Une nuit pour une vie

Bon finalement je la remet...parce que j'ai retrouvé la motivation pour continuer...

Réponse à Conséquences d'une nuit

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Quatre ans...quatre ans qu'elle vivait avec ces blessures en elle, le genre de blessures qu'on ne pouvait pas cicatriser, même pas avec l'aide de la quatrième division au grand complet. Elle se souvenait parfaitement de ce qu'il s'était passé ce jour-là à Karakura, sur le toit de cet immeuble, et de ce qui en avait découlé. Au loin l'agitation de sa division, de cet endroit qu'elle avait toujours considéré comme sa maison, n'était qu'un vaste écho seulement égayé par un bruit qu'elle connaissait mieux que tout. Yashiro, son fils, sa chair, elle pouvait l'entendre rire à gorge déployée non loin de la chambre qu'elle occupait depuis la naissance du petit garçon. S'il avait hérité des cheveux rouges et des yeux mordorés de sa mère, le reste venait définitivement de son père. A cette pensée, la jeune femme eut envie d'exploser les murs et de hurler, colère, haine, amour, désespoir, tout se mélangeait en son cœur. Nichol lui manquait...et en même temps elle ne voulait plus jamais le voir...Bien sur il était revenu du côté du Seireitei lors de la dernière grande bataille ayant vu l'anéantissement pur et simple d'Aizen, mais l'ancien quatrième siège n'avait pas encore fait son retour dans la division de l'achillée. Se recroquevillant un peu plus dans le lit, elle laissa échapper une unique larme et les minutes s'écoulèrent, longues et douloureuses.



Les souvenirs s'imposaient en elle comme autant d'images qu'on aurait plaquées devant ses yeux, plus coupants que la meilleure des lames, plus ardents que les yeux qui la hantaient. Leur premier combat l'un contre l'autre depuis qu'il avait trahit, la haine qui habitait Tsukane et la colère froide avec laquelle elle s'était jetée à corps perdu dans l'affrontement, le plaisir de le blesser encore et encore, l'épuisement se dissimulant sous l'embrasement de ses nerfs, ne tenant même pas compte des blessures qui augmentaient sur son propre corps. Elle ne se souvenait que trop bien la façon dont ils s'étaient tout deux écroulés au sol l'un contre l'autre, les insultes qu'ils s'étaient lancés tout du long pour finalement s'aimer avec désespoir, unissant leurs corps et leurs âmes dans un élan où les frontières entre le charnel et le spirituel étaient floues, chacun promettant silencieusement à l'autre un avenir meilleur, un futur 'ensemble', sans vraiment y croire.

La rouquine se tourna, ce passé qu'elle ne pouvait pas oublier l'assaillant sans relâche. Hisagi Fukutaisho l'avait récupérée alors qu'elle gisait dans son sang, couverte d'ecchymoses, et l'avait ramenée au Seireitei. Après avoir passé deux jours à la quatrième division, sous le regard bienveillant de Unohana Taisho, elle avait reprit Hasugin'ori en main et était rentrée à la onzième sans un mot. Pas un regard pour les autres, elle était juste aller prévenir Kenpachi-sama qu'elle était rentrée, s'agenouillant devant lui pour lui présenter ses excuses de ne pas avoir tué son ennemi et repartit sans aucun autre mot, sentant sur elle les regards du capitaine, de la lieutenante, du troisième et du cinquième siège. Tsukane rejoignit les dortoirs où elle logeait avec les quelques rares femmes de la division, s'enferma dans la salle de bain et se laissa glisser au sol, des larmes coulant en silence sur ses joues. Elle s'explosa les poings contre le carrelage, la douleur qu'elle ressentait n'était cependant rien comparée à celle qui se terrait dans son cœur. La shinigami s'accorda une nuit pour pleurer, juste une nuit et elle retrouverait son masque de guerrière impassible.

Des jours, des semaines, des mois passèrent. Sous son masque de froideur, tout en elle se brisait. Son corps s'était mis à rejeter la nourriture, la moindre odeur lui donnait des nausées, son ventre plat et musclé avait commencé à s'arrondir au dessus du lotus tatoué qui trônait fièrement sur son aine. Mais elle continuait les entraînements et les combats, impitoyable face à ses adversaires, méritant bien le nom des siens, déesse de la mort. Elle recevait de temps à autre les visites de Murakumo-san, un des rares que Nichol avait considéré comme son ami, et de Hisagi Fukutaisho. La jeune fille s'appliquait à leur sourire alors que tout en eux lui rappelait l'homme qu'elle aimait autant qu'elle le haïssait. Même si on ne pouvait pas dire qu'une franche amitié unissait la rouquine et les deux hommes, ils faisaient partie des rares à qui elle parlait un peu, même si les sujets de conversations restaient futiles. Mais aucun n'osait aborder le sujet, ne sachant pas comment elle réagirait, et ils restaient tout trois dans un silence gêné.

