladroite dont il faisait preuve quand bien même inapte à traiter finalement des dossiers, avaient fait chanceler la curiosité devenue aiguisée du Lieutenant, singulièrement attaché à ses entreprises spontanées. Il ne croyait pas à un Byakuya insensible, ni à un corps droit comme un poteau. Il le sentait joncé, ardent et rongé de l’intérieur. Un cœur que cet homme brumeux souhaitait sans nul doute dissimuler de tous afin de ne pas souffrir, comme la plupart des gens mâtures et expérimentés.

- Pourquoi devrai-je vous quitter. … Touchez moi, et vous comprendrez votre frustration.

Alors, Hisagi Fukutaisho voulait réussir là où Abarai Renji avait échoué. Mais ce ne serait que le motif officiel de l’histoire. Ce rapprochement, l’intimité dans la chambre, le contrôle d’un Capitaine sur sa modeste personne, cet ensemble d’évènements attisant de curieux sentiments avaient au fond altéré son état ainsi que ses principes. Mais une peur indicible et ineffable venait tout naturellement s’écouler dans ses veines. Il transpirait le manque total de confiance.. Ce qui allait le pousser à attaquer Byakuya plutôt que de rebrousser chemin sans chercher les ambages. Et il avait dans l’idée de pousser le Noble dans ses retranchements avec un zeste de tact. L’optique était telle que faire allusion à Hisana, de peur de se fourvoyer sur l’ensemble des rumeurs du Gotei 13, fut rapidement mise de côté. Son visage se redressa devant un plus grave faciès, sans compter que son charisme ne manquait pas d’intimider, mais le Vice Capitaine tomba accidentellement sur une lueur de tristesse, de mélancolie où la nostalgie semblait s’éprendre de ses expressions. Son cœur se serra, et ce dernier allait proférer quelque parole troublante quand sa question le figea sur place. Pardon ?

- Il semblerait que mes lèvres aient ce naturel goût d'alcool car je n’ai bu une seul goute, Kuchiki Taisho.

Un sourire cynique raviva son visage qui s’était auparavant enterré dans le mutisme, à force de réflexions mais sa réponse à sa question si méprisée avait agrémenté son sérieux état.

- Sauf erreur, vous souhaiteriez vous en assurer ?

Aucune taquinerie, aucune espièglerie ne fut exprimée dans un timbre loin d’être doucereux. Hisagi était un homme, pas une demoiselle qui affriolait. Mais la fatigue arpentant les traits fins de son intérêt lui fit froncer les sourcils, mécontent de le savoir dans un état tel qu’il devrait le laisser tranquille, dans la mesure du raisonnable. Hors, le Fukutaisho était dans l’incapacité de le quitter sans profiter… de sa chaleur.

- Vous devriez vous laisser faire.

Évidemment, c’était l’impétueux jeune homme sa frustration. Sa silhouette, son corps, il le frustrait, mais était-ce vraiment son obstination à demeurer en ces lieux sans tourner les talons qui l‘exaspérait ? Ne serait-ce pas plutôt cette alléchante invitation qui le rendit finalement sur la défensive… ? Il semblerait que cela ne soit nullement l’un, nullement l’autre. La raison pour laquelle Kuchiki byakuya semblait si éteint et sobre dans son parler, moins suffisant et acéré, ne résidait que dans cet état de fatigue dans lequel il se noyait tout naturellement. La lune, positionnée bien basse et recouverte maintenant d’une poudre nuageuse, éclaira de nouveau le dos bien bâti du Fukutaisho, accentuant dangereusement le devant de sa silhouette. La faible bougie d’antan s’étouffa on ne sait par quel sortilège, si ce n’est par le vent doucereux et à la fois capricieux qui dans son étreinte ne l’avait point épargnée. Mais cette once de lumière définitivement disparue donnait un grain spécial au tableau que formait le paysage, avec planté en premier décor les deux protagonistes, toujours maître de leur corps, de leur calme. Le Noble et le Manant.

Il analysa dans l’ombre les rares mimiques du Capitaine qui semblait se parer d’un voile de stoïcisme inviolable, impénétrable, mais sans contenir quelques failles lorsqu’Hisagi prenait la parole ou lorsque son interlocuteur daignait lui répondre avec sa froideur coutumière. L’intérieur de sa chambre manquait de charme, de sensualité. C’était une pièce austère et efficace, classique s’il en est. En revanche lorsque l’Empereur blanc s’y trouvait, il englobait de par son charisme l’ensemble du lieu ; ce faisant, plus rien ne comptait pour le Lieutenant si ce n’est la vision que son vis-à-vis lui renvoyait, se délectant ainsi de sa noble et rare apparence. Hisagi Shuuhei avait sa place dans la neuvième division, et rendait visite que par devoir aux personnes de la Sixième, en l’occurrence Abarai Renji, sauf exception de ce soir où ce même Lieutenant avait souhaité la présence de son ami le tatoué 69 pour trinquer à la santé de leur unique soirée. Malheureusement leur sujet de conversation avait glissé vers un tout autre, gênant le beau garçon silencieux et réservé, aussi impassible qu’un garde.

