Sous un sol aréneux, je t'acclame.

Ésotérisme quand tu nous tiens.
Une pluie. Tout désavantageuse qu’elle puisse paraître au premier abord, Hisagi Taisho n’en fut que peu désenchanté. Sous cette voûte boudeuse accompagnait l’humeur morose du jeune ténébreux aux cheveux noirs de jais. Le Seireitei était creux ce soir, signe presque abusif du pouvoir climatique sur l‘espace temps, employé bon gré mal gré face aux exigences d‘une déité jusqu‘alors inconnue. C’est-ce qu’il pensait inlassablement en bravant l’air glaçant faisant alors onduler fébrilement sa touffe de cheveux soyeux. L’hivers n’était en rien une plaisante saison , et pour cause : on y lisait de la peine et de la tristesse. En revanche, elle offrait mille beauté et dame Nature s’enorgueillissait des paysages se couvrant d’un voile neigeux, aussi étincelant qu’une dune chaude de sable. Le jeune homme respirait le plein air, relativement à ses aises, simplement satisfait de profiter de la fraîcheur épurée du monde enseveli sous la couche enneigée. Hisagi Shuuhei contrastait totalement avec ce décor immaculé, ses cheveux noirs ainsi que son aura dénotaient foncièrement. Mais le Haori rattrapait l’idée qu’on pouvait se faire de lui.

Il rentrait du Rukongai sans coup férir, dans sa neutralité la plus banale parce qu’il ne s’estimait toujours pas tel un Taisho. Ce n‘était d‘ailleurs pas dans son devoir d‘aller maintenant s‘inquiéter de l‘état des lieux de cette partie de la Soul Societé, car considéré désormais comme un chef. L’homme qui peu à peu perdait son statut d‘antan, reconsidéra les lieux. Vides. Silencieux. Un pas dans l’une des venelles pouilleuses, son regard glissait de droite à gauche comme pour s’assurer de la présence d’âmes tout attaché à ne voir aucun danger apparaître. Il ne s’agissait pas moins d’un milieu assez urbanisé, surtout la journée. Mais lorsque le crépuscule s’écrasait sur ces terres spirituelles, laissant surgir l’effroyable ennemi du jour quotidien, alors, ces êtres en peine des quartiers pauvres fermaient à double tour leurs portes et leurs fenêtres, évitant ainsi que les phénomènes néfastes viennent s’abattre sur leur petite ville.

Enfin, ses pas le conduisirent jusqu’à son quartier. La Neuvième Division était spécialisée dans la sécurité intérieure. La justice semblait être l’aumône de l’ancien Capitaine, et à ce jour, Hisagi qui avait dû prendre sa place, continuerait à servir les idéaux de feu son Taisho. Exempt de colère, la vengeance n’était plus que poussière dans les limbes de son esprit, semblant se raccommoder au fil du temps. Une feuille morte d’un marron terne et glacé vint s’écraser devant lui, désormais témoin de la fin de ces grises livrées de l'hiver pour revêtir enfin le manteau de mousse aux luxuriantes couleurs. Ce simple tableau lui soutira un doux sourire, mais il s’en défit rapidement, confronté désormais au travail, au devoir, à ses hommes. Tout sourcil froncés, car on avait l’habitude de le voir ainsi, il déambula d’un pas ferme les passages de son quartier, dirigeant ses pas vers…ce qu’on appelle son ancien bureau. Un bureau qu’il trouva vide. Dans sa grande simplicité, les réminiscences le soulevèrent pour le transporter loin dans ses souvenirs. Combien d’heures s’était-il écoulé lorsqu’il avait été sous la coupe de Kaname Tousen ? Un manque, une nostalgie, et sa rancœur reprit ses droits sur son ancien trône : son cœur. Se pinçant les lèvres, il était un temps pour l’évolution. Sa promotion avait finalement redoré son blason, mais sa quête semblait bel et bien inachevée. Il fallait à ses hommes… un Fukutaisho, et un bon. Un dont les épaules devraint soutenir sans faillir une même traîtrise, un dont le dos ne ploierait pas sous l’immondice de paperasse incessante, et un où la garde et la sécurité des autres passeraient avant toute chose.

Quelques minutes plus tard, ce fut la porte du bureau du troisième siège qu’il fit coulisser, avant de s’avancer le regard certes bienveillant, mais les traits du visage durs. Hisagi ne faisait pas dans la cérémonie, un simple hochement de tête et maigre sourire suffisaient à saluer ses subordonnés. Dans son entrée, il venait sans doute de rompre l’harmonie dans laquelle se complaisait son siège, mais le temps était venu de parler avec lui. Ne serait-ce que pour connaître dès à présent ce dernier.

- Wonsul… Pardonne moi de couper court à ton travail, mais j’aimerai te voir. Viens.

Et sans plus de détails, il tourna les talons, et opta pour une démarche un peu plus calme, moins dynamique, mais tout aussi assurée. L’expression immuable et le regard neutre, il attendit brièvement son futur et jeune apprenti Wonsul d’Ongil, après quoi leur route commune les mena hors du Seireitei, bien au-delà des vies et du mouvement. La nature les accueillit tandis que la caresse d’un rayon de soleil rouge devenu capricieux surprit le nouveau Capitaine. Ses yeux anormalement innocents coulèrent vers ce ciel aux couleurs appuyées, accompagné des ténèbres qu’on appelait la Nuit. La silhouette derrière lui suivait ses traces dans un silence absolu. Bientôt, ils pénétrèrent le domaine des bois et des êtres d’écorces aux branches craquelées, tandis que seuls leur pieds résonnaient dans l’espace. Quelques longues enjambées encore, et les deux âmes se retrouvèrent en haut d’une falaise. Un silence de plomb leur fit face, quand soudain, Hisagi se tourna vers lui, une expression affligée peignant son image.

- Du temps de Fukutaisho… débuta-t-il doucement, c’est ici que je m’entraînais avec Kazeshini pour obtenir le Shikai et l’entretenir. Il regardait le trouble horizon ainsi que ce paysage où se dressaient mille formes squelettiques, ce qu’on appelle aussi des arbres morts… Tu es le premier à connaître ce lieu.

De toute évidence, Hisagi Taisho ne supportait que peu d’être dérangé dans ses habituels exercices.