Au retour d'un combat contre un Hollow où la shinigami avait brillé par son excellence, elle tomba inconsciente et fut emmenée d'urgence à la quatrième division. Enceinte...elle était enceinte...Son visage blanchit instantanément et ses mains se mirent à trembler alors qu'elle pensait aux tenants et aux aboutissants de cette grossesse. Si l'enfant voyait le jour, elle devrait s'en occuper et serait donc dans l'incapacité de combattre au côté des siens...S'il naissait, Tsukane renonçait à ce qui faisait sa vie depuis des années...Une mère ne pouvait pas se permettre d'abandonner son enfant...mais elle ne vivait que dans la perspective de nouveaux affrontements, mettant son existence en jeu le sourire aux lèvres. La jeune femme inspira profondément pour ne pas hurler, le visage de celui qui était forcément le père s'imposant à son esprit. De longues coulées de larmes sillonnèrent ses joues tandis qu'elle se levait pour récupérer ses affaires et rentrer chez elle, auprès des siens, menaçant de son zanpakuto quiconque osait lui barrer le chemin. Son retour se fit en silence, tant de la part de la rouquine que de ses co-divisionnaires, chacun se demandant ce qu'il avait bien pu se passer. Elle croisa son taisho et le regarda en face, les yeux rougis par les larmes qui avaient fini par se tarir, avant de s'agenouiller, front contre le sol, attendant la décision de celui qui représentait l'autorité suprême.

S'il lui demandait de partir, elle le ferait. S'il lui imposait de supprimer le fruit maudit qui grandissait en elle, la shinigami obéirait. S'il daignait dégainer son sabre et lui tranchait le cou, elle le remercierait de tout son cœur en mourant. Le suicide était un acte lâche, mais mourir des mains de son capitaine était un honneur...servir et mourir sous ses ordres...Elle attendit ainsi prostrée de longues minutes, dans le silence pesant que même la petite Fukutaisho respectait, avant qu'il ne parte sans un mot, la laissant seule au sol. Il savait certainement ce qu'il se passait, et si le silence signifiait son accord pour garder l'enfant, elle suivrait le commandement de son capitaine. Tsukane se releva, une dernière larme coulant sur sa joue qu'elle essuya bien vite: un guerrier ne pleure pas.

Dès le lendemain elle se vit confier l'entraînement des jeunes recrues, 'punition' pour avoir laissé vivre un traître...Dans un demi-sourire, elle s'acquittait de toutes les corvées qu'on lui donnait, juste heureuse de pouvoir continuer à vivre comme si de rien était. Même si elle s'effondrait au plus profond d'elle, le monde qui l'entourait restait intact, inchangé. Lorsque Murakumo et Hisagi vinrent lui rendre visite, elle leur annonça sa grossesse, ainsi que l'identité du père de son futur enfant. S'ils furent plus que surpris, ils n'en laissèrent rien transparaître, et elle ne pouvait que leur en être reconnaissante.

La vie poursuivait son cours, inlassablement, tandis que le ventre de Tsukane s'arrondissait de plus en plus. Elle fut écartée des champs de bataille pour son propre bien, décision qu'elle accepta sans mot dire. La jeune fille n'avait gardé que peu de souvenirs de cette période, les jours se succédant sans encombre pendant qu'elle s'occupait en silence des rapports et autres taches d'intendance. Jusqu'au jour de la naissance de son enfant...Yashiro, le sanctuaire, veillant le cœur de sa mère pendant qu'elle irait se battre, gardien de l'amour qu'elle lui portait depuis des mois et qui ne fait que grandir au fil des secondes, de ce qu'elle ressentait pour le père du bébé aussi.


Elle écarta les pans de la couverture et resta allongée à fixer le plafond, des larmes coulant du coin de ses yeux, avant qu'elle ne se décide à se lever et à rejoindre les autres. Tsukane arrangea son hakama, passa un coup de brosse dans ses longs cheveux et sortit, le soleil l'aveuglant un peu. Elle s'appuya contre un mur, observant la scène touchante, bien que franchement étrange, qui se déroulait sous ses yeux. Son fils courait partout autour du Taisho, la petite lieutenante aux cheveux roses se laissait poursuivre, tous deux hurlant comme des zouaves pour finalement aller se percher sur les épaules du capitaine, lui-même donnant le bras à Unohana Taisho...