D’un signe très léger de la tête, d’un dixième de degré vers la droite, son regard glissa vers cette main qui se tenait sur le dossier, et automatiquement, Shuuhei fronça les sourcils face à un tel geste. Le Capitaine n’était pas fatigué, il était lessivé et presque souffrant, c’était à se demander s’il n’était point malade. Il rompit le silence de sa voix grave et monotone, sans jeter l’ombre d’une expression sur Hisagi qui nonobstant les apparences percevait son état de fatigue. Il parlait en outre d’une attitude inqualifiable que lui-même se blâmait, mais que pouvait-on face à la déraison, face à l’inconnu … ? La curiosité… l’attraction… la Corruption. A l’inverse de la noblesse certes, le Kyu ban tai fukutaisho ne savait où mettre le pied car inhabituel d’avoir à arborer un tel comportement, contre plus fort qui plus est, cependant, pourquoi ne sauterait-il pas sur cette occasion..? Parce que cela aboutirait sur une morte certaine … ? Une stigmate de plus à son honneur .. À celui de Byakuya..? Pourtant, il ferait tout pour que leur histoire, qu’il souhaitait ardemment voir naître, ne quitte ces quatre murs. Comment d’ailleurs se pouvait-il que cela s’ébruite avec pareil Lieutenant, pareil Capitaine… Ils n’étaient pas si différent l’un de l’autre, excepté cette position sociale.

Quand soudain ce dernier s’agita, il se mit à exécuter ce qu’il désirait depuis l’interruption impromptue de son opportun et séduisant interlocuteur. Sans bouger, Hisagi modéra sa respiration, attisant sur lui le calme le plus olympien qui puisse exister avant de subir le courroux de cet homme si désiré. Qu’à cela ne tienne, il l’avait bel et bien cherché, lui-même ignorant de ce comportement qui n’était pas sien. Mais contre toute attente, son supérieur bascula, le geste ayant peut-être absorbé le reste du peu de son énergie, le faisant choir sur un Vice Capitaine indubitablement et irrémédiablement conquis par la noble beauté de l’homme. Habituellement, le Vice Capitaine gardait secret ses sentiments, ses émotions .. Il se l'imposait depuis sa rencontre avec Kensei, afin de se concentrer pleinement sur ses projets, ses devoirs, devenant par la suite le soldat discipliné par excellence. De voir Byakuya achevé ainsi le répugnait, et se savait malheureusement fautif de son état. Ainsi, des barrières se brisèrent en lui, les remords s'amplifièrent sans toutefois l’empêcher de continuer. Il rattrapa sans difficulté ce corps indolent et meurtri par l’accablement, tandis qu’il usa d’un shunpo pour les mener tous deux jusqu’au chevet de Monseigneur. S’il traînait cet être, qui sait comment le prendrait-il.

- Pardonnez moi, Byakuya…laissa-t-il entendre dans le vide intersidéral de la pièce, alors qu’il s’accroupit, un genoux à terre afin d’aider au mieux le Capitaine à prendre appui sur le lit. Son geste - celui de coucher un noble - pouvait avoir l’effet d’une claque comme il était le reflet d’un immense respect à ne point négliger. Et il demeura au-dessus de lui, plus inquiet et admiratif qu’indifférent et fidèle à lui-même. Il laissa de nouveau traîner sa voix chaude dans la profondeur des oreilles du Tais Ho :

- Vous ne ressemblez plus à un Capitaine tel quel… Vous m’apparaissez si différent sans vos kenseikaan. Je n’ai pas oublié à qui je parlai, Byakuya mais arrêtez de vous sentir piétiné. Tout ce que je veux…Son visage bascula vers le sien sans autre forme de procès où l’hésitation était finalement bannie…c’est ça…

Il s’empara avidement de ses lèvres, ne s’offusquant pas de savoir s’il les retiendrait close afin de rejeter ce baiser. Mais l’image d’un Hisagi entourant de ses bras le visage d’un Taisho de glace était des plus insolites. Tout ce qu'il voulait, c'était l'embrasser...Aussi longuement qu'il le pouvait.