La pluie ne cessait de tomber en ce jour. Elle n'était cependant pas torrentiel, mais aussi fine que ne l'était le file passant dans le chat d'une aiguille. Quelques gouttes humides vinrent s'écouler lascivement sur la surface translucide de la vitre, qui donnait sur le petit bureau du troisième siège, Wonsul D'Ongil. Ce dernier avait laissé tombé pour quelques minutes son travail et semblait contempler ce spectacle naturel de ses yeux clairs. Le ciel offrait des nuages sombres, grisonnant, et pourtant il y avait une certaine beauté en cela, du moins s'était le ressentit du shinigami. Ce dernier porta une main sur la poignée et ouvrit la fenêtre, avant de tendre sa dextre vers l'extérieur. Sa paume ouverte se couvrit bientôt de cette eau, alors que son regard l'observait, sans rien démontrer qu'un calme doux. Ce geste pouvait paraitre stupide, mais pour Wonsul c'était tout autre. Depuis l'enfance il avait toujours apprécié la pluie, mais il avait aussi comprit aux files des ans qu'elle était aussi un bien précieux pour l'existence. Mainte fois, Ghanima lui avait parler de cette rareté dans le désert et son importance. La manière de la conserver, et de ne point en user à pure perte. Le jeune noble, se rappelait même de ses propres questions concernant l'accoutrement même de son zanpakutoh...Elle avait dit....un distille...ce vêtement qui permettait de récupérer l'eau d'un organisme dans des poches, que l'on pouvait ensuite consommer à l'aide d'un tube. Avec ceci avait elle encore révéler, l'on pouvait survivre dans le désert profond, pendant des semaines. Cela l'avait marqué car il avait lu déjà une telle chose dans les livres qui ornaient l'intérieur de la grande bibliothèque familiale.

Lentement, Wonsul retira sa main et la porta à ses lèvres afin de boire cette eau. Puis il referma la fenêtre, avant de reporter son attention sur son travail. Ghanima était posée de manière stable sur le rebord du bureau, et attentait patiemment un quelconque changement dans l'emploi du temps. Une chose qui n'était pas si plausible étant donné les manière de son manieur. En effet, Wonsul était un être ordonné, et du fait que la Division ne possédait point encore de Fukutaisho depuis la promotion de Hisagi au rang de Taisho, il lui incombait de combler ce vide...du moins pour ce qui était de l'administration. Ce n'était point pour lui plaire, mais il fallait bien le faire et en cela il ne se plaignait pas. Wonsul reprit donc sa place sur son siège, alors que ses cheveux toujours aussi parfaitement maintenu par son peigne sombre, restaient en son dos, laissant simplement sa mèche gauche contourner son oeil. D'une gestuelle contrôlée il s'empara de son pinceau et le trempa dans l'encrier avant de tracer avec aisance quelques écrits sur les divers rapports, laissant certains de côtés qui méritaient l'intention de son supérieur. Une heure se dissipa, et bientôt vint l'accalmie. Le ciel se dégageait un peu, et il ne restait que les pavés détrempés, seul témoin des pleures des cieux.

C'est à ce moment précis que la porte s'ouvrit pour laisser le passage à Hisagi. Le noble troisième siège arrêta son travail sans heurt et reposa son pinceau, avant de se redresser sur ses jambes, en posant sa main droite sur son épaule gauche et s'inclina brièvement. Aucune paroles ne quittèrent ses lèvres, avant que son supérieur ne s'adressa à sa personne. Chose qui ne se fit point attendre ,car ce dernier lui stipula de l'accompagner. Il n'y avait rien de bien précis..mais cet ordre était si impératif qu'il était aisé de comprendre qu'il n'y avait point de question à formuler. Hors donc, Wonsul s'empara de Ghanima et la fixa à son flanc gauche avant de contourner le bureau et se contenta de suivre les pas de son Taisho, bien au delà de ses murs. Durant ce silence, le troisième siège observait cet homme qu'il n'avait pas si souvent eut le loisir de côtoyer...C'était pour ainsi dire la première fois qu'il l'accompagnait et en cela , Wonsul avait opté pour garder une position simple d'observation, car tout commencement était d'une délicatesse extrême. Bientôt ils se retirèrent du Gotei treize, et pas une seule fois le noble shinigami n'avait proférer un son. D'une part, parce qu'on ne lui avait posé nulle question et de deux parce qu'il n'était point un être à troubler le silence d'un supérieur si cela n'était point nécessaire. partout autour d'eux, l'odeur de la pluie se manifestait, faisant contraste avec cet univers si chaud qu'il connaissait lorsqu'il s'en retournait à son monde intérieur. Le souvenir de l'odeur du sable..se mêlant à celui de l'humidité. Un mélange peu conseillé, mais étrangement désiré par moment. Leurs pas continuèrent donc, jusqu'à une falaise. Un lieu, jusqu'alors méconnu de Wonsul, tandis que le vent plus fort en ces lieux, vint soulever sa longue chevelure.

Ses yeux toujours aussi indéchiffrable se posèrent sur Hisagi Taisho, sans être irrespectueux, ses traits juvéniles ne démontrait point d'expression si ce n'est ce calme presque doux et un contrôle certain. Son coeur battait tranquillement en son sein, comme s'il n'éprouvait rien que de la quiétude. Ce n'était qu'a demi vrai, car le jeune troisième siège était habité par une légère tension, celle de la curiosité et ce doute de ne point parfaitement comprendre cette démarche. D'après les paroles de son supérieure, ce dernier venait s'entraîner en cet endroit, et le fait de démontrer à une tierce personne cette... confidence, n'était certainement pas anodine. Cela ressemblait presque à une passation. Il ne s'écoula que quelques secondes, avant que les lèvres de Wonsul ne se mirent à frémirent pour laisser passer une voix calme et posée :


Cette question n'avait pour but que de dissiper ses propres doutes, mais aussi parce que malgré tout, cela lui paraissait totalement étrange. Le noble D'Ongil était plus habitué aux manières presque cérémonials il est vrai, mais cela ne l'empêchait point de ne pas paraitre gauche dans les circonstances qui lui échappaient un peu. Rien en sa posture ne démontrait son trouble, sous ce calme doux.

Son regard pivota vers cette silhouette aérienne, aux cheveux soulevés par le léger souffle de l'air. Kazeshini ronronnait comme un beau diable lorsque le vent se levait. En revanche, le Taisho demeurait figé, son corps à demi tourné vers ce vis-à-vis comme on en voit peu. Une touche de fierté lui radoucit le regard lorsqu'il comprenait que son futur fukutaisho était loyal, intègre et aussi calme que l'eau qui dort. Ce fut d'ailleurs dans l'optique de réveiller cette eau à la sérénité insidieuse qu'il allait devoir défier l'actuel troisième siège. Un défi verbal ; physique et psychologique. Ses paupières finirent par voiler doucement sa vue, tandis qu'il obliqua son visage entaillé et tatoué vers ce paysage d'une infinie beauté, qu'il se plaisait à regarder lors de ses entrainements.