Se massant les tempes, elle habilla son visage d'un sourire tranquille et se dirigea vers le petit groupe. Une masse de cheveux apparu dans son champ de vision, bien trop blancs pour être ceux de Kira Fukutaisho, et les sourcils roux de la jeune femme se haussèrent. Avec son agilité habituelle, elle se plaça derrière lui et lança son pied en un magnifique coup haut qui arriva directement à l'arrière du crâne de l'ex-quatrième siège...Car c'était bien lui, tout en elle le lui hurlait...Elle croisa les bras, ses sentiments confus se mêlant de plus belle, et lui jeta un regard noir. Mais son fils, son ange, se précipita sur elle en criant et aussitôt l'amour maternel reprit le dessus. Cette chose qu'elle croyait n'être qu'un conte pour péronnelles existait réellement et elle l'avait découvert au fur et à mesure.

Sous le regard amusé de Murakumo-san, de Kenpachi-sama, de Unohana taisho et de Yachiru-sama, l'ex-traître lui demanda si c'était son fils, ce qu'elle se fit une joie de lui confirmer, assistant à l'évanouissement pur et simple de l'homme tandis que le petit garçon qu'elle tenait dans ses bras lui demandait si Nichol était son père. Ne sachant pas exactement quoi lui répondre, elle soupira et l'embrassa sur le front tendrement. Comment considérer l'homme qui l'avait fait tant souffrir...Elle repartit en direction de sa chambre pour coucher son fils sans un regard pour l'homme au sol. Si certaines choses avaient changées, comme la facilité avec laquelle Yashiro s'était intégré à la division, d'autres restaient immuables...

Elle avait observé Yashiro pendant qu'il dormait. Son fils avait décidément hérité de beaucoup de traits de son père, c'était indéniable. Le petit garçon s'était réveillé bien vite et avait demandé à voir le monsieur rigolo qui connaissait sa mère. Tsukane le prit dans ses bras et partit en direction de la chambre où l'homme avait été transporté. Elle y retrouva Unohana Taisho ainsi que Murakumo-san et ils assistèrent ensemble au réveil de l'ancien traître avant que les deux ne partent, la laissant seule avec lui...Elle fronça rapidement les sourcils avant de retrouver un masque impassible, caressant sans y faire vraiment attention le dos du petit garçon qu'elle tenait contre elle. Si le silence avait un peu plus duré, peut-être que la jeune femme se serait un peu approchée du lit et aurait tenté de parler calmement. Mais non! Il avait fallu que Nichol parle, pour des énormités aussi grosses que lui d'ailleurs. Elle fulminait, oser parler de ce qu'il s'était passé entre eux devant un enfant...

Sans un mot de plus, elle posa Yashiro au sol et lui désigna la porte du regard. L'enfant comprit ce que sa mère voulait et sortit sans un mot, laissant les deux adultes seuls. La rousse s'assura que la porte était bien fermée, ses mains tremblant légèrement sous la colère, et dégaina Hasugin'ori en un mouvement des plus rapide pour se ruer sur l'homme avec la ferme intention de le tuer. Il ne savait rien de ce qu'elle avait vécu, de ce qu'elle avait enduré, et il osait ouvrir sa grande gueule! Il avait attrapé son bras, elle lui remit les idées en place d'un grand coup de tête qui le projeta dans le mur le plus proche. Il l'avait sous-estimé, comme depuis son arrivée à la onzième division, mais les choses avaient bien changées depuis la trahison. Elle appuya sa lame contre la gorge de Nichol, le regardant droit dans les yeux. Aucun sourire, même sadique, ne vint éclairer son visage, elle avait juste envie de le tuer ou au moins de lui trancher la langue et de lui crever les yeux.

Comment oses-tu me demander si je suis sure que c'est bien ton fils?
Parce que ça doit bien faire quelque année qu’on ne s’est pas vu…
Et? Après le combat, j'ai été pas mal occupée...et les signes de la grossesse sont arrivés, puis Yashiro est arrivé...
C'est son prénom? Yashiro?
Oui...et tu sais ce qui as été le plus dur? Cacher ses origines pour qu'il ne subisse pas tes choix, qu'il ne paye pas le prix de ta trahison...L'élever au milieu de la onzième, avec les autres hommes, a été facile comparé à ça!