Une pincée de réticence, une nuée d’émotions toutes aussi étranges les unes des autres, des lambeaux d’alcool pour couvrir le tout, et Hisagi profitait ouvertement de Kuchiki Byakuya qui, étrangement acceptait bel et bien le baiser de ce dernier. C’était fort apprécié de sa part, surtout que le Lieutenant en voulait de cette embrassade physique, complètement galvanisé par cet élan de volupté, de salive et de toucher pour le moment véniel, n’abordant pas encore le coté salace de la chose. En lui se contractait plusieurs muscles, organes, qu’en savait-il.. Une montée de forte adrénaline l’électrisa sous ce ballet de deux langues lascivement collées l’une à l’autre, se léchouillant sans gêne ni pudeur car elles engendraient un plaisir bien trop rarissime. Les Nobles, tout comme les gradés, ne s’adonnaient que rarement, sinon jamais aux plaisirs de la chair. Par pure étique, respect, propreté et noblesse de cœur, le sexe était on ne peut plus banni, inexistant. Ou bien fort secret. Ce qui contentait tout le monde en vérité.

La fraîcheur était tout aussi indésirable et impossible à s’insinuer sous le tissu de l’uniforme d’Hisagi, pratiquement sur des charbons ardents à force de titiller cette bouche qui devint rouge sous ses assauts, sous cette danse humide. Au moins, il savourait tout ce que lui offrait le Capitaine, flattant ses papilles gustatives alors qu’une irrépressible envie l’assaillit… Sa main flottant sur le corps de ce dernier, incapable de le toucher, mais effleurant à peine du bout des doigts la texture du haori, puis du hakama, devint au fur et à mesure avide de sens, affamée de saisissement. Il souhaitait caresser et frottait avec une langueur voluptueuse la fine bosse au niveau de son entrejambe, mais une touche de respect demeura encore dans l’esprit embrumé du Vice Capitaine. Serrant des mâchoires car contrarié par ses principes, il ramena sa dextre vers lui, et gémit, plaintif et désireux, sous leur pelle insatiable. Jusqu’au moment où..

Le terme d’Hisana lui revint en tête et le glaça jusqu’aux tréfonds de son bas ventre. Il avait senti ce dressement de sa jambe, comme enlisé dans un rêve, celui de confondre Hisagi par Hisana, faisant alors jaillir en ce dernier une rage folle, une sourde envie de l’étrangler. Mais d’un tout autre coté, il était parfaitement compréhensible que le Noble quémande encore l’appel de sa feue épouse, et le jeune homme en était pleinement conscient, si bien qu’il avait honte : il était humilié d’avoir été considéré tel un substitut. Qui plus est lorsque l’Empereur Blanc ouvrit enfin les yeux pour s’apercevoir qu’il se trompait de personne. Le visage doucement affligé du Lieutenant n’affichait dorénavant qu’un masque neutre, indifférent à ces prunelles où zébrait l’orage. Un de ces orages à fuir, très certainement. Cependant, il demeura imperturbable, blessé , quoique sous le choc de cet échange qu’ils avaient eu, tant c’était bon et nouveau.

Alors, aucun rictus, aucune ride, sinon aucune vie ne vint se dresser sur ce visage de marbre qui tolérait, le cœur en miette, un jugement des plus durs de la part du Capitaine, tout en supportant plus que difficilement l’écoulement de jours prochains sans cette enveloppe charnelle qu’il avait pour une fois, envie de peloter, de caresser, de frictionner et de palper, envie d’entendre sa voix chaude et impérieuse s’insinuer dans sa tête, envie de ressentir ce manteau de chaleur ineffable, envie de lui, tout simplement. Il le savait fatigué, Hisagi allait en profiter en silence, qu’il le veuille ou non. Comment pouvait-il laisser passer une telle occasion alors que demain tout serait fini. Dans son rapprochement, il plaqua fermement sa main sur la poitrine du Capitaine épuisé, en proie au futur sommeil qui quémandait son esprit non reposé.. Tandis que le Fukutaisho l’obligeait ainsi à se reposer, déclarant toutefois :

- Vous embrassez plutôt bien…Kuchiki Byakuya… dit-il en ponctuant bien sur son nom, comme pour lui rappeler qu’il n’était plus Taisho en ces heures, surtout sans kenseikaans.

Après quoi, il se redressa sous sa pique ajustée, placée au bon moment pour Hisagi comme au mauvais pour son vis-à-vis. Sera-t-il gêné.. ? Peu de chance pour qu’il le soit. Plutôt piqué dans sa fierté, une fois encore. Mais il gratifierait jamais assez cette perte d’énergie spirituelle de Monseigneur, désormais apte à ne point le finir en pâture pour les lions. D’un bref signe de tête, agrémenté de ceci :

- Je reviens, je vais vous chercher de l’eau.