Hisagi réétudia sa question, celle-ci même s'écoulant dans son esprit tel un doux nectar amène. Avait-il été flatté de cette déclaration que nulle personne n'avait encore entendu.. ? Sans l'ombre d'un doute, il pensa que oui. Mais la question en elle-même avait suscité de la curiosité chez le ténébreux Capitaine. Et c'était un bon point pour lui qui tentait de percer la caparace de Wonsul. Le problème étant qu'Hisagi allait devoir se comporter étrangement pour le pousser dans ses retranchements :

- Pourquoi aurai-je une raison, Wonsul... Sais-tu qui tu es et pourquoi tu te trouves ici..?

Déclara-t-il d'une voix virilement inflexible, pendant que sa main calleuse se mut vers son flanc gauche, là où reposait une dangereuse arme. Sa dextre empoigna dans une douceur calculée le manche qui vibrait plus qu'il ne l'aurait voulu. Kazeshini était décidement bien trop imprévisible, ce qui laissait penser qu'il connaissait d'emblée son objectif. Faire de Wonsul un digne Fukutaisho. Le rideau de pluie fine s'était à nouveau présenté aux deux protagonistes, écrasant sans gêne leurs cheveux aux couleurs si opposées. Ses prunelles à la teinte insondable et à l'expression toute aussi indescriptible dardèrent sans préambule celles de son interlocuteur.

- Dis moi qui tu es.

Soudain, il sortit sa lame d'une traite qui siffla la mélopée de l'avant-mort. Puis, tranchant l'air, il fit par la même occasion évaporer Wonsul dans un shunpo maitrisé. Le taisho voulait tout simplement le connaitre.
Ils avaient évidemment quitté le centre du Seireitei afin de ne pas transgresser les règles, car mal avisé d'attaquer l'un des membres du Gotei 13 sans de bonnes raisons. Après tout, beaucoup de Taisho-Fukutaisho s'entrainaient entre eux au loin du Seireitei sans toutefois quitter la zone. Hisagi n'aimait vraisemblablement pas afficher un tel combat devant ses hommes qui ne comprendraient pas de prime abord le pourquoi de cette scène. Il s'agissait tout bêtement d'un test.

- Dis moi qui tu es et quel est ton but. Donne moi une bonne raison de rendre possible l'avancée de tes desseins.

L'eau des cieux argentés ternis par une nuit qui tardait à venir, finit par les tremper jusqu'aux os, les auréolant d'une très légère aura blanche. Son haori claqua désormais sous un vent devenu bien plus vigoureux, sifflant aux oreilles des deux shinigamis son chant aiguë. Un jeu de regards opaques s'établit entre eux, tandis qu'il chargea une nouvelle fois sans crier gare. Et il fit tout pour faire sortir son original Zanpakutô dont il connaissait le nom. Rapidement, il enchaina coup sur coup, prenant bien soin de ne pas le blesser afin de mener à bien cette séance.

- Dis moi ta valeur.

Les prémices d'une agitation toute particulière se firent sentir, lui foudroyant presque les narines. Le vent se faisait de plus en plus agité, à croire que Kazeshini l'appelait ou le contrôlait comme pour donner de l'appui à son entrainement. Son Test. Après de longues minutes qui parurent interminables, Hisagi avait decidé, enfin, de se lancer sur sa 'proie'. Et celle-ci, en parfaite utilisatrice de shunpo, n'avait pas encore pensé à agir différement qu'en optant pour le choix le moins préjudiciable : l'esquive. Ce qu'il aimât d'emblée fut ce silence certain sur ce vers quoi le Taisho voulait le mener. Pas un souffle quittant les lèvres fines de ce jeune éphèbe en apparence, le devoir de comprendre les gestes devenus violents de son supérieur semblait de mise. Et il avait parfaitement raison d'étudier les mouvements du Capitaine, ainsi que ses questions qui demandaient à être traitées avec minutie et profondeur. Wonsul était-il un homme doué d'intelligence, d'érudition, était-il fin stratège..ou plus franc dans ses coups ? Il allait de toute évidence le savoir, car Hisagi avait la ferme intention de s'assurer des apptitudes de ce dernier. Quelques fois, son regard perçant glissa vers ce qu'on appelle le trancheur d'âme de son actuel adversaire, essayant de calculer certains mouvements dans l'idée de faire sortir de son fourreaux la lame.

Mais il revint darder de ses prunelles nuageuses le visage opalin et presque serein de Wonsul, se gardant de savoir pour le moment ce qu'il pensait de tout ceci. Ses questions avaient fusées, mais Wonsul n'avait pas encore daigné lui répondre. Il s'obstinait à répondre par de fatigantes dissipations dans l'air. Mais gratifiant intimement le ciel d'avoir gené dans l'entreprise du jeune homme, celui-ci avait enfin décidé à sortir son Zanpakutô. Grand bien lui fasse. En revanche, le tout jeune Capitaine fut deconcerté par ce doigt se dirigeant etrangement vers les pieds de son rival.. mais après concertation visuelle, il se rendit compte que c'était la boue qu'il visait. Puis sa voix vibra dans les volutes d'air et de pluies, troublant son ouïe. Ceci n'étant en rien un probleme pour Hisagi qui d'un shunpo disparut du champs de vision de son opposant. Désormais à quelques mètres de lui, il se posa tout en pointant dignement sa lame vers l'homme à la longue chevelure dont la teinte égalait celle d'un épis presque incolore, bien que terni en temps de pluie. Le ciel était blafard, témoin de cette épreuve tout à fait nécessaire pour les deux vis-à-vis en train de se jauger par le fer.

L'utilisation du Kido avait été intéressante à exploiter en effet, dans la boue qui plus est. Hisagi avait certes un peu omis ce détail.. Lui était un expert en Zanjutsu, et son rival en Kido. Mais il ne douta pas de ses capacités en tant qu'épéiste. Du moins, il ne pouvait que l'espérer.. sinon...

Lorsqu'enfin, on daigna lui répondre, le brun pencha légèrement de la tête tout en fronçant le nez, comme pour ponctuer son incompréhension quant au terme inintelligible de hadhdhad, fort difficile à employer d'ailleurs. Et pour lui, le désert, univers diamétralement opposé à celui des shinigamis, était non pas immobile, mais grouillant de vie ? Quel rapport avec sa vie en tant que siège qui finirait bientot Fukutaisho, s'il le méritait ? Il fronça les sourcils et l'affichait vivement.

- Ne te perds pas en marche, Wonsul d'Ongil, au risque de te perdre. Tes épaules ont plus de valeurs que celles de beaucoup de tes compères. Elles ont aussi des responsabilités.

