Un matin ordinaire à la Dixième Division

Il était encore tôt quand Rangiku traversa le Seireitei pour gagner sa Division. Par tôt, comprendre qu’il était 11 heures du matin, bien sûr. La fukutaisho s’était levée moins d’une heure auparavant, accompagnée d’une amie de longue date appelée gueule de bois. Rien de bien nouveau, en somme, et Rangiku connaissait les meilleurs remèdes pour être en forme en un rien de temps. Ce qu’elle n’allait pas non plus crier sur tous les toits, profitant de son excuse douloureuse pour marcher au ralenti le matin ou l’après-midi, en fonction de l’heure de la beuverie et de son réveil. Cela marchait, parfois. Lorsque son taisho était de bonne humeur, ce qui n’était pas très fréquent, il évitait de lui crier dessus trop vite. Peut être avait-il un peu de compassion pour sa pauvre Fukutaisho souffrante… Ou alors il estimait que sa gueule de bois carabinée était une punition suffisante, dixit Ikkaku. Pfff, elle préférait encore la première version. Même si son pote chauve devait avoir raison, sniff, monde cruel. Enfin bon, tout ça pour dire qu’elle préférait qu’on ignore le plus longtemps possible qu’elle possédait un remède miracle en provenance direct de la Quatrième Division.

Pourquoi cette nouvelle gueule de bois matinale, demanderez-vous , Très simple. La veille, la bande d’alcoolo du Seireitei, comme ils étaient souvent surnommés, s’était réunie pour faire la fête. Rien d’inhabituel, en somme. Sauf la raison de cette fête. Ils avaient célébrés à grand renfort de sake la nomination de Shuuhei au poste de taisho de la Neuvième Division. Et un tel évènement n’arrivait pas tout les jours, et tombait qui plus est à point nommé vu la situation actuelle, aussi les membres du groupes avaient-ils apporté le meilleur sake en leur possession. Et la fête avait duré toute la nuit. Rangiku avait bien vu que le roi de la fête n’était pas vraiment parmi eux. Mentalement, s’entend. Quelque chose semblait le rendre soucieux, probablement ses nouvelles responsabilités, aussi la fukutaisho avait-elle voulu l’aider à se détendre en l’encourageant à boire et en l’accompagnant allègrement. Mais après coup, rangiku se rendait compte que son ami n’avait pas tant bu que cela. Ses préoccupations devaient être vraiment sérieuses. Une raison de plus pour laquelle elle n’avait aucune envie de devenir taisho un jour, quand bien même Haineko se déciderait à coopérer en l’aidant à développer son bankai. Quelle garce celle-là… Enfin, elle s’égarait, là. Elle irait peut être faire un tour à la neuvième, un peu plus tard, voir si elle pouvait aider à remonter le moral de Shuuhei.

Mais ça, ce serait pour plus tard. Pour le moment, elle devait regagner sa Division afin de s’acquitter un minimum de la paperasse qui s’accumulait sur son bureau. Un minimum, hein. Non parce que ces… choses étaient sûrement dangereuses pour la santé. Personne ne voulait la croire, mas Rangiku en était convaincue. Comment expliquer le comportement… coincé et raide, à défaut de meilleurs mots ou du moins de moins polis, de certains taishos Ceux s’acquittant avec le plus de sérieux de leur tâche, s’entend. Mais bon, rien ne pressait, n’est ce pas ? Ces maudits papiers n’allaient pas disparaître si elle prenait son temps pour arriver. Malheureusement. Non, ne pas y penser… Surtout pas. Profiter de l’instant présent. Admirer le ciel bleu, écouter els petits oiseaux chanter, savourer les dango qu’elle était allé acheter à peine remise de sa gueule de bois, tout en chantonnant une chanson qu’elle avait entendue lors de son dernier passage dans le monde des humains. Une chanson entraînante qui pouvait se révéler agaçante à terme, mais qu’elle adorait. Et dont elle faisait profiter tous les shinigamis qu’elle croisait. Il ne fallait pas être radin avec les choses amusantes.

Elle arriva finalement en vue de sa Division et salua ses subordonnés qu’elle croisa sur son chemin, échangeant commentaires et blagues tout en finissant ses dango. Et puis, alors que 11 h 30 allaient sonner, elle pénétra enfin dans son bureau. Et poussa un soupir à fendre l’âme. La pile de dossiers était là, l’attendant fièrement, comme pour la narguer. Ciel, elle était déjà fatiguée rien qu’à les voir. Elle s’approcha de son bureau et observa les dossiers comme s’ils étaient une bête dangereuse prête à lui sauter à la gorge à tout moment. Elle contourna le meuble en poussant un nouveau soupir accablé, avant de s’asseoir devant les… choses administratives qui l’attendaient. Elle posa un coude sur le bureau et y appuya son menton, arborant une expression malheureuse.