.. Il se déplaça pour quitter cette pièce. En y réfléchissant bien, demain serait sans doute le jour de sa mort, c’était donc dans cette optique qu’il partit heureux, allant se rassurer en même temps de l’état de Renji qui croupissait maintenant dans sa cellule. Ensuite…. ensuite… il reviendrait lui apporter l’eau. Et seulement ça.

Devant la cellule, il put contempler à loisir le corps gisant de Renji sur un lit froid et dur. Quelle idée d’avoir accepté de lui tenir compagnie pendant un soir. Au lieu de bavarder tranquillement, bien que difficilement pour un Hisagi peu loquace, autour d’un bon verre de sake, leur soirée respective se finissait en un désastre, lequel s’était accentué pour le Fukutaisho de la Neuvième. Il ne se souvint pas avoir bu une seule goûte de Sake, et pourtant, c’était tout comme s’il en avait abusé au même titre qu’Abarai Renji. Cependant, Renji approchait impulsivement Kuchiki Byakuya quand Hisagi Shuuhei attendait le bon moment pour sauter sur sa proie tel un fauve. Mais, à l’origine, jamais ce dernier n’avait eu en tête de .. profiter du Roku ban tai Taisho ; c’était même inconcevable et ô combien ridicule. Pourtant, l’incongru avait été fait, les dés jetés, le tour joué. Malgré sa confusion, il se souviendrait à jamais de ce baiser interdit entre un Capitaine et un Vice-Capitaine n’appartenant même pas à la sixième division.

D’un profond soupir, son port altier laissait présager que rien de cette vision cafardeuse ne le touchait. Grossière erreur. Ce n’était certes pas sous l’effet de l’alcool qu’Hisagi avait agi en parfait libertin sans se souvenir qu’il était Fukutaisho. Qui plus est, il n’était certainement pas du genre à entretenir une relation sexuelle ou homosexuelle au sein du Gotei 13. L’audace dont avait fait preuve Renji lui avait fait pousser des ailes, c’était aussi simple que cela. Il y avait vu du génie, du courage dans son épreuve à aimer un Taisho, le plus impossible à toucher même. Néanmoins, le jeune homme fut bel et bien contraint d’être gêné au possible, ébranlé entièrement. Il venait de se bafouer à lui-même, outre avoir sali l’honneur d’un Capitaine plus que respectable. Une main vint empoigner doucement l’un des barreaux tandis qu’il posa son front entre deux barres d’un froid glacial, déposant son doux et triste regard sur la silhouette étalée sur le maigre lit. Il dormait à poings fermés. Demain, il était possible qu’il ne se souvienne plus de sa nuit, ainsi que de son toupet monstre. Refermant ses paupières, il quitta cette pièce, et se chargea de se chercher un verre d’eau, comme il l’avait proposé au Capitaine. Quelques longues et lassantes minutes plus tard, il revint se diriger vers la chambre de Kuchiki Byakuya, souhaitant intimement que ce dernier n’ait point appelé de gardes dans l’idée de lui barrer la route. Ce serait parfaitement justifié que de vouloir rejeter l’ingrat qu’il incarnait présentement. Cependant, autant se faire que peu, et agir en conséquence, outre le fait d’avoir abusé si .. curieusement d’un homme aussi beau que Byakuya. Mais comment ce dernier pouvait-il penser de la sorte.. C’était de la pure folie, il lui fallait arrêter.

La porte coulissa dans un son feutré, tandis qu’il referma derrière lui, s’assurant que personne n’environnât le Capitaine. D’un pas ferme, il s’avança du corps vraisemblablement inerte, et légèrement recroquevillé sur lui-même, puis suite à un accroupissement, il murmura :

- Kuchiki Byakuya.. ?

.. Mais pas un mot, ni un souffle.. si ce n’est celui de cet homme, régulier et contre toute atteinte serein. La fatigue avait finalement pris le dessus sur cette âme austère et mystérieuse, tandis qu’il déposa doucement le verre avant d’approcher dangereusement son visage de celui, placide, du Taisho..Sans comprendre ce qui le poussa à souffler ses mots sur son visage, il le provoqua de ses mots qui n’atteindraient que demain le fier Kuchiki, sinon jamais :

- Je vous aurai, Noble Capitaine.