Le discours très terre à terre allait en contrastant avec celui de Wonsul, à n'en point douter. Et il y avait bien une chose que detestait Hisagi, c'était de perdre de vue les points de vue de ses proches, qu'ils soient ses supérieurs, ses subordonnés ou ses amis. Sans prévenir, il fonça de nouveau sur lui, éclaboussant leur bas d'uniformes mais les deux êtres ne s'en formalisaient que peu, bien trop concentrés à se comprendre l'un et l'autre. Il était rare en effet de voir le Taisho accompagné de Wonsul, il avait été tout aussi rare de les apercevoir ensemble du temps de Fukutaisho. Mais pour l'heure, Hisagi tentait justement de percer la croute de Wonsul, et c'est face à lui, leurs lâmes sifflantes l'une contre l'autre, qu'il lâcha :

- Et que serait ton monde sans ton Zanpakutoh..?

Puis d'un coup, son pied força la jambe de ce dernier à se plier, et lui ôta d'un coup de garde repliée vers lui, l'arme qui échoua sur le sol. Il pourrait d'un coup de pied envoyer valser la lame un peu plus loin, mais ce n'était pas son but. Il avait distrait Wonsul de par ses questions pour lui voler son arme, dans l'idée de titiller maintenant son esprit. A savoir s'il avait peur ...peur de son arme.

- Que ressens-tu pour elle ?

Wonsul d'Ongil, siège intègre et loyal, redressa son visage dans la dignité, comme pour signaler à son supérieur qu'il ne faillierait jamais face à l'incompréhension. Il ne s'y trompait pas.. son siège pouvait aisément devenir Fukutaisho s'il persistait dans cette voie. Mais était-ce un leurre ? Aizen avait paru si noble de coeur et doux, protecteur et débonnaire que personne ne l'avait soupçonné capable de la pire ignominie. Lui-même n'était pas censé savoir que sa cicatrice à l'oeil était le fruit des horribles desseins de son ennemi. Mais l'ennemi le plus à même de recevoir en son coeur sa propre lame n'était autre que Tousen. Et plus il prenait de l'âge, plus il nourrissait une soif de douce vengeance, et avait dans l'idée de lui faire payer son affront...même si c'était son mentor et qu'il le respectait. Il disait servir la Justice alors qu'il la bafouait. Mais pour l'heure, son unique souhait se résumer à garder dans ses rangs des hommes d'honneur, qui servirait la Justice sans jamais la contourner ou la railler. Et cela, Wonsul devait le comprendre, même dans son désert. Désert qui d'ailleurs ne lui était pas inconnu, bien que c'en fut incensé.

- J'espère que tu te donneras à fond dans ta tâche, Wonsul.

Et il obstrua sa vue de ses paupières sous cette parole à la fois difficile à exprimer et nécessaire pour l'être du désert. Il ne devait pas se cramponner à ce qu'il savait faire au Gotei 13, et esperait secrètement que ce dernier pousse et repousse ses limites jusqu'à chanceler. Ce serait à ce moment-ci qu'Hisagi l'accepterait véritablement dans ses rangs, en tant que Fukutaisho. N'ayant nullement le droit à l'erreur, le simple fait de se laisser abuser par des paroles exotiques ne lui était même pas permis.
En revanche, sa réponse sur son Zanpakutoh lui plut, bien que lui-même ne voyait pas Kazeshini de la même manière. Et forcément, au vue de la fierté apparente dutroisième siège, du langage employé pour décrire son 'alliée' justement, il se rendit compte qu'elle ne devait pas être aussi perfide et malsaine que le sien, d'allié. Son partenaire, copilote, condisciple, cette partie de lui, se gardait bien de comprendre Hisagi, incapable de détourner son regard lorsqu'une tâche de sang suintait à même le sol. Un bref ricanement lui étira involontairement ses lèvres, qui pouvait être mal interpreté par son actuel opposant, redressé dans la dignité comme dans l'humilité.

Ils se firent enfin face, plongeant leurs prunelles insondables l'unes dans l'autres, tandis que le vent souffla de plus en plus fort, tant aigu qu'il pouvait percer leur tympan. Mais lui fit fi de ce même vent, désormais accompagnateur de l'air, tout à la fois guidé par celui-ci afin de connaitre ses mille secrets. Quand bien même cette silhouette aérienne demeurait immobile, lui se ressassait ses paroles inlassablement, le mot désert venant frapper son esprit si puissamment qu'il en résultait des reminiscences dont il croyait définitivement perdues. Comment expliquer le pourquoi de cette relation qu'il savait déjà entamée depuis bien des années alors que Wonsul servait le Gotei 13 que depuis peu.. ? Du reste, il ne put s'adonner à la reflexion lorsqu'il vit son futur second s'entailler le pouce. Hisagi comprit bien vite qu'il s'agissait d'un rituel rapide avant de faire appel à son Shikai.. ou à une libération, ce qui se présentait sous cette forme pour certaines resurrections, bien incapable d'en savoir plus sur le sujet n'étant pas Mayuri pour ce faire. Voilà bien un Taisho qu'il ne supportait que difficilement, sans toutefois faire part de ses opinions à qui que ce soit, parce qu'il respectait un soupçon les membres du Seireitei pour avoir su intégrer le Gotei.

Ses derniers mots ne lui revinrent pas.. il était alors difficile de connaître les véritables pensées de Wonsul, espérant qu'il ne prenait pas ce combat pour un réel.. Qu'il le prenne juste à coeur fut sans doute ce qu'escomptait le Taisho séance tenante. Dans son ensemble, son siège avait bonne allure, mais le contenu de ses paroles poétiques , de son maintien si altier allaient-ils jusqu'à satisfaire le désir toujours inavoué d'Hisagi. Alors, son pas coula doucement sur l'herbe boueuse vers l'avant, tout en se positionnant pour l'offensive. Dans un shûnpo, il opta pour une attaque en provenance du Très Haut, c'est à dire porter un arc au-dessus de son adversaire. Qu'importe si ce dernier s'enfoncerait dans son circuit sablonneux ou parerait le coup d'Hisagi qui cette fois-ci ne limiterait pas sa force. Il enchaina coup sur coup à chaque fois qu'il lui en donnait l'occasion, et fut donc celui qui s'essoufla le moins. Mais, curieux de saisir les subtilités de Ghanima, d'un coup, il lui attrapa le poignet sans crier gare, et de toute ses forces, envoya Wonsul valser dans l'air.

- Montre moi !

