[Une fois à Amsterdam, l'histoire prend deux directions différentes. Voici la Loud Version.]
Baise-moi.
Lukas pensa qu’il avait mal entendu, mais quand Lawrence le répéta, il se demanda vraiment ce que le gamin pensait. Amsterdam était-elle à ce point la capitale des vices, pour qu’un garçon aussi calme, posé et réservé ordonne à un homme d’au moins dix ans son aîné de le ‘baiser’ ? Perplexe, Lukas posa son joint dans le cendrier, sur la table de chevet, et se tourna vers l’adolescent.
Qu’est-ce qu’il te prend ?
Rien… J’veux essayer, c’est tout.
Je croyais que ça t’intéressait pas…
Peut-être… Laisse tomber.
Lawrence tira une nouvelle bouffée de son joint, et en expira lentement la fumée blanche, la regardant danser devant ses yeux avec une sorte de fascination légèrement malsaine. En le voyant ainsi, Lukas eut un frisson. Même en étant aussi passif et silencieux, Lawrence restait effrayant.
C’est parce que j’suis un mec ?
Non, pas spécialement… Enfin… ça fait bizarre quand même… mais si t’es… tu sais… c’est pas grave, j’ai rien contre…
Crétin. J’suis pas gay.
Ah ?
Si j’avais de la thune à claquer je m’en paierais une.
Ah… moi j’suis gratuit…
Lawrence hocha la tête, sans rien ajouter de plus. Dépité, le visage de Lukas se décomposa, sans trop qu’il sache pourquoi. Cherchant de l’aide, une bouée pour ne pas se noyer dans la mer de fumée de Lawrence, il attrapa son pétard pour le finir. Peut-être un peu trop vite.
J’suis un objet pour toi ?
… J’ai pas dit ça.
T’es gonflé quand même…
Lawrence se mit alors à rire, nerveusement, sans aucune joie. Encore une fois perplexe, mais amusé par l’absurde de la scène, Lukas l’imita.
Leurs mains se touchèrent, par accident ou non. La langue de Lawrence était douce, malgré tout ce que Lukas aurait pu imaginer. C’était sûrement la première que l’adolescent embrassait quelqu’un, mais sa maladresse le rendait encore plus attendrissant. Et, n’en déplaise à feu sa femme, c’était bien la première fois que le cœur de Lukas tambourinait ainsi dans sa poitrine.
Il ne se passa rien de plus ce jour-là, et pas plus la nuit suivante. S’embrasser semblait suffire à Lawrence, qui avait déjà matière à réfléchir. Est-ce que ce serait la même chose avec une fille ? Il en doutait. Il ne savait pas pourquoi, mais il le savait. Lukas… était un homme tout à fait à part.
Le seul homme que finalement, il n’arrivait pas à haïr.