A prendre comme un pari .. ? Étrange jeu que voici, mais néanmoins galvanisant et loin d’être anodin. Pour l’heure, il s’allongea tout à coté de ce corps devenu curieusement désirable, frustrant profondément Hisagi qui ne comprenait absolument pas cette attirance. Il en était même devenu turlupiné, tourmenté, ennuyé et bientôt il ferait de Byakuya son obsession. Un souvenir, des mots rejaillirent en son esprit : puissante solitude qui étreint, manque affectif qui survient. Une honte plus que gênante le submergea, mais inapte à quitter ce corps qui le réchauffait car il se trouvait maintenant situé dans ses bras, s’y nichant tel un enfant, le cœur torturé par cette attirance répugnante. Il ne supportait pas d’être séduit par un homme, cela allait au-delà de l’idée qu’il se faisait des relations entre shinigamis.
Sauf qu’actuellement, il se repaissait de sa chaleur corporelle, paradoxalement humilié par sa propre envie. Il était comme piégé dans ce sentiment de peur d’être rejeté. Jamais encore il n’avait connu de fort abandon dans sa vie exceptée celle de Tousen, c’est pourquoi dans le cas présent, il n’accepterait pas un second rejet. Puis la provocation en valait la chandelle. Se cachaient aussi des sentiments inconnus dans le cœur noirci d’Hisagi qui, à l’origine, n’aurait pas rebroussé chemin pour venir embrasser un Taisho. Désormais lové dans des bras qu’il croyait protecteurs, sa main vint flatter naturellement le poitrail du Noble, tandis que son autre main descendit, exploratrice intrépide, pour découvrir les courbes.. Des courbes masculines mais qui semblaient lui faire de l’effet. Rougissant, il stoppa net son geste et demeura pétrifié par ses propres gestes. Préférant oublier, et incapable de bouger, de peur de le réveiller. Enfin, ce dernier s’endormit avec lui…

Pourtant, il ferma l’œil pour seulement deux heures, suite à quoi, il retrouva le visage toujours aussi fermé et ascétique de Byakuya. Frustré comme jamais d’avoir commis l’irréparable, qui plus est certain de ne jamais pouvoir retrouver cette chaleur, il quitta le cœur lourd ce corps si éteint, et.. S’empara par pur défi du Kenseikaan sur la table de chevet. Sa journée allait s’annoncer fort pénible. A savoir déjà que deux heures ne lui suffiraient pas pour tenir. Mais il se ferait violence et oublierait - difficilement - le souvenir de cette étreinte, de ces baisers volés.. De lui.

Indestructible Hisagi qui dans ses tâches interminables, vaquait à ses occupations sans broncher ni faire part de la moindre plainte. Pourtant, ce n’était pas chose aisée que de veiller à ce que chacun de ses hommes fassent le boulot tels de parfaits soldats. La sécurité intérieure n’épargnait guère son temps, et manque de chance, il n’y avait rien à sécuriser si ce n’est des lieux vides de danger. Le Fukutaisho lui-même en était soulagé, mais pas ses subordonnés, s’impliquant à fond pour garder sans bouger d’un pouce.. le désert. Ce n’était pas facile tous les jours, et le moindre mouvement suffisait à les émoustiller plus qu’autre chose. Quant à leur supérieur, qui devait outre son travail, occuper des tâches qui incombait à un Capitaine, il ne chômait jamais et n’avait par ailleurs cure du reste. Cependant, sa matinée s’était vu ébranlée chaque minute par des images, de frais souvenirs, des sensations et des regards. Kuchiki Byakuya ne l’exceptait pas, c’en était plus que difficile à supporter. Il avait eu la présence d’esprit de conserver le Kenseikaan en lieu sûr et s’en servait comme moyen d’échange contre sa survie. Braver un fier Taisho de souche noble s’avérait être plus dangereux que combattre cent hommes aux yeux du brun ténébreux. Mais pour l’heure, il retrouva ses locaux pour une courte durée, jetant un seul regard sur des rapports qu’il devait transmettre à la huitième et première division.