Le Kyu ban tai Taisho patienta inerte et froid le redressement de l'adversaire. Il ne pouvait épargner Wonsul de paroles qui longtemps encore le hantaient. D'une voix sans réplique et dure, il déclara dans un grand sérieux, que même le vent laissa filer en s'atténuant :

- Je suppose que tu n'es pas effrayé par le pouvoir de ton Zanpakutô.. Ni du mien ?

Rapidement, il pointa son arme devant son futur disciple, tandis que le vent reprit ses rennes pour faire claquer son haori en le froissant sous les ondulations que créait la force de l'air. Son regard semblait plus obscurci que jamais, presque insolent, mais la peur de ne pas trouver en Wonsul ce qu'il cherchait était bien réelle.

- Sache cela... Et il rabattit son épée vers lui... Celui qui ne craint pas sa propre épée n'est pas digne de la brandir.

Une fois la parole terminée, il se rua sur lui en des pas souples et rapides pour croiser le fer. Et cette fois-ci, il n'entendait aucune faiblesse de la part de Wonsul d'Ongil, respectable siège susceptible de passer le test avec succès.
Ou non.

La fine goutte de boue qui s'était retrouvée sur la joue gauche de notre jeune troisième siège, laissa son sillon pour seul témoignage de son passage, alors qu'elle venait de choir sur le haut de son uniforme, imbibé d'eau. Ce dernier commençait à lui peser sur les avant bras et lui collait à la poitrine. Cette dernière se soulevait lentement sous sa respiration si calme et contrôlé, faisant fit des frissons qui parfois se manifestaient sur sa peau découverte et offerte à la pluie toujours aussi constante. Le El Sayal tournait sans relâche autour de son maître, a peine surélevé pour ne point trop se mêler à la boue désormais omniprésente. Son sifflement était à peine percevable par son ouïe, à cause du vent qui sévissait en ce lieu si inconnu de Wonsul. Son visage si doux et concentré à la fois, laissa entrevoir une expression de tristesse, alors que son regard si imperturbable porta une petite attention aux cieux si peu cléments. Certes ce combat n'avait rien de sérieux, mais les coups étaient pourtant réels et l'observation de son taisho était permanente. Chacun de ses gestes semblait vouloir le pousser un peu plus loin, tout comme ses paroles, parfois frustrantes, voir même intrigantes.

A chacune de ses impulsion , ses pieds s'enfonçaient sur ce sol devenu meuble et instable.. mais à chacun de ses dérapage le sable semblait se glisser sous ses pas afin de le maintenir pleinement en équilibre. Alors que sa lame de verre venait a rencontrer celle d'Hisagi Taisho. Si le El sayal ne pouvait être efficace dans l'offensive, il était un excellent indicateur de mouvement, mais seulement en ce qui concernait les pas de son adversaire, point pour les coups. Car en vérité, cela demandait pas mal de concentration à notre shinigami, et ce à cause de la pluie. Sans parler que lui faire subir de telle condition le répugnait au fond de lui même. C'est alors qu'il observait une manœuvre pour se défendre, laissant Ghanima longer de sa translucidité, la lame impitoyable de son supérieur, qui semblait vouloir le transcender, tandis qu'il lui rendait la pareil avec cependant ce même calme mesuré. Une poigne de fer se saisit alors de son poignet, et le fit projeter dans les airs. Sa main se resserra sur son sabre, alors que son autre compagne, il proféra distinctement et ce malgré le vent si tenace :

Une boule rouge des plus honorable se forma pour se propulser à l'encontre d'Hisagi Taisho. Son attaque pourtant ne toucha nulelment sa cible et vint percuté le sol boueux que quelques mètres plus loin. De toute évidence, cela était fort mal visé...mais ce n'était point là le message transmit....Non simplement, Wonsul voulait démontrer que même déstabilisé, et dépourvu d'une partie de son shikai, il n'en était pas moins un être plein de surprise. Comme le lui avait enseigner son père.... il fallait savoir surprendre quoiqu'il advienne et tiré de toute situation , même les pires, un enseignements. Rapidement et aisance, le troisième siège de la neuvième Division retrouva ses appuies sur le sol, non sans laisser une fois de plus, la terre salir son bas de Kimono. Ses pieds étaient comme gelés par ce vent intarissable et cette pluie incessante. Si bien que des fourmilles semblaient se propager en ses jambes. Il ne ressentait plus ses cheveux totalement collés à son visage. Alors que son supérieur lui adressait encore quelques mots. Des phrase qu'il trouvait pleines de vérité qui plus est....mais il n'était point en accord avec un certain point. Et avant même qu'il ne puisse proférer quoi que ce fut, Hisagi le chargea à nouveau tout en rabattant sa lame de manière féroce à son encontre. Ce coup là n'était nullement pour de faux, et le jeune troisième siège s'efforça de faire agir cette fois si le El Sayal. Ce dernier malgré sa masse presque maladroite à cause de l'humidité s'éleva néanmoins afin d'amortir de coup. Le sable sans cesse en mouvement, s'effritait sur le sol, ralentissant cette action..et permetant ainsi à Wonsul de prendre partiellement l'avantage en usant d'un shunpo rapide afin de se retrouver dans les airs, pour s'abattre les deux mains sur la garde translucide, non pas sur Hisagi, mais sur sa lame. Le coup fut si appuyé, que le zanpakutoh de son supérieur fini par sectionné en deux le El Sayal, puis fut maintenue au sol, par la volonté tout de verre vêtue de Ghanima. Quand à notre shinigami, Il était à demi accroupie, bloquant avec force, sa prise et observa du coin de l'oeil cet homme qui semblait vouloir le tester.


Sa voix était un peu plus élevé qu'a l'ordinaire car le souffle glacial du vent au dessus de cette falaise était des plus bruyant, fouettant sa chevelure sans ménagement, et créant en lui un frisson des plus désagréable, alors que sa respiration, malgré son con,trôle se faisait presque sifflant. Le sable quand à lui se mouvait encore, mais de manière très infime.....mais tenace. C'est à ce moment là que Wonsul eut un vague souvenir... observant le visage de son taisho...il y avait quelque chose...de familier. Mais il ne pouvait dire quoi présentement. Il murmura pour lui même...comme pour le El Sayal :

Hisagi avait enfin ce qu'il souhaitait sous cette attaque on ne peut plus avantageuse pour l'être au devant de lui. Et ce dernier manipulait le sable à sa guise, impressionnant dès l'abord le Taisho qui ne s'attendait pas à un mur de sable, certes mouillé le rendant lourd de poids, mais impressionnable. Pour cause, il optait pour une défense calculée et maitrisée. En cela, Wonsul gagnait un peu plus l'estime de son supérieur sans trop de mal. Il allait sans dire que ce n'était certainement pas gagné d'avance avec un tel ancien fukutaisho qui avait vu ses épaules s'alourdir au vue de la trahison de son propre Capitaine.. trempé dans la félonie. Le peu de reiatsu qu'usitait le nouveau Capitaine lui permettait d'alléger ses vêtements imbibés d'eau, puisqu'il semblait que pour son opposant, la pluie absorbée dans son tissu alourdissait son propre poids. Mais, effectivement, il pouvait maudire ce temps comme le louanger. Car il avait compris d'emblée qu'un sable humide et compact serait difficile à manier. Il pouvait aisément envier un beau temps ensoleillé à l'instar de ces mondes faramineux enseveli sous un voile mordoré comme un temps maussade qui avait le don inné de le calmer.

