Quand on ne trouve pas qui l'on cherche [Sôjiro Kosuke]

La pluie battante frappait le sol et les toits des baraquements de la 5e Division, laissant entendre une mélodie naturelle mais ô combien mélancolique, peut-être était-elle la seule à l'entendre ou du moins à y faire attention en ce moment précis puisque le silence régnait en maître sur dans le bureaux qu'elle partageait avant avec lui. Lui qui l'avait blessée, abandonnée, marquée à jamais. Sûrement était-ce pour cela que cette triste complainte aqueuse parvenait à ses oreilles, oui, elle était dans un état d'esprit maussade et le temps n'arrangeait pas les choses, elle se sentait d'avance devenir plus chagrinée rien qu'en songeant que plus tard, elle devrait jeter un coup d'œil au ciel qui devait être gonflé du nuages gris.

'' C'est bien peu folichon comme pensée, Momo. '' laissa échapper une voix fluette, il s'agissait de celle de Tobiume.

Effectivement, son Zampakuto lui parlait de plus en plus souvent depuis qu'Hinamori était sortie de la 4e Division où elle y avait demeuré durant toute sa longue convalescence. Pourquoi donc? Et bien, depuis qu'on lui avait tout raconté à propos de la trahison de son Capitaine, elle s'était en quelque sorte repliée sur elle-même, elle ne sortait que peu de sa Division et ne cherchait pas trop à avoir de la compagnie. Parce que de toute façon, les gens ne pouvait la comprendre, certains d'entre eux ne voulaient peut-être pas effectuer l'effort de le faire, sans doute que pour eux, l'idée même de ne plus penser à celui qu'ils dénommaient ''Aizen le traître'' était simple.

Mais pour elle c'était inconcevable. Elle ne pouvait pas se détacher de lui aussi facilement, il était tout pour elle, il avait pris tant de place dans sa vie à partir du moment où elle l'avait aperçue à l'Académie des Shingami, tout ce qu'elle avait fait à partir de ce moment n'avait pour but que de lui permettre de s'approcher de lui. Comment pourrait-elle renier cela? Cela sera comme renier une part d'elle-même, déjà qu'elle l'avait perdue, qu'il l'avais laissé, la condamnant à la douleur de ne plus pouvoir être près de lui, l'enchaînant ainsi à la solitude la plus totale. Comment ces gens pouvaient-ils oser penser qu'après avoir perdu ce à quoi elle tenait le plus, elle n'aurait rien contre mutiler son cœur.

Pour le Gotei 13, son Capitaine était devenu le sujet tabou, le secret de polichinelle connu de tous et duquel il ne fallait absolument plus évoquer le nom, seuls les hauts dirigeants le faisaient et ce pour préparer des offensives servant à attaquer son Capitaine. Autant dire que de nombreux regards en coins visaient la 5e Division, puisque c'était celle qu'il avait dirigé -avec perfection, mais s'il n'était pas parti, s'il n'avait pas fomenté ce complot, personne, oh personne n'aurait rien eu à dire sur la façon dont il menait sa division-. Elle détestait cela, cette hypocrisie ambiante autour de sa Division, on leur faisait des sourires compatissants lorsqu'on était en face d'eux, mais une fois le dos tourné on les incriminait de ne rien avoir vu venir, surtout elle. Elle qui était si proche de son cher Capitaine aurait dû se douter qu'il préparait un mauvais coup, surtout qu'elle avait noté un changement de comportement dont son supérieur lui avait dit de ne pas s'inquiéter, et Abarai avait lui aussi appuyer ce conseil à l'époque. Mais elle était Hinamori Momo et personne ne la changerait. Elle ne parlait plus du Capitaine Aizen -ou rarement- à voix haute, cependant toutes ses pensées convergeaient vers lui et personne ne changerait ça.

Hinmori pouvait donc affirmer que personne ne comprenait, personne ne pouvait comprendre à quel point elle se sentait seule sans lui, à quel point elle aurait aimé avoir personne avec qui en discuter pour s'en libérer sans se sentir coupable. Enfin, il y avait bien le Capitaine Unohana mais tout aussi aimable qu'elle puisse être, Momo ne parvenait pas totalement à ouvrir son coeur et à s'adresser à elle le plus honnêtement possible.