Il quitta bien vite son bureau, délaissant impitoyablement le petit tsunami de dossiers à traiter pour superviser la journée. Certains devaient se rendre au Rukongai, et beaucoup se bousculer pour s’adonner à la tâche qui leur semblait la plus passionnante de la journée. En revanche, quelques hommes aimaient flemmarder pour entretenir un sujet de conversation digne d’ivrognes, ce que contestait véhément leur Vice Capitaine. Il ne se privait jamais de le leur faire comprendre sans hausser le ton : il était on ne peut plus respecté. On louangeait Hisagi Fukutaisho pour sa force intérieure et sa contagieuse quiétude, il en devenait presque un symbole à envier. S’ils savaient pourtant que celui-ci souffrait d’un manque affectif énorme. Il ne vivait que pour servir sa division, et en oubliait le reste. La raison pour laquelle il s’était comporté tel un fauve affamé hier s’appuyait, nonobstant les circonstances, sur ce manque qui s’avérait être pénible pour le jeune homme. Et durant sa courte matinée, il se ressassait la scène d’hier. Sans avoir subi un quelconque courroux sans doute essoufflé par une fatigue harassante, le Kuchiki Taisho n’avait pas eu la force de le repousser suffisamment pour calmer ce trouble émotionnel dans faisait anormalement part le supérieur de la neuvième division. Toutefois, il se sentait bel et bien apaisé, consolé et satisfait.. Effectivement, les bras protecteurs, souverains et réconfortants de Byakuya l’avait bouleversé jusqu’à son âme. Pourquoi les shinigamis ne s’octroyaient pas le droit, le pouvoir, la possibilité de chérir un être de choix ? Hisagi serait éternellement soldat sans ayant au préalable connu ne serait-ce qu’un quart des joies de l’amour. Seul l’amitié qu’il conservait avec Kira, Matsumoto, Renji, Iba et le Taisho Komamura lui permirent de réchauffer son cœur, d’éloigner l’envie de se corrompre ou de choir face aux exigences du Gotei 13.

Une heure encore, et c’est tout une armée prête à répondre au moindre danger qu’il avait formé, comme tous les jours. Il était maintenant heure à retrouver la chaleur et intimité de quatre murs pour offrir le reste de son temps à œuvrer pour sa Division. Pâle journée lorsqu’un soir paraissait être l’un des plus intrigants de sa vie. Une obsession allait bientôt étreindre son cœur bétonné. Quelques pas encore finalement pour raccourcir le chemin menant jusqu’à son bureau et il s’immobilisa. Voilà bien un reiatsu que ce dernier n’avait pas ressenti depuis.. seulement quelques heures. L’Aura d’une personne qu’il pouvait reconnaître entre mille. Kuchiki Byakuya…était dans son bureau et ce n’était pas sans le perturber…ou l‘amuser. Car au fond, il serait bien incapable de le réduire en bouillie sans retrouver son précieux Kenseikaan. La torture pouvait avoir son content dans l‘histoire, mais il semblerait que ce genre de pratique passent au dessus du Capitaine. Alors, que lui réservait-il.. ? Sans plus attendre, il prit les devants et fit doucement coulisser les portes avant de pénétrer la pièce, pour y trouver ce qui se trônait au beau milieu de la pièce : La silhouette ombrageuse et altière d’un bel homme. Ténébreux s’il en est, lui ne se départit guère de son assurance, et le salua brièvement avec respect avant de prendre place devant son bureau. Il se souvenait à merveille de sa soirée avec lui, et attendait l’ire de ce compagnon d’une nuit tout en prenant place avec une insolente désinvolture. Son allure n’était pas négligée, mais il desserra ses ceintures pour écarter les pans de son shihakusho,le tout devant ce maître marbré. D’une voix qu’il voulait pleine de sûreté, agrémenté par une pointe d’une douce espièglerie, il annonça :

- Vous aurai-je manqué pour que vous daigniez venir dans mon Bureau, Kuchiki Byakuya ?

Sans kenseikaan, il n’était à ses yeux… que Kuchiki Byakuya, puisqu’il semblerait que cet instrument serve à définir le statut de cet homme bafoué par un impétueux manant. Et il posa un regard indifférent sur ce qu’il devait tamponner et signer pour le transmettre à ses supérieurs.

Il avait commencé dans une gestuelle précise et dynamique à trier les papiers tandis qu'il évitait du mieux qu'il pouvait le regard nuageux de son "caprice d'un soir". Celui-ci d'ailleurs semblait bel et bien dédaigneux, renfrogné, rancunier et le lui faisait facilement comprendre. Il commença à tamponner, geste machinal et pourvu d'adresse, quand bien même l'anxieté prenait part dans ses entrailles, le déstabilisant quelque peu. La réaction du Capitaine allait être tel un chatiment tombé du ciel, comme il se l'était prédit la veille au soir. Il recoltait ce qu'il avait semé, mais n'avait jamais pensé à mal. Pourtant, il s'avère que certaines personnes semblaient intouchables. Une violation des droits qu'Hisagi avait lui-même cherché à engendrer..et enfreindre.