Tsukane se releva en un mouvement, l'envie de lui cracher sa haine au visage se faisait plus forte, la chaleur de son zanpakuto tambourinait dans son crâne. Elle sortit au plus vite pour ne pas faire un carnage, rengainant sa lame au passage, pour retrouver Unohana taisho dans le couloir. Le sourire délicat de la capitaine calma instantanément la rousse, et elle ne put retenir un soupir, baissant la tête, ne sachant pas du tout où elle en était. Son fils jouait un peu plus loin avec Yachiru fukutaisho, Murakumo-san était allé voir si son ami était encore entier...Elle releva un peu les yeux vers la femme en face d'elle, murmurant tout bas qu'elle ne savait plus quoi faire ni quoi penser. Ses yeux menaçaient de s'embuer, mais elle ne pouvait pas se le permettre, pas devant son fils. Ne pas craquer, ne pas se laisser aller, relever la tête et continuer d'avancer comme elle l'avait toujours fait.

Unohana Taisho...serait-il possible de vous occuper de Yashiro ce soir?

La jeune femme ne s'attendait à rien, c'était le genre de service qu'elle n'aurait jamais demandé à qui que ce soit d'autre, mais la capitaine avait toujours fait preuve d'une bienveillance sans faille envers elle et le petit garçon. Ce soir elle réglerait le problème, mais elle ne voulait pas que son fils assiste à cela. A sa grande surprise, la responsable de la quatrième division lui répondit qu'elle comprenait tout à fait et qu'elle prendrait soin de l'enfant. La rousse haussa brièvement les sourcils avant de lui sourire, chose qu'elle ne faisait plus que très rarement, le poids de la tristesse, de la colère et de ses nouvelles responsabilités lui ayant enlevé presque toute envie de ce rictus pourtant si important autrefois. Elle entendit la porte de la chambre de l'ancien traître s'abattre violemment contre le mur pendant qu'il l'embrassait brusquement, baiser auquel elle répondit d'un coup de poing dans la mâchoire, sentant ses os percuter ceux du blond.

T'as cru quoi? Que j'allais revenir tout sourire dès ton retour? Prends pas tes désirs pour des réalités!

Elle crispa ses poings, salua Unohana taisho et partit rejoindre Yashiro et sa lieutenante, la colère et la haine envahissant son cerveau comme autant de vagues assassines. Tsukane se calma néanmoins lorsque son regard croisa celui de son fils, et elle lui prit doucement la main. Plus tard elle lui expliquerait toute l'histoire, mais pour le moment il fallait qu'elle affronte ses propres démons. Et ceux-là ne disparaissent pas d'un coup de zanpakuto. Sans un mot, la mère et le fils cheminèrent en silence jusqu'à leur appartement, le petit garçon s'attachant à ne pas faire de bruit ou de mouvement brusque, sa mère ayant la fameuse habitude de le croire en danger pour un rien. Elle lui donna son bain, jouant sans réelle conviction avec lui jusqu'à ce qu'il pose ses deux petites mains sur les joues de la rousse, plongeant ses yeux mordorés dans ceux de sa mère. La même couleur, les mêmes cheveux, son fils, sa chair...Il était tout pour elle, et chaque jour elle se battait pour protéger ce petit être qui gardait si jalousement le cœur de sa mère.

Je t'aime Maman

Le serrant contre elle malgré l'eau, elle lui murmura tendrement à l'oreille Moi aussi je t'aime Yashiro tandis qu'une larme s'échappait et coulait sur sa joue. Elle ne voulait pas que son fils la voit pleurer aussi elle fit bien vite disparaître la goutte d'eau, se reculant pour faire un grand sourire au garçon. Plus tard il serait un guerrier, il rentrerait à l'académie pour y apprendre à se battre, mais pour le moment il était son amour, son bébé, et elle ne souhaitait rien d'autre que le protéger. Elle l'envoya jouer dans la pièce principale et s'assied sous le jet d'eau, les larmes coulant en silence sur son visage. Yashiro ressemblait à son père, entendre prononcer par la bouche de son fils les mots qu'elle aurait voulu voir sortir de celle du père rouvrait des blessures encore mal cicatrisées. Elle resta un moment assise contre le carrelage à pleurer silencieusement, une main sur la bouche pour qu'aucun sanglot ne s'échappe.



Elle se souvenait de chaque instant avec son fils, de la première fois qu'il s'était assit, de la première fois qu'il avait réussi à faire quelques pas, sous les regards médusés des autres divisionnaires et l'oeil amusé de Kenpachi-sama...Un bébé de 9 mois capable de faire trois pas, force est d'avouer qu'il ne devait en avoir beaucoup. Tsukane l'avait laissé faire, émerveillée des gazouillements de son fils, qui avait bien vite rejoint le sol dans un grand éclat de rire. Quelques semaines plus tard il avait retenté l'expérience avec succès, allant jusqu'à Yachiru-sama qui rougit brièvement devant cette attention...La première fois qu'il avait mangé seul, la première fois qu'il avait parlé...tout autant de choses qu'il n'avait pas pu partager avec son père, le remplaçant par la multitude d'hommes qui constituait son entourage. Son premier mot...La jeune femme ne put retenir un sourire au travers de ses larmes, la scène se rejouant à merveille devant ses yeux.