Momo avait comprit, et ce avec bien du mal, que son Capitaine n'était peut-être pas aussi parfait qu'elle le pensait, qu'il avait un côté sombre, qu'il avait à présent des ambitions que les autres qualifiaient de mauvaises. Mais elle l'acceptait, elle ne pouvait en faire autrement. Son Capitaine restait et resterait son Capitaine, quoi qu'il lui en coûterait: ce n'était pas le coup de sabre qu'il lui avait asséné ni le regard méprisant avec lequel il l'avait toisé qui changeraient ça. Il était en vie, c'est tout ce qui lui importait, le reste n'avait pas d'importance, elle le lui avait même dit avant qu'il ne la poignarde.

'' Momo...''

Oui, le sachant vivant et en quelque sorte heureux, elle pouvait vivre et avancer. Le Capitaine avait dit à Renji qu'il ne pensait pas qu'elle en soit capable, il s'était trompé, elle n'irradiait pas de joie mais elle survivait, dans la douleur et la solitude mais elle y parvenait.

'' Hey tu m'écoute?! En plus tu n'es pas toute seule!''

Mais si il venait à périr, alors il ne resterait à Momo plus qu'à mourir. Elle se souvenait de la douleur en voyant le faux cadavre sur le Mur Sacré Est, elle se souvenait la douleur de voir son sang rougeoyant couler sur le mur blanc, elle se souvenait du froid qui l'avait envahi sentant le monde s'écrouler sous ses pieds, elle se souvenait du désespoir qu'elle avait ressenti à ce moment et du hurlement qui n'avait suffit à totalement exprimer sa peine, et elle se souvenait à quel point elle avait souhaité que ce ne soit elle qui soit clouée et ensanglantée sur ce mur si cela avait permis au Capitaine de vivre. Elle se serait sacrifié avec joie, car pour elle rien ne comptait plus que lui...

'' Momo! Tu es en retard! En retard!''

Comment?

'' J'essaie de te dire que tu es en retard depuis tout à l'heure! Mais toi, trop obnubilée par ton héros perdu, tu ne m'écoute pas! Des fois, je me dis vraiment que je parle à un mur et que...''

la Vice-Capitaine n'écoutait déjà plus la voix de Tobiume pester contre elle et son regard balaya lentement la pièce pour s'arrêter à l'horloge, sur l'heure que les aiguilles indiquaient plus précisément. Aie. En retard! En retard! Elle était en retard! Sans une ni deux, elle se saisit des dossiers qu'elle avait à remettre au Vice-Capitaine Sasakibe, heureusement qu'elle les avait achevé un peu plus tôt dans la matinée.

''Espérons qu'il est de bonne humeur...'' murmura-t-elle.

Car effectivement, son aîné était assez pointilleux en ce qui concernait la ponctualité mais aussi la maintien du calme... c'était sans doute l'une des raisons pour lesquelles il avait souvent l'air blasé durant les réunions de Vices-Capitaines. Il n'avait pas la vie facile, entre gérer ceux qui s'enflammaient pour un rien, se montraient insolent, mangeaient durant les réunions, ne s'y présentaient même pas ou bien y arrivaient en retard (comme elle le faisait souvent), on comprenait qu'il soit constamment strict, devenir laxiste serait signer son arrêt de mort car actuellement les comportements évoqués si dessus étaient déjà modérés.

Elle se leva et se dirigea vers la porte avec un léger empressement, n'oubliant pas de se munir de son parapluie traditionnel, en plus d'arriver en retard il serait vraiment mal venu de se présenter trempée jusqu'aux os. Elle enfila rapidement ses sandales et passa la porte prenant bien soin de la refermer sans se soucier de la tasse de thé encore tiède qu'elle n'avait même pas entamée. S'en suivit une petite course dans les couloirs de la 5e Division, au passage elle croisa le troisième Siège qui devait bien se demander où elle se dirigeait à toute allure, lui qui avait plutôt l'habitude de la voir se cloîtrer dans son bureau sans se montrer de la journée.