En très peu de temps, Wonsul fit rapidement tomber le masque, et tira le rideau afin d'exhiber l'envers du décor tant attendu. Etrécissant son regard sombre pour une analyse circonspecte, le siège prit enfin l'initiative, séduisant toujours un peu plus Hisagi Shuuhei. En revanche, surpris de le voir attaquer de haut alors qu'il était bien dangereux d'agir de la sorte, son coup porté non sur lui mais sur Kazeshini le stupefia soudainement, et c'est immobilisé qu'il finit sa lame enfoncée dans le sable sous le poids d'une courageuse Ghanima. D'un coup brusque, sa tête se redressa pour plonger un regard presque épaté sur cette silhouette devenue au fil de l'épreuve moins aérienne. Il se rembrunit vivement afin de dissimuler sur le champs son expression, ne souhaitant faire part du moindre jugement. Pas avant qu'il n'ait véritablement décidé. Son discours empreint d'humilité et de véracité laissèrent un Hisagi silencieux et attentif. C'est alors qu'il demeura bel et bien muet, non parce qu'il manquait de répartie, mais peut-être satisfait par le mot redouter, qui en effet s'approchait du terme 'effrayer'. Cependant, la relation qu'entretennaient les deux serviteurs du désert semble soudée et fusionnelle.. sinon respecteuse. Il avait espéré qu'entre Kazeshini et lui-même, leurs egards ne soient jamais entâchés par des lubies meurtrières ou des desseins corrompus. En revanche, avec le temps, l'un et l'autre acceptaient dorénavant leur soif respective. A savoir Kazeshini, dont la seule idée l'animant était de faucher la vie, tandis que pour Hisagi, servir la justice et protéger les innocents étaient son code d'honneur.

Malgré tout, Hisagi pensa à rétorquer, au moins pour éclaircir les quelques traces brunes disparates et encore présentes dans un ciel vêtu d'un manteau azur. Les secondes s'ecoulèrent bien lentement pour les deux protagonistes se jaugeant du regard avec une infinie décence. Par ailleurs, le brun ne le lâcherait pas du regard, toujours curieux de lire une susceptible émotion qui contredirait ses belles paroles. Il plaçait la barre haute ; sans doute etait-ce pour laver les erreurs de son feu Capitaine. Une pointe de mélancolie anima ses prunelles durant une bien maigre seconde, avant que ce dernier ne daigne se déchainer, enfin :

- Kare, Kazeshini.

De toute évidence, Hisagi n'avait pas besoin de faire appel à son Zanpakutoh pour se libérer de l'emprise inattendue de son adversaire. Seulement.. Une idée germa en son esprit. Et maintenant transformé, pendant que Kazeshini dans sa transformation laboura le sable sans pitié, il s'éleva dans les airs, faisant revenir vers lui sa faux enfouie dans le sable dense et lourd. La dangereuse lame effleura de peu le corps de Wonsul tout en soulevant violemment son épée de verre. Après quoi, le Taisho atterit à quelques mètres de lui, tenant près de lui l'une de ses faux... qu'il positionna face à son visage. Néanmoins, son expression affichait une parfaite et insolente neutralité, frustant les curieux. Wonsul était-il curieux... ?
Retournement de situation qui s'avéra finalement un succès pour Wonsul. La partie n'était toutefois pas finie :

- Je ne te demande pas d'avoir peur de Ghanima ou de Kazeshini. Je te demande d'apprendre à accepter cette peur et de vivre avec. C'est de là que tu puiseras sa force.

Son bras s'abaissa finalement, déclinant son instrument tel qu'il était nommé 'vent mortel' afin de se devêtir de son Haori. L'habit en lui-même gorgé d'eau n'était pas oppressant en soi. En revanche, il lui serait plus facile d'agir sans, révélant enfin son ancienne apparence de Fukutaisho, son shihakusho dispensé de manches bouffantes. Sa véritable allure lorsqu'il était sérieux.

- Es-tu prêt à donner tout ce que tu as dans le ventre.. Wonsul ?

Avec un certain silence, il n'attendit aucune réponse de la part de son opposant. La joute verbale allait bientôt se finir, et leur rivalité qui fut à satiété agacée prenait un tournant bien plus grave. Le vent commençait seulement à se calmer tout comme le rideau de pluies fines qui par miracle s'éclipsa. La nature avait-elle opté pour une place en tant que spéctatrice, après avoir avantagé Hisagi ?

Sa compréhension fut bel et bien repue et rassassiée par les paroles intelligibles et pleines de sens de Wonsul. C'est un sourire sincère et rassurant qui ornait le visage d'Hisagi, fier de le savoir prêt à accepter la peur comme lui le faisait. Et finalement, il avait tout autant réussi à lui transmettre les paroles de son ancien Mentor. Bien qu'en ce jour, il avait reussi à en trouver un autre, à savoir Kensei, celui pour qui il est devenu shinigami dans l'idée de lui rendre hommage. Désormais assuré de l'ascension de son condisciple, il effaça son sourire, et jaugea sérieusement les capacités de Wonsul en observant le moindre de ses gestes.
Cependant, il fut alerté par ce beau temps qui reprit son règne dans le ciel, et dut admettre que la pluie ne serait plus un frein pour son siège. Ainsi il pourrait apprécier sa vraie valeur en tant que tel, sans entrave ni recul.