« Celui qui invente le sort capable de terminer la paperasserie en un claquement de doigts, il aura le droit à ma reconnaissance éternelle et un accès quasi illimité à ma réserve de sake…. »

Quel sort magnifique et utile ce serait là. Le plus utile de tous, assurément. Pourquoi diable personne n’avait encore jamais essayé de l’inventer ? La Soul Society n’avait pas manqué de génies, pourtant !! Rangiku se dit qu’elle devrait peut être demander à son taisho d’essayer. … On pouvait toujours rêver, non ? Sniff.

Perdue dans ses lamentations, Rangiku n’avait pas entendu ou senti son taisho approcher et pénétrer dans le bureau. Un comble. Elle était quand même sa fukutaisho. Et un fukutaisho se devait d’être toujours conscient de la présence de son taisho, d’être attentif à tous ses besoins afin de le seconder au mieux. Et c’était ce qu’elle s’efforçait de faire en toute circonstances… n’impliquant pas de la paperasse. Quand elle disait que ces choses là étaient nocives !! Elles l’empêchaient d’accomplir convenablement son devoir et la faisaient passer pour une fukutaisho indigne. Voilà, tout était de leur faute ! Elle n’était que la pauvre victime de leur pouvoir démoniaque ! Elle pouvait demande une indulgence, dans cette situation, non ?

Quoi qu’il en soit, elle avait manqué une fois de plus l’arrivée de son taisho et manqua bondir jusqu’au plafond quand la voix de Toshiro brisa le silence qui avait suivi ses paroles.

« Whaaaaa !!! »

Elle n’avait peut être pas finie accrochée au plafond toutes griffes dehors comme un chat, elle n’en avait pas moins sursauté de plusieurs bons centimètres et sa poitrine avait une fois de plus manqué quitter sa place, c'est-à-dire sous les vêtements. Comment ça, si elle ne voulait pas que cela arrive elle n’avait qu’à pas s’habiller comme ça ? C’était de sa faute peut être si les vêtements étaient trop juste au niveau de la poitrine ? Et puis de toute manière, c’était plus joli comme ça. Pourquoi avoir de la poitrine si c’était pour la cacher ? Mais bon, ceci était un autre débat à garder pour plus tard. Il fallait rester concentrée sur le moment présent et surtout, sur son taisho qui ne semblait pas avoir l’intention de quitter la pièce de sitôt.

« Taishoooo, arrêtez de me prendre par surprise, comme ça !! je vais vraiment finir par croire que vous voulez vous débarrasser de moi en me faisant avoir une crise cardiaque !! Et ne plus, mes seins ont encore failli sortir ! »

Elle en profita d’ailleurs pour lrs remettre bien en place, nullement gênée par la présence d’Hitsugaya dans la même pièce. Elle était habituée, et puis, elle devait l’avoue, même si elle ne le ferrait pas à voix haute, mais elle adorait taquiner son chibi-taisho. Autre appellation qu’elle n’emploierait jamais à voix haute. Toshiro ne la tuerait pas. Normalement. Mais il trouverait sûrement un autre moyen de se venger. Impliquant probablement une tonne de paperasse. Bouuuuh. Son taisho pouvait être cruel et sadique, à ses heures. Il maniait l’instrument maléfique de torture qu’était la paperasse avec précision. Mais bon, en jouant bien la partie, elle pouvait obtenir de l’aide de sa part. Quand elle laissait trop traîner les choses, par exemple et que els délais impliquaient de rendre les dossiers le lendemain. Bon, elle devait aider, aussi, mais avec une bonne bouteille de sake, ça passait mi… Sake ? Minute… Qu’avez dit Toshiro en entrant ? Rangiku réalisa soudain le sens des paroles de son taisho et bondit de son siège comme un diable de sa boîte.

« Taisho, c’est pas drôle, ce genre de blagues… »

Elle traversa le bureau au pas de course et ouvrit un placard pour se figer telle une statue de pierre. Le placard... était vide. Complètement. Un grand désert. Plus une trace de sa réserve de sake. Nooon, c’était un cauchemar, ce n’était pas possible… Arborant sa moue de petite fille malheureuse versant de grosses larmes de crocodile, Rangiku se tourna vers son supérieur.