Elle passa par un raccourci, le même raccourci qu'elle avait utilisé ce jour maudit, elle avait déployé le parapluie de façon à se protéger elle et ses précieux documents de la pluie. Cependant elle ne parvint pas à se préserver de la sensation d'angoisse qui naquit au fond de son ventre comme si elle se préparait à voir au prochain embrochement du chemin qui donnait sur le Mur Sacré Est la même vision d'horreur qu'elle avait pu observer plusieurs mois de cela. En se sentant approché près de l'endroit fatidique, elle ne pût qu'accélérer le pas et baisser la tête pour ne rien voir du rempart blanc qui lui avait causé et qui lui causait encore tant de cauchemars.

Plusieurs minutes plus tard, le désagréable poids qui pesait sur son estomac commençait à disparaître, c'était une bonne chose, de plus elle avait enfin atteint l'entrée des quartier de la 1ere Division. Même si elle était en retard. Et Essoufflée. Elle aurait peut-être dû utiliser le Shunpo pour aller plus vite et être un peu plus présentable. Qu'importait au fond, le mal était fait. Après avoir repris sa respiration correctement, elle souffla:

'' Au moins, j'y suis.''

'' Et grâce à qui? Si je ne t'avais pas prévenue tu aurais totalement oublié ton rendez-vous et tu te morfondrais encore sur ton sort.''

Oui, merci Tobiume. Elle lui devait tant, aller à un rendez-vous en retard était une chose, ne point s'y présenter en était une autre. Momo risquait fort de se faire enguirlander mais toujours mois que si elle n'avait pas pris la peine de venir. On ne pouvait pas dire que la ponctualité était le point fort de la demoiselle, déjà lorsqu'elle vivait au Rukongai, elle n'était jamais (ou rarement) à l'heure le soir à la maison, elle avait bien causé du tracas à grand-mère et de l'agacement à Shiro-chan à ce sujet. Elle se souvient aussi de son premier jour à l'Académie, elle était dans la classe d'élite, cependant, elle n'avait pu assister au discours du doyen que de l'extérieur de la salle, sans compter le savon qu'elle s'était fait passer par la suite. Elle n'avait été en retard que un ou deux matin lors de son incorporation à la 5e Division, passant encore inaperçu parmi les rangs. Puis une fois officiers, elle avait dû faire plus attention. Par contre, jamais elle n'avait été en retard lorsque le Capitaine Aizen et elle avait de la paperasse commune à faire, non jamais. Par contre, on ne pouvait pas dire que cela était le cas pour les réunions des Vices-Capitianes.

'' Accélère le pas au lieu de babiller, pas que tes soliloques m'agacent, mais bon.''

Elle replia son parapluie et se dirigea vers le bureau du Vice-Capitaine, une fois devant la porte, elle vérifia l'état des documents, tout était conforme, aucune trace d'eau, ni ratures sur les rapports effectués, de toute manière Momo avait toujours été très soigneuse concernant cela. Elle toqua à la porte.

Silence.

Etait-il parti las de l'attendre? Il n'atait pas du genre à oublier une quelconque entrevue même si elle était minime. Alors qu'elle commençait à réfléchir à l'endroit où elle pouvait trouvé le Vice-Capitaine Sasakibe, elle aperçu un Shinigami, elle l'interpela donc:

'' Excusez moi!''

Lorsqu'ayant conscience qu'on l'appelait, l'individu se retourna, Momo eut un petit hoquement de surprise. Il s'agissait d'un officier qu'elle avait déjà eu le loisir de croiser à quelques reprises, et dire qu'elle ne l'avait pas reconnu avant...

'' Veuillez me pardonner de vous déranger Troisième Siège Kosuke. Vous n'auriez pas vu votre Vice-Capitaine? J'ai des documents à lui communiquer et je ne le trouve pas.''