L'on pouvait dire du Zanpakutoh de Wonsul qu'il était assez impressionnant, sinon imprévisible. En cela, Hisagi le percevait avant même qu'il ne commence à frapper. Les éléments n'étaient pas, de toute façon, considéré à la légère. Cette tornade de sable enveloppant le corps de son opposant faisait vibrer inopinément le sol tandis que le vent, happé par la force de la rafale, déchantait face au pouvoir de ce dernier. Un vent néanmoins guilleret pour le moment. Hisagi ferma les yeux, car l'utilisation de son Bankai n'aurait certainement pas lieu, que cela soit contre un adversaire de valeur ou en ces lieux où tout serait détruit. Un terrain sûr et vague était plus à même et prompt de l'aider dans sa maitrîse. Le sable prenait plus d'ampleur et son éternel mouvement devenait de plus en plus fluide. Le Taisho ne pouvait qu'en être affecté, bien que sur ses gardes, même avec un futur Fukutaisho. Enfin, si ce dernier ne faisait aucune erreur..Loin d'être imbu de lui-même, il lui faillait malgré tout maitriser la moindre once d'émotions susceptible de le trahir, c'était un travail de tous les jours.

Le son granuleux et régulier du sable, l'apaisait étonnement à l'instar des ronronnements de fauve. Peut-être était-ce un leurre pour mieux surprendre la victime qu'il était en ce moment, mais il accepta ce feutre avec plaisir. En revanche, ses prunelles s'écarquillèrent lorsque des tentacules de sable s'élancèrent sur lui en quelques points troublants. Wonsul repérait les failles assez facilement. Hisagi fléchit sur ses jambes alors qu'au moment où les quatres bras étaient fin prêtes à l'engloutir complètement, il usa de son shunpo à bon escient avant de reparaitre à coté d'un des bras. Ce fut dès lors que les grains continuèrent de le pourchasser. Le Taisho de la neuvième lança au devant de lui sa faux qui forma un arc diffus dans l'air pour venir couper les colonnes de sables, malheureux sortilège apte à se solidariser de nouveau après le passage de Kazeshini. Le Sokatsui de Wonsul tomba pile au bon moment pour l'importuner, et en relachant le bracelet contournant son bras droit, il disparut dans l'explosion, qui avait tout simplement servi à chambouler les sens de son rival.

Son corps resurgit dans un bruit caractèristique au shunpo derrière lui, sa faux à sa main prête à l'emasculer voire à le hacher alors que son autre faux se baladait dans les airs comme pour surprendre Wonsul par derrière. Puis, c'est presque impitoyable qu'il abattit Kazeshini sur le troisième siège, l'empêchant de shunpoter. Malgré tout, il se fit lui-même surprendre par une pincée de grains qui finirent par amenuiser considérablement la menace physique d'Hisagi. Entouré par le sable qui de ses particules effritaient sa peau, ce dernier déclencha une montée de reiatsu tout en lançant les deux faux de Kazeshini dans l'optique de découper une nouvelle fois ce sable ambulant. Le combat en lui-même était silencieux, Hisagi n'était que très peu éloquent excepté les moments où il cherchait à en savoir plus sur son ennemi. Par ailleurs, on le provoquait très souvent, suscitant l'irritation chez lui. Mais plus il avançait dans le temps, et moins les répliques d'autrui le touchèrent.

Touchant enfin le sol, mais toujours sur le qui-vive, il tentait tant bien que mal de ne pas blesser grièvement son vis à vis. Il s'ensuivit alors une succession de scènes des fois abracadabrantes comme impressionnantes, où le sable s'evertuait inlassablement à faire choir le jeune homme qui sous des roulades ou des shunpos, relâchait sa chaine pour se défendre ou attaquer, ni plus ni moins. Soudain, son visage se tourna vivement vers les arbres, et c'est rapidement qu'il s'y dirigea, imitant la fuite alors qu'il était question de tout autre chose. Si le duel ne prenait pas fin, c'était bien parce qu'il s'agissait plus d'un entrainement sérieux - très sérieux même - que d'un test, désormais réussi par la justesse d'esprit de Wonsul.

En revanche, il savait que parmi les arbres, il pourrait bloquer ce dernier avec Kazeshini. C'est ainsi qu'il s'enfonça dedans tel un ninja, rendant les reflexions de Wonsul confuses. Quelques minutes plus tard, il le vit et dissimula du mieux qu'il put son reiatsu et sa silhouette alors que des reminiscences incongrues surgirent sans préambule en son esprit. Tout sourcil fronçé, il observa plus encore cet homme qui au final lui disait quelqu'un. Et ce fut même convaincu que Wonsul d'Ongil avait dejà croisé son chemin dans sa jeunesse.

Froncement de sourcils et mine implacable. Long arc de sourcil pour annoncer une circonspection. Un regard noir et aussi luisant que la suie, et tout corps s'évapore dans l'air pour ne finir qu'en trainée de poussière. Finalement, ce n'était pas si habile que d'amener ces dunes de sables dans une forêt. Dune ? Typhon mortifère, prêt à leurrer l'entourage, ce monde boisé capable de camoufler mille ombres différentes. Mais il semblerait que Wonsul sache utiliser son esprit, plus que de son sabre de verre. Voilà bien une constatation qui lui extirpa un bref sourire.

"Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent."

Il lui restait seulement l'imagination afin de retrouver la silhouette qui se cachait. Il avait tout aussi le droit de se griser à l'ombre de l'arbre afin de jouer à cache-cache, ou attrape moi si tu peux. Cependant, c'était bien l'inverse qui se produisit. Ce dernier demeurait planté en plein milieu d'un chemin dont les failles étaient innombrables, et le spectable, plus étonnant encore, accaparait tous les oiseaux constituant Dame Nature. Le Capitaine Hisagi était bel et bien desarçonné par sa manoeuvre, et du peu qu'il en avait vu, il le voyait d'ores et dejà en tant que fin stratège. Peut-être bien plus stratégique que son supérieur qui agissait plus par instinct.
Toujours aux aguets, ce ne furent pas ses prunelles qui tentèrent de situer le reiatsu de Wonsul mais son ouie fine.. ainsi que sa concentration qui lui permit de ne pas se faire attaquer sans détour. Jouer dans la forêt n'avait pas été une si bonne idée finalement.. Mais...Hisagi n'avait devoilé qu'un quart de son jeu. Il se volatilisa dans l'air une nouvelle fois, perché sur l'une des ses longues branches, des fois près des racines, d'autres dissimulé derrière le tronc d'un être d'écorce. De haut, il put relâcher sa première faux qui, sous la complainte frémissante de Kazeshini, se mut vers ce qu'on appelle la tornade de sable, là où se trouvait semblait-il, son troisième siège. D'un froncement de sourcil, il eut difficile à prédire si sa scie raserait sur son passage le mur de sable. Couper Wonsul en deux n'était pas entré en ligne de compte, et ce serait d'ailleurs bien contraignant pour lui. Priant alors pour celui-ci, il sentit sa chaîne se distordre tandis que Kazeshini parvenait, enfin, à son but. Et c'est dans un son feutré qu'il passa à travers le tourbillon incessant et granulant, engendré par son maitre qui brillait finalement par son absence.