Le dojo principal était baigné par les rayons du soleil, la chaleur étouffante ne pénétrant pas plus grâce aux panneaux de bois qui apportaient une ombre salvatrice. De longues tables avaient été installées au fond, laissant le centre de la pièce vide pour permettre à la fukutaisho de faire ses allées et venues intempestives comme bon lui semblait. Kenpachi-sama était quant à lui assis au fond, l'air de profondément s'ennuyer. Réunion des sièges...Les huit membres les plus hauts placés de la hiérarchie de la onzième division faisaient face à leur capitaine sans vraiment savoir à quoi rimait cette mascarade, ils avaient tous posés leur zanpakuto devant eux, sur les tables, attendant presque sagement qu'on leur explique. Entre Madarame-sama et Yumichika-sama se trouvait la place vide de Nichol, n'ayant pas été remplacé depuis sa trahison qui remontait maintenant à deux ans. Tsukane, nouvellement promue au rang de sixième siège, s'était assise à la droite du brun narcissique tandis que son fils s'était calmement mis dans un coin, jouant avec une peluche. L'enfant avait semble-t-il comprit que sa présence n'était que tolérée, aussi s'appliquait-il à ne pas se faire remarquer, ne pas énerver tonton Kenpachi comme avait dit sa mère.

Yachiru-sama prit la parole de sa petite voix enfantine, expliquant qu'apparemment les autres faisaient et que ça avait l'air marrant. La rousse entendit clairement le troisième siège soupirer tandis que les autres gardaient le silence. S'ensuivit un long discours de la lieutenante sur le fait que le chauve ne faisait que râler, qu'avec une tête pareil on ferait mieux de se taire, les habituelles remarques en somme. Tsukane tourna la tête pour voir ce que faisait son fils, pour remarquer qu'il s'était faufilé entre elle et Yumichika-sama, voulant attraper l'arme de sa mère pour jouer avec. Elle repoussa Hasugin'ori de la portée des petites mains et fit un sourire désolé à ses supérieurs.

Zanpa'!!!!

Le silence se fit immédiatement dans la salle, tous étaient surpris que Yashiro ait parlé, surtout un mot pareil...Des mois que les paris trainaient sur quel serait son premier mot..."Maman" était trop banal, "Papa" était inconcevable...La jeune femme avait bien vite laissé tomber le compte des absurdités que ses codivisionnaires pariaient, vu que bien souvent cela tombait bien bas...Mais que l'enfant prononce "zanpa", personne ne s'y était attendu.


La rousse se releva doucement, essuyant les quelques larmes qui s'égaraient encore sur ses joues, s'habilla et récupéra son fils pour l'emmener à la quatrième division. Ce soir elle règlerait une des choses qui la poursuivait depuis bien trop longtemps, même si elle ne savait pas comment celà allait terminer. Une fois Yashiro placé sous le contrôle bienveillant de Unohana taisho, elle repartit à la onzième division à la recherche de Nichol, qu'elle trouva sur le pas de la porte de ses anciens appartements. Tsukane laissa son corps et son cœur prendre le contrôle et se jeta sur lui, embrassant avidement cette bouche qui lui avait tant manqué, l'entrainant dans la pièce pour le plaquer au mur. Elle se sépara à regret des lèvres de l'homme, plaquant sa main dessus pour l'empêcher de parler pendant qu'elle lui murmurait à l'oreille.

Je t'aime mais je t'en veux! Toutes ces années sans...ce soir tu es à moi, tu m'appartiens...Mais je te hais toujours autant!

Sans lui laisser plus de temps pour faire autre chose que hocher la tête, elle s'empara à nouveau de ses lèvres. Il était à elle pour la nuit, elle pourrait le sentir son corps contre elle, en elle, et elle fit taire ses pensées pour se laisser guider par son instinct, s'endormant au petit matin contre lui, une main posée sur son torse.