« Taiiiiishoo !!! C’est méchant ça !! Pourquoi vous m’avez fait ça ? Du si bon sake… »

Rangiku était persuadée d’une chose, en cet instant et dans ce bureau. C’était que son taisho voulait sa peau. Enfin, peut être pas à ce point, mais en tout cas, il avait décidé de la torturer longuement et de plusieurs manières possibles. Reprenons depuis le début. Premièrement, la pile de paperasse qui l’attendait sur son bureau à son arrivée et qui promettait de la faire souffrir de longues heures durant. Deuxièmement, Toshiro l’avait encore prise par surprise, arrivant derrière elle sans un bruit, manquant lui colle rune crise cardiaque et un étouffement par remontée joyeuse et bondissante de sa poitrine généreuse. Et enfin, il faisait disparaître son bébé, son trésor, le bonehur de sa vie, breeeef… sa réserve de sake. Sa précieuse réserve qu’elle gardait à portée de main pour se remonter le moral lors d’une looooooongue séance de paperasse, ou pour accueillir un ami arrivé à l’improviste. Franchement, si ce n’était pas de la torture et de la cruauté ça ? Qu’avait-elle donc fait pour mériter ça ??

D’accord, elle était de mauvaise foi. C’était plutôt de ce qu’elle n’avait pas fait que son taisho se vengeait. Mais bon, s’en prendre à du pauvre sake innocent !! Quel crime ! Comment avait-il pu s’attaquer à une cible sans défense. Bouuuuuuh, son pauvre sake !! Que le monde était cruel. Et dire que même ses larmes de crocodile n’attendrissaient pas son supérieur. Ca semblait l’amuser, même. Re bouuuuuh. Et dire qu’en d’autres circonstances, Rangiku aurait adoré continuer à taquiner son chibi taisho, surtout après que celui-ci lui ait demandé de changer de sujet, autrement dit d’arrêter de parler de sa poitrine. C’était tellement mignon de le voir gêné dans une certaine mesure par ça que sa fukutaisho aurait vraiment adoré en remettre une couche. Cela aurait été si amusant !!! Mais voilà, le sake avant tout. Ou presque…

Arborant toujours sa moue de petite fille malheureuse, Rangiku observa son taisho gagner son bureau, pour y déposer un dossier tiré d’un tiroir. La shinigami y posa un regard rapide avant de reporter son attention sur Hitsugaya, légèrement interrogative sous son masque larmoyant. Et en moins d’une seconde chrono, son expression changea du tout au tout. Cette fois, on venait d’annoncer à la petite fille que Noël était en avance.

« Mais noooooon, je plaisantais, taisho, vous savez comme je suis !!! Vous savez trop bien que je vous adore ! »

Ce qui n’était pas faux. Rangiku adorait son glaçon de taisho, qui savait heureusement se réchauffer quand c’était nécessaire. C’était bien pour cela qu’elle le taquinait autant. Mais bon, là n’était pas la question. Son supérieur venait d’évoquer une mission qui pourrait lui éviter la paperasse. Certes, cela ne serait que partie remis,e mais aucune importance. Plus tard c’était, mieux elle s’en porterait ! Elle se retint de justesse de se jeter au cou de son taisho tout en le suppliant de la laisser partir en mission avec lui. Ce qui ne l’empêcha pas de lui adresser un grand soupir et un regard empli d’étoile.

« Enfin, taisho, vous n’allez quand même pas partir sans moi ! C’est mon travail, de surveiller vos arrières et de vous seconder au combat ! »

Son expression s’était faite un peu plus sérieuse. Oh, elle voulait toujours échapper à la paperasse, hein, elle n’avait pas oublié. Mais il était hors de question que quelqu’un d’autre seconde de taisho. Elle était sa fukutaisho, et si quelqu’un devait le couvrir, voir prendre un coup à sa place, c’était elle et personne d’autre ! Et celui qui voudrait lui contester ce droit ferrait une connaissance rapprochée avec haineko. Enfin, s’il s’agissait d’un autre fukutaisho ou d’un subalterne, hein. Elle n’allait pas menacer un taisho, non plus. Le cas échéant, elle emploierait une autre méthode, c’était tout. Croisant les bras et adoptant un air déterminé, Rangiku regarda Hitsugaya droit dans les yeux.

« Je viens avec vous taisho. C’est mon devoir et ma volonté. »

Son taisho n’irait pas affronter du hollow sans elle, oh que non ! ce n’était pas qu’elle s’inquiétait pour la sécurité e son supérieur. Après tout, que pouvait un hollow contre l’un des taisho du Gotei 13 ? Non, cela n’avait rien à voir. Mais elle irait avec lui, point final. Son attitude changea à nouveau complètement et elle retrouva son attitude joyeuse et enthousiaste.

« Alors, quand partons nous ? »