Alors qu'il était concentré à travailler pour éviter de bafouer l'honneur de Byakuya - à croire qu'il lui happait son sang froid, ce qui le rendait si...libre de paroles -, le noble se rapprocha dangereusement de lui, coupant presque l'air au Fukutaisho qui ralentissait ses mouvements. Le couperet tomba lorsqu'il ouvrit les lèvres pour laisser filer quelques morts bien sentis aux allures de semonce, refroidisant un tant soit peu l'énergie spirituelle du Fukutaisho, faussement serein assis sur sa chaise. Il enviait les bureaux des Capitaines qui n'avaient guère besoin de chaise, mais d'un simple coussin... et d'une table basse pour travailler plus en agrément. La fin de son admonestation lui fit clore les yeux, étouffant un soupir de trop tout en reposant sa plume. Hisagi Fukutaisho était irrespectueux envers Kuchiki Taisho sans vraiment savoir pourquoi.. Comment dire, Byakuya attisait le jeu sans vouloir. Mais, ceci n'expliquant pas cela, il dût reconnaitre qu'il manquait cruellement de politesse vis à vis du beau Noble, et se voyait d'ailleurs dans une meilleure situation qu'à laquelle il s'attendait. Ses prunelles à lueur brumeuse coulèrent sur cette silhouette rassurante et à la fois austère, pendant qu'il détailla impudemment son visage, dissimulé partiellement par de sombres mèches liberées de son étau.

- Toutes mes excuses, Kuchiki.... Taisho. Il va sans dire que ceci ne se répétera plus.. si vous ne m'en donnez plus l'occasion, bien-sûr.

Et là, il lui jeta un de ses regards des plus éloquents, qui parlaient d'eux-même. Mais que voulait-il dire pourtant.. Que c'était Kuchiki Byakuya le provocateur ? Ce dernier ne devait sûrement pas se rendre compte de son physique à tomber par terre, ni de cette attraction qui agissait sur quiconque osait s'intéresser à lui. Et, comme precisé bien plus tôt, Hisagi était attiré par l'idée d'avoir un nouveau Taisho. Mais ce caprice n'était qu'un rêve éphémère impossible à ne serait-ce toucher du bout des doigts pour s'en satisfaire. L'assaut de ce souvenir, où ils eurent echangé un si tendre baiser lui fit de nouveau fermer les yeux, l'ebranlant au plus haut point, tandis qu'il tenta de paraître imperturbable sous le courroux etouffé de cet homme.

Malgré tout, il rouvrit ses sombres mirettes... Et son attirance s'accentua à brûle-pourpoint, tortillant ses tripes sous le regard ombrageux.. et de feu du Taisho lorsqu'il avança son visage du sien, ses cheveux s'écoulant doucement de ses épaules pour venir pendre avec grâce dans le vide. Comment pouvait-il dans ces circonstances se concentrer sur ce qu'on appelle des menaces fielleuses alors que ses yeux demeurèrent rivés imperceptiblement sur des lèvres qui s'agitaient.. des lèvres qu'il avait goûté hier sous le coup de la curiosité.. de l'audace. Maintenant, il se sentait prisonnier de ses envies, et ne pouvait même plus en abuser sans quoi il allait se faire emprisonner pour de bon.. ou se faire virer.

- N'allez vous pas souiller un peu plus votre honneur...

...Ses yeux replongèrent dans ceux de son interlocuteur bien trop proche à son gout pour se tirer définitivement de la vision de cette bouche exquise...

...Si vous ébruitez le fait qu'un Fukutaisho vous a volé votre Kenseikaan, après avoir passé une nuit avec lui ?" lui disant par là qu'ils avaient dormi ensemble...

De toute évidence, Hisagi ne voyait qu'une solution pour s'en sortir sans trop de dégats : accéder au chantage. Puis, ce problème venait à ne plus en être un lorsqu'une idée risquée mais appuyée germa dans son esprit devenu en ces temps echauffé. Pour le moment, il ne dit rien afin d'observer à loisir le visage de cet être si admirablement charismatique, imposant, et diablement sensuel dans sa gestuelle qui finissaient par rendre le Fukutaisho dans un drôle d'état, à défaut de pouvoir quoi faire dans une telle situation. Lui-même regrettait amèrement d'avoir connu pareilles circonstance le soir d'avant, mais fut bel et bien contraint d'accepter un regard aussi mauvais juge que celui de Byakuya.

- Je crois qu'il serait dommage de m'attaquer ici pour .. un objet .. ? Ainsi que d'éventer notre histoire. Car hier, vous avez aimé m'embrasser. Et, j'ai aimé vous savez ...

Il riva son regard vers un ailleurs possible de masquer - mais en vain - son embarras quant à cette étreinte qui chaque minute le hantait. Il dût alors se redresser pour ne pas tenter le diable et l'embrasser de nouveau, ainsi que de faire preuve de violence pour avoir ce qu'il voulait. Maitriser un tel fauve ne lui était pas aisé, c'était peu de le dire.