Le jour s'était levé sur les deux corps assoupis sur le futon, et Tsukane s'était levée sans un bruit. Elle devait aller récupérer son fils, s'occuper un peu de lui, aller faire ses entraînements matinaux, vérifier que les divisionnaires n'avaient pas mis le Seireitei à feu et à sang pendant la nuit, bref des taches quotidiennes et routinières dont elle s’acquitterait presque avec joie, ne voulant pas rester plus longtemps avec cet homme qu'elle aimait autant qu'elle le haissait, qu'elle désirait autant qu'il la dégoûtait. La rousse se rhabilla sans un mot ni même un regard pour celui avec qui elle avait passé la nuit, le souvenir de ses mains sur sa peau, des baisers qu'ils avaient échangés, de toute la nuit en fait, était bien trop présent à son esprit. Elle, la guerrière froide et au fonctionnement presque mécanique, s'était laissée aller dans un débordement de passion et de désir, chose qu'elle n'avait plus connu depuis...trop longtemps...

Elle ne devait pas lui accorder un regard, sous peine de vouloir lui pardonner immédiatement tout ce qu'elle pensait être de sa faute. Froide, distante, voila ce qu'elle était devenue et ce qu'elle resterait, les changements qui pourraient s'opérer par la suite ne seraient que motivés par son fils. Elle finit de s'habiller, ajustant son hakama avec une lenteur cependant volontaire. Il aurait suffit que le blond prononce un mot, un seul...bon peut-être deux ou trois autres...et elle serait retournée auprès de lui. La jeune femme se maudissait intérieurement de ce comportement presque frivole, cette facilité qu'avait son cœur à espérer des mots qui n'existaient que dans ses songes.

Est-ce que je peux lui parler ?

Plongeant son regard dans celui de l'homme, elle y lu des choses qu'elle ne connaissait que trop : doute, peur d’être rejeté, amour, colère... Tout ce qu'elle avait ressenti et gardé pour elle, tout ce qui se cachait encore dans son cœur, elle pouvait en voir le reflet dans les yeux du platine. Détournant bien vite les yeux pour ne pas céder un pouce de terrain, elle finit de se préparer, recoiffant sa chevelure avec plus d'attention que nécessaire, avant de murmurer qu'il pourrait le faire le soir-même. Avant même qu'il ait pu à nouveau la toucher, la shinigami prit la fuite, esquivant les bras de l'homme pour enfin sortir à l'air libre. Ce n'est que lorsqu'elle eut passé le coin, après avoir vérifié que personne ne la voyait, qu'elle se laissa glisser contre le mur, la main sur la bouche pour s'empêcher de crier ou de pleurer. Elle qui avait tant souhaité le retour de celui qu'elle aimait, qui voulait le revoir à tout prix, qui avait même envisagé de trahir son capitaine pour rejoindre l'ancien Quatrième Siège en apprenant qu'elle était enceinte, cette même femme se sentait désormais coupable de s'être laissée aller, de lui avoir si facilement permis de l'atteindre sans vraiment se battre. En cet instant précis, elle haïssait son cœur de femme, qui la rendait si sensible, si faible face à celui qui lui avait fait tant de mal. S'accordant cinq minutes pour retrouver la maîtrise de ses émotions, elle regarda le ciel, sans nuages, d'un bleu lisse et profond. Des journées comme celle qui commençait, il y en avait eu beaucoup depuis l'annonce de sa maternité, certaines plus marquantes que d'autres.

Alors qu'elle se relevait pour aller chercher son fils, elle vit passer Ikkaku, Ayasegawa et d'autres, la dépassant sans même la remarquer. Et vu leur air vindicatif, les chances de les voir aller siroter un thé étaient plus que minces. Les suivant discrètement, la rousse s'arrêta finalement à quelques mètres d'eux lorsqu'ils s'en prirent à Nichol...Les deux grands ennemis, enfin l'un en face de l'autre depuis toutes ces années...Restant immobile jusqu'à entendre finalement la voix du troisième siège s'élever, Tsukane préféra se taire et disparaître plutôt que d'intervenir. Bien que ce combat soit le sien, une petite mise au point entre les membres de la division et le quatrième siège enfin revenu ne pouvait que faire du bien. Elle se rendit au bâtiment principal de la Quatrième Division pour récupérer son enfant, ce dernier l'accueillant en se ruant sur elle. D'un regard et d'un sourire, elle remercia la capitaine, avant de prendre le petit garçon dans ses bras, l'écoutant distraitement babiller sur ses occupations de la soirée et de la matinée. Unohana Taisho s'était montrée d'une grande aide pendant les neuf mois de la grossesse, sermonnant à l'occasion Kenpachi-sama pour son attitude envers sa sixième siège. Les mois suivants, elle rendait souvent visite à la Onzième Division sous prétexte de soins divers, s'attardant pour parler avec Tsukane, et par extension à son capitaine. La rouquine n'en savait pas plus, mais les deux taishos s'étaient bizarrement rapprochés pour finalement s'afficher ensemble, couple étrange et pourtant harmonieux, même si voir son capitaine sourire pour autre chose qu'un combat était franchement terrifiant. Revenant dans ses appartements, elle s'occupa Yashiro avant de l'emmener avec elle dans le dojo principal, laissant l'enfant jouer sur le sol pendant qu'elle s'occupait d'un peu de paperasse.