*Intéressant...Il me surprend.*

Cet être du désert avec qui il n'avait que très peu parlé lors de sa période Vice Capitaine, excellait en fait dans pas mal de domaine et ne manquait pas de souffler son public par les phénomènes arides et sablonneux. Magnifique illusion née de l'esprit de celui qui veillait sur la sombre vérité. Pour couronner le tout, c'est la mélopée vibrante d'une lame translucide qui vint chatouiller son cou. Wonsul s'était fait plus que silencieux pour venir surprendre aussi insidieusement son supérieur. Hisagi sourit sincèrement face à cette défaite mais ne put laisser son troisième siège sur cette fin.

- Le fait de savoir que le piège existe équivaut au premier pas pour lui échapper
- Ce n'est pas si facile que de tromper le chasseur. Mais tu m'as bien eu. En revanche, sauras-tu parer le coup après cette victoire ?

Le Capitaine ne se contenta pas de paroles cette fois et l'interrompit d'un coup de coude bien assené dans le ventre qui le fit reculer et tituber.

- Mais ne boude pas tes capacités, tu es unique. lança-t-il mi moqueur mi satisfait.

Kazeshini revint épouser sa dextre violemment, tandis qu'il fit baisser son reiatsu afin de réduire son shikai à l'état d'épée. Ce fut impérieux qu'il l'attaqua par une série de bottes basses. Il faudrait pour Wonsul riposter rapidement pour reprendre l'initiative, mais l'assaut incessant le suivait pas à pas, se retrouvant acculé à la défensive. Ils finirent ensemble par atteindre le sol. Si le sable s'agitait pour évincer les coups d'Hisagi Taisho, ce dernier ne ferait que les éviter pour mieux toucher Wonsul. Seulement, il arriva à piéger son adversaire lorsque celui percuta un arbre car son supérieur ne lui laissait aucun répit. Et c'est ainsi qu'il reporta son poids sur sa jambe arrière et plongea en avant, l'épée pointée sur le rein de l'opposant. Mais alors que Wonsul ne manquerait pas de parer le coup, il fit claquer l'extérieur des cuisses d'un coup de pied bien senti pour le faire choir.

- Souviens-toi de cela pour aujourd'hui. Chaque mouvement doit apporter un avantage ou supprimer un désavantage. La prochaine fois, tu auras le droit à la basse estocade et au sort d'immobilisation... mon cher Vice Capitaine.

Il se recula brièvement, et d'un geste vif, rangea son arme dans l'étui. Wonsul venait de gagner sa confiance. Bien que partiellement. Ses prunelles d'une couleur indéchiffrable plongèrent dans celle de son vis-à-vis, qui au fur et à mesure, le ramenait dans ses souvenirs. Désert.. un homme sur son passage avait dejà parlé de sable dans son passé. Il avait été blond, les yeux d'un ciel clair, aussi sage qu'aujourd'hui.. Etait-ce une coïcidence .. ? Voilà bien un étrange phénomène.

Et un autre froncement de sourcil.
Un de ceux qui approuvait étrangement les dires de son interlocuteur, Wonsul d'Ongil. Il le voyait effaré.. le regard écarquillé comme si tout devenait bien plus clair.. ou au contraire, confus. Sans doute était-ce un soulagement pour cette âme pure. Une reconnaissance. qu'en savait-il. Le plus important résidait dans le fait qu'une fois l'examen passé, son second était bel et bien capable de porter un lourd fardeau sans rechigner, et de bien plus grandes responsabilités qu'il escomptait tenues dans la maitrise.

La force commençait à le quitter, obstruée par une fatigue opportune. Lui-même declina du chef comme pour expliquer son relachement. L'épreuve à proprement parler réussie par l'héritier des d'Ongil, une très douce fierté peignait le visage d'Hisagi, tandis qu'il regardait Kazeshini, fidèle compagnon. Et malgré les obstacles il parvenait toujours à surprendre et étonner son manieur. Le Taisho observait plus après et de la manière la plus discrète qui soit son cher apprenti à qui il apprendrait désormais moult choses, à commencer bases de défenses de Zanjutsu. Wonsul devait tout aussi s'entrainer durement, jour après jour, afin de ne jamais flancher au devant des coups impérieux d'ennemis improbables comme la fatigue, la corruption, l'injustice, le pouvoir. Il souhaitait le preparer à l'inconnu, à l'homme, en dépit de ses devoirs et de son manque de temps. Mais s'il exerçait du mieux qu'il pouvait Wonsul.. Alors sa division serait complètement redorée.

Après tout, Hisagi Taisho avait maintenant le capacité de subvenir aux besoin d'autrui. Après les quelques lecons de vies lesquelles ont ecrasées majoritairement ses homologues, prendre trop au sérieux ou être obnubilé par son travail était la dernière chose à faire, dans le sens où il pouvait par inadvertance se fourvoyer quant au chemin à prendre, et par conséquent, devenir arrogant ou être submergé par de troubles sentiments. Froncement de sourcil...Il perçut par un contact visuel la blessure au niveau du flanc de son interlocuteur et ne put s'empêcher de ressentir une pointe de culpabilité.

- N'oublie pas de passer à la Quatrième Division.

Peut-être n'était-ce qu'un bien maigre dommage physique mais il en avait été le porteur et qui plus est, blesser un membre de sa propre division pouvait s'avérer gênant. Dans tous les cas, l'examen officieux avait été programmé pour défier Wonsul.. de le jauger, tout simplement. Désormais Fukutaisho, il allait devoir faire face aux rares exigences du Capitaine, mais qui plus est, s'entrainer avec lui serait sa principale tâche. Et Hisagi en souriait déjà de plaisir.

- Pardonne moi encore, disait-il sans arrogance ni anxiété.

Et ses prunelles ombrageuses cheminèrent jusqu'au regard azuré du sandman. Une image surgit en son esprit tandis que d'autres la succédèrent, affluant dans les limbes de ses souvenirs comme pour mieux l'embrouiller. Il était perdu, mais assuré d'avoir connu son apprenti nouvellement promu Vice Capitaine dans son passé. Malgré les doutes qui le submergaient, il pivota légèrement et amorça son premier pas, puis son deuxième jusqu'à exécuter une marche lente et modérée afin de conduire leur enveloppe spirituelle vers le quartier de la quatrième division. Il était temps de rentrer, qu'importe les obstacles maintenant. Il avait une épaule sur laquelle s'appuyer. Un allié de valeur. Peut-être était-ce même la confiance incarnée. Un confident..
Leurs pas devaient les mener dorénavant vers un même point : celui de la Justice.