- Je vais donc vous y conduire, Kuchiki Taisho.

Il se détacha de lui avec cette même désinvolture qu'il empruntait tout le temps, avant de diriger ses pas bien fermement vers la sortie de son bureau.

- Suivez-moi.. Nous passerons par les sous-sols.

Point de son monde... Un souvenir.. ? Effectivement, il n'entendait rien à ses paroles, à ses réponses froides et implacables destinées à faire chanceler le Vice Capitaine pourtant sûr et bienheureux de pouvoir taquiner un homme qui le rejetait. Il utilisa une démarche insolemment silencieuse et calme, presque lente même pour éviter de distancer d'un peu trop les deux haut gradés. Pas un mot ne fut proféré durant leur avancée. Les couloirs semblaient vides, ce qui leur permit de ne pas entâcher l'orgueil si flagrant de Kuchiki Byakuya, pour en venir par la suite à passer le seuil d'une porte. Le cheminement usité paraissait certes douteux, mais que pouvait-il arriver au Noble, maitre en Kido et Capitaine de surcroît. Aucune peur ne viendrait assombrir son visage si implacablement lisse, bien que négligé par ses mèches de cheveux à la couleur d'ébène. Finalement passé le devant d'une petite pièce, Hisagi ouvrit une autre brèche, laissant ménager devant eux un escalier qui renvoyait vers les sous-sols. L'endroit n'était en rien souillé, mais il savait très peu de shinigamis susceptibles de se retrouver en ces lieux. Hormis Hanataro qui devait nettoyer les lieux en ce moment.

Ils arpentèrent aussi silencieusement que respectueusement la forme rugueuse des étroites bordures. Jouer à un jeu dangereux rendait la situation galvanisante, plus pour lui que pour un Byakuya prêt à bondir sur Hisagi au moindre faux pas. Lorsque ce même Roku ban tai Taisho d'ailleurs avait subtilement rapproché son visage du sien dans l'idée de l'intimider, Hisagi avait bien failli s'emparer de ses lèvres, ce qui aurait eu pour effet d'aggraver certes la situation, mais de s'en amuser tout aussi. Quelques fois son profil apparaissait en tournant la tête dans l'idée de s'assurer de la bonne volonté du fier Taisho qui ne supportait pas vraisembablement qu'on lui tienne tête. Mais sa dignité, laquelle il empruntait avec superbe, écrasait toute idée le déshonorant. Il vit enfin des escaliers montants, et les gravit sans plus tarder...

Ils pénétrèrent une pièce toute petite et bien sombre dans laquelle on étouffait de chaud. Hisagi, tout sourire aux lèvres, prit bien soin de refermer derrière le grand Kuchiki qui avait quand même bien voulu rentrer dedans.. après tout, que pouvait-il lui arriver. Et quand bien même ?
Alors qu'il avait voulu ouvrir la lumière, celle-ci péta - du pur hasard évidemment. Ou pas. Mais dans l'immédiat, il sentit comme une vague de pression lui ébranler l'âme, et pivotant sur lui-même, il lâcha d'une voix qu'il souhaitait contrôlée :

- On va devoir chercher dans le noir finalement.

Un sourire s'effila sur son visage invisible et foncièrement obstrué par l'obscurité, et le laisser deviner semblait plus grisant pour Hisagi qui commença à faussement farfouiller dans le coin. En revanche, il ne fut pas rassuré quant au comportement du Capitaine. Il n'allait certainement pas se mettre à chercher. Il avait aussi fait exprès de fermer à clef sans que ce dernier ne se rende compte, et effectivement, il jouait un grand jeu dangereux. Mais leur baiser l'avait tout bonnement decidé à aller aussi loin, persuadé que Byakuya avait aimé l'embrasser. Qu'il s'agisse de sa feue compagne ou non, il lui avait offert quelque chose qu'il n'avait pas ressenti depuis bien trop longtemps. Etait-ce véritablement un pretexte pour avoir avec lui un supérieur et subir quelques ordres... ou bien une toute autre envie qui lui fourmillait le dos. Il n'entendait malheureusement aucun bruit, à prioris, et se redressa, ne cherchant pas du regard l'impossible, puisque noyé dans les ténèbres... Qui plus est, il faisait humide et chaud... Quelle idée finalement de l'avoir mené ici si ce n'est lui parler, s'excuser de la soirée d'hier, lui voler un dernier baiser ...et lui remettre le Kenseikaan qu'il savait en sureté. Mais peut-être pas forcément en ces lieux.

- Vous ne .. cherchez pas ?