Jusqu'à la nomination de la jeune femme au rang de sixième siège pour des raisons purement médicales, les dossiers et autres papiers administratifs revenaient au troisième siège, la lieutenant ayant décidé que cette tache n'était ''pas drôle, juste bonne à faire pour la boule de bowling''. C'était donc le sus-nommé qui remplissait les longs courriers, les rapports de missions et tout le reste, sous le regard plus ou moins attentif de son compagnon narcissique habituel. C'était aussi lui qui avait formé la nouvelle sixième siège, restant parfois avec elle quelques heures pour vérifier que le travail était bien fait. Au fil des jours, il se montrait plus pointilleux, insistant pour revoir un dossier particulier, ce qu'Ayasegawa-sama n'appréciait que peu. Ce dernier finit par laisser les deux shinigamis seuls, prétextant que l'ennui abîmait sa beauté parfaite. Madarame-sama et Tsukane restaient alors seuls dans le bureau, discutant plus qu'ils ne travaillaient réellement. Elle apprit ainsi qu'il n'était pas mécontent qu'il y ait une autre présence féminine à part la fukutaisho, enfant qu'il avoua à demi-mot adorer malgré son caractère impossible. Personne à part le capitaine, Yachiru et Unohana taisho n'était au courant de la grossesse de la rouquine, cette information resterait cache jusqu'à ce que le ventre de la jeune femme soit trop arrondi pour qu'elle puisse le cacher. Habituée à se battre quoiqu'il arrive, elle continuait les entraînements et les missions, la rage qu'elle gardait en elle lui permettant de se surpasser et de briller à maintes reprises.

Des signes jusqu'alors totalement indéchiffrables se firent plus présent, alors que la rousse demoiselle combattait les malaises qui la terrassaient de plus en plus souvent. Un sourire chaleureux lorsqu'elle rentrait de mission, une main sur l'épaule quand il commentait son entraînement, les longues heures passées dans le bureau l'un à côté de l'autre, des regards discrets lors des repas...Jusqu'à cette nuit-là, une qui avait tant fait rêver la toute jeune fille qui était rentrée à la Onzième Division. Soir de repos, les divisionnaires s'étaient retrouvés dans l'un des pavillons pour boire leur éternel saké et parler de sujets tous plus graveleux les uns que les autres. Tsukane s'était appuyée contre le linteau de l'entrée, l'alcool lui étant désormais interdit pour la santé de la vie naissant en elle, observant les hommes, souriant discrètement à leurs blagues et histoires. L'entente entre les membres masculins et la jeune femme était meilleure, ils l'acceptaient bien mieux qu'avant, l'autorisant tacitement à prendre part à leurs soirées depuis sa nomination. Les yeux dans le vide, elle écoutait les conversations sans vraiment y prêter attention, son esprit occupé par les nombreuses questions qu'elle se posait. Comment allait Nichol ? Était-il toujours en vie. La cherchait-il ou l'avait-il totalement oubliée ?

Hey , t'sais à quoi ça sert les ptits reliefs autour du téton des nanas?

Tsukane, j'ai envie de toi...

La jeune femme sursauta légèrement, sans toutefois se retourner. Elle connaissait cette voix qui murmurait à son oreille par coeur, tout comme l'odeur de l'homme à qui elle appartenait, légèrement masquée par celle du saké. Elle n'avait même pas remarqué qu'il avait quitté la pièce, ni qu'il s'était placé derrière elle. L'attirant en arrière, il enserra sa taille dans la pénombre la dérobant aux regards éventuels des autres, enfouissant son visage dans le cou de la jeune femme. Le cœur de Tsukane battait la chamade, l'homme qui avait en partie motivé son entrée à la division de l'Achillée se tenait là, pressant son corps chaud, musclé et si attirant tout contre celui plus délicat de la jeune femme. Sans un mot elle éleva doucement sa main, caressant la nuque de l'homme avant de se retourner, plongeant son regard mordoré dans celui de son vis-à-vis. Aucun mot n'était nécessaire, leurs yeux parlant pour eux. Dans un silence juste troublé par les rires des hommes dans la salle, trop occupés pour remarquer quoique ce soit, il la plaqua contre le mur et l'embrassa, sauvagerie et délicatesse mêlés, désir impérieux et attente trop longue. Se pressant l'un contre l'autre dans une rage d'une infinie douceur, leurs bouches donnaient des raisons à cette attente qu'aucun mot ne venait troubler, juste un empressement qui relevait presque du manque impérieux de l'autre. Sans savoir comment, ils rejoignirent un futon, laissant leurs corps exprimer ce qu'aucun des deux amants n'aurait pu dire à voix haute.

