Où il est question d'un lapin sans tanière et d'un majordome sans plateau. [pv Sôjiro Kosuke]

- Ridicule. Insensé. Sot. ..

Un récital de mauvaise fois. Elle ne pouvait pas l'admettre. Pourtant ses chevilles le lui criaient. Ses mollets crispés se taisaient. Ses genoux se sentaient roulés. Ses cuisses échauffées ne faisaient qu'acquiescer. Son souffle lui, ne tarissait pas d'éloge sur l'entreprise de la jeune fille. Mais son cerveau fulminait sérieusement ! Vraiment ce n'est pas une chose à faire. Si on t'y prenais tu serais bien perdue ! Que penserait-il LUI de cette action des moins réfléchie ? Surement se montrerait il ferme ? Ou bien n'y accorderait il pas même son attention ? Son dos craqua sur une énième marche. Une seule chose était sur; Elle était bien en train de faire ce qu'elle qualifiait de :

- .. Inepte. Absurde. Stupide. Déraisonnable.

A chaque marche son lot de synonymes. Lorsqu'elle arriva à court de vocabulaire, elle se mura dans le silence. Son corps lui n'en pouvait plus de cette ascension ! Quand enfin, le dernier pallier fut franchit on crut entendre un concert de soulagement. Les muscles se détendirent, le souffle s'allongea. Rukia était arrivée. Cependant elle ne laissa qu'un bref instant de répit à son corps si frêle, elle s'avança vers ce qui avait faillit la faire tout à fait disparaître. Un instant son esprit se perdit sur les lignes blanches, fièrement dressées vers le ciel.. puis le souvenir de son sauvetage. Encore une fois..

- Nii-sama..

Elle se détourne de cette histoire et part plus loin. Pourquoi cette soudain besoin de s'éloigner de l'agitation du seireitei ? Elle ne savait trop.. mais le besoin s'était fait sentir de remonter ici. Personne ne venait jamais troubler le calme de ce lieu de punition. Un léger tique releva le coin de sa bouche, elle avait bien faillit y laisser sa douleur. Secouant doucement la tête, elle s'accroupit au bord du vide, son regard caressa l'horizon avant qu'elle ne s'asseye. C'était tout de même une drôle de chose que de remonter sur cette falaise. La brise emporta ses cheveux noirs au devant d'elle. Elle aurait tant aimée les suivre dans leurs vols.

Son kimono frissonna. Le vent cessa.

Une main remit ses cheveux en ordre alors que les questions revenaient l'assaillir. Comme chaque jour. Comme chaque heure depuis qu'Il n'était plus là. Elle réagissait comme une enfant. Et si les larmes ne coulaient pas sur ses joues creusées par le manque de sommeil et cette maladie du coeur qu'on appelle tristesse, ce n'était que parce que son corps fatigué ne lui permettait pas telle dépense. Elle se sentait ridicule, assise là, incapable de faire quoi que ce soit. Elle avait pourtant essayer de ne point montrer signe de faiblesse, comme elle avait donnée le change à chaque fois qu'elle croisait un shinigami. Mais tout cela lui semblait finalement si hypocrite. Elle faisait bonne figure, elle qui n'était pas capable de porter secours à son frère.

Sa requête avait été rejetée. On lui avait refusée de quitter le Seireitei pour le Hueco Mundo. Elle avait insisté et n'était pas passez loin de l'assignation à résidence. Depuis elle errait. S'était surprise à faire des tâches ménagères, à ranger le linges des domestiques et à se baigner avec les carpes koï en pleine nuit ! Non vraiment.. cela ne tournait plus rond. Désormais, en plus de la fatigue accumulée elle était enrhumée ! Et se mettre ainsi sur l'endroit le plus battu par les vents de tout le Seireitei, était ce encore une idée tout à fait raisonnable ? Non.. biensur que non ! Il n'y avait rien de raisonnée dans sa vie depuis plusieurs jours. Le menton pourtant haut, elle regarde le Rukongai. Resterait elle dans cet état encore longtemps ? Il faudrait bientôt qu'elle prenne une décision. Qu'elle parte contre les ordres avec une chance misérable de sauver son frère et de revenir pour être condamnée ou bien qu'elle reste et se plonge elle même dans un coma de réflexion.

Elle aurait presque rit de ses idioties.. ni l'une ni l'autre de ces solutions ne pouvaient être envisageable. La première reviendrait à se déshonorée et à porter entache sur la famille Kuchiki. Ce n'était pas plus préférable au coma. Un soupire las allait s'évader de ses lèvres quand son dos se raidit soudain. Sans pourtant changer de position, elle ouvrit la bouche et s'adressa à l'ombre d'un pas.