Un rêve...Cette nuit, ces instants, lui avait semblé être un rêve qu'elle désirait depuis si longtemps, l'illusion de la chaleur contre son dos semblait si réelle, cette respiration paisible si douloureusement aimée. Ouvrant à regret les yeux, elle ne reconnut pas ses appartements, ni les draps dans lesquelles elle se trouvait...se pouvait-il que...Un bras passé autour de sa taille, finement bronzé, l'enserra un peu plus avant de la tourner vers le propriétaire dudit bras, laissant Tsukane totalement surprise. Elle avait effectivement passé la nuit avec le troisième siège, son corps courbaturé lui rappelant qu'ils n'avaient pas travaillé sur de la paperasse. Laissant échapper un ''Madarame-sama!” gêné, la shinigami rougit fortement, son visage prenant une teinte proche de celle de sa chevelure. Se redressant pour se placer au dessus d'elle, seulement surélevé sur ses coudes, l'homme lui sourit, de ce sourire qu'elle avait toujours rêvé avoir juste pour elle, avant de l'embrasser langoureusement. Poussant de toutes ses forces contre ce corps qu'elle avait fantasmé pendant des années, elle recula.

Madarame-sama...c'était une...
Tais-toi et embrasse-moi!

Leurs lèvres se joignirent à nouveau dans un empressement sans égal, leurs corps se frôlant à l'unisson sur un rythme que seuls eux connaissaient. Rompant une nouvelle fois le baiser, la jeune femme rougit de plus belle, haletante, hésitant entre le désir brûlant qui la poussait vers le beau troisième siège, et sa conscience qui lui rapellait douloureusement qu'elle portait l'enfant d'un autre.

Madarame-sama...on ne...

Un nouveau baiser ferma les lèvres de la demoiselle qui se laissa totalement emporter par le désir du corps de son supérieur contre elle, en elle. Soupirant alors qu'il relâchait sa bouche pour s'attaquer à son côté, elle ferma les yeux. Elle pouvait sentir sa respiration contre la peau tendre de son cou, qu'il mordilla doucement, avant de lui murmurer à l'oreille ''Et arrête de m'appeler Madarame-sama...'' Un fin sourire se dessina sur son visage, première réelle expression depuis des mois, avant qu'elle ne rejoigne Ikkaku dans un corps à corps digne de la Onzième Division...La victoire et la petite-mort...


Ses joues légèrement rosies au souvenir de ces instants avec son supérieur, elle s'aperçut que l'heure avait plus avancé qu'elle ne le croyait. Yashiro s'était allongé en plein milieu de la pièce, jouant tranquillement avec une réplique en bois du zanpakuto de sa mère, tournant la tête de temps à autre pour voir si celle-ci avait fini son travail. Lui répondant par un sourire, Tsukane se leva et lui tendit la main, pour enfin sortir dehors respirer l'air de cette après-midi ensoleillé. Dans quelques heures, elle devrait accepter que le père du petit garçon approcher son fils, qu'il lui parle...A cette pensée, son sang bouillonnait, son cœur se remplissait de haine, mais elle devait garder un visage souriant pour le petit être qui était accroché à sa main, suspendu à la moindre expression changeante sur le doux et paisible masque de sa mère. S'agenouillant devant lui avant qu'ils ne se dirigent vers le terrain principal d’entraînement, elle l'embrassa sur le front.

Mon ange...mon guerrier...le monsieur d'hier voudrait te parler aujourd'hui...Tu seras sage n'est-ce pas?
Oui Maman!

Le sourire de l'enfant guérissait toutes les incertitudes de sa mère, lui permettant d'avancer malgré les difficultés. Pour celui qu'il lui adressait à cet instant précis, elle aurait pu soulever des montagnes, décrocher la lune pour ensuite aller combattre Kenpachi-sama avec les yeux bandés. Pour un sourire de son fils, elle serait capable de tout. Main dans la main, la mère et son fils cheminèrent jusqu'au terrain , l'heure de la confrontation entre le père et le petit garçon approchant bien trop vite pour elle.