Où il est question d'un lapin sans tanière et d'un majordome sans plateau. [pv Sôjiro Kosuke] 5898391446306437_smallf

Sa voix sonna comme un objet brisé dans le bruit du vent qui se levait à nouveau.

- Qui êtes vous ?

Il ouvrit lentement un œil, puis l’autre…déjà son regard gris pâle entièrement ouvert qu’il se plissait légèrement, cherchant à fuir la lumière qui l’accueillait. Contre le plafond, les rayons de soleil traçaient des zébrures blanches, passant à travers le simple rideau de coton qui voilait la fenêtre, oscillant régulièrement alors qu’il laissait passer une légère brise. Au loin – ou n’était-ce qu’à quelques mètres de la fenêtre ? Son esprit ne faisait pas encore la distinction, à moitié embrumé dans le sommeil – un carillon tintait. Les tubes de métal s’entrechoquaient doucement avec une harmonie délicate, scintillaient légèrement à travers l’atmosphère tamisée de la chambre, dans le reflet de la lumière, étendant sa vague de couleurs et le miroitement de ses propres sons…Dans cet éventail de tintements, le 3ème Siège de la 1ère Division décida qu’il n’allait pas réussir à retrouver le sommeil, même s’il le voulait. S’étirant et laissant partir les draps d’un côté, d’un geste décidé, c’est sur des pas de velours que la grande silhouette alla en quelques pas vers la fenêtre, laissant la lumière envahir entièrement la petite pièce. Murmurant quelques sons indistincts, il finit par murmurer d’une voix au timbre grave et plaisant, bien qu’encore un peu éraillée.

"Le soleil est déjà si haut… ?"

Sôjiro regarda avec un moment d’absence la vue qui s’offrait à lui…la Soul Society qui s’étendait à perte de vue, les nuages se formant et se reformant dans les cieux, poussées par le vent, et auxquels la lumière donnait une facette scintillante. C’était une vue apaisante auquel il était habitué…les locaux de la 1ère Divisions étaient faits ainsi. Une grande tour construire sur la roche, qui donnait l’illusion de flotter calmement à la hauteur des cieux, et reliée à la terre par d'innombrables passerelles…Le soufflement doux et régulier du vent était le seul son que l’on pouvait entendre…Etrange, tôt le matin il y avait tant d’agitation par ici…Le pâle visage du Shinigami se figea quelque peu. Tôt le matin… ? Il claqua des doigts, la révélation apparaissant sur son visage.

"Haaa… !"

Les quelques instants qui suivaient, la petite pièce qui lui servait à la fois de bureau personnel et de chambre intermédiaire volait dans une agitation sans pareil ; des papiers voletant ça et là, le simple kimono rouge sang qu’il portait il y a quelques instants jeté négligemment sur le lit. Notre 3ème Siège aux cheveux noirs s’entreprit de les brosser hâtivement après avoir enfilé son shihakusho noir tout en portant une main à son front dans un geste distrait…Plus de fièvre ? Non ! Bien ! Il soupira en nouant la ceinture du hakama, tout en cherchant du coin de l’œil son Zanpakutoh, essayant de paraître exaspéré…mais bien sûr, tout à fait incapable de blâmer qui que ce soit à part lui-même ! C’était évident que ses subordonnés n’oseraient pas réveiller leur 3ème Siège après…hmm…quelques jours de maladie ? Où est-ce que c’était une semaine ? On était quel jour, aujourd’hui ? Et OU était ce maudit Zanpakutoh de…Ah, quand même. Un sourire de satisfaction apparut dans son visage ; dans un mouvement fluide, il se vêtissait du fourreau bleu pâle dans lequel était paisiblement blottis son trancheur d'âme, époussetant les derniers vestiges de poussière qui lui donnaient l’impression de ne pas l’avoir porté un mois au lieu d’une semaine. Sa main parcourut le tissu de son manche d’un geste souple, et le doux sourire revint. Sans avoir quitté cette chambre, il avait cette impression…celle de revenir de loin…de très loin. Et maintenant…

*Il est temps de bouger ! ~ ♪*

Ah…oui…mais pour faire quoi ? Sa motivation menaçait de retomber d’un coup lorsque le Dai San Seki aperçut sur la table basse quelques papiers qui semblaient lui être adressés. Il reconnut les griffonnements de la part de son lieutenant…mettant un peu de temps avant de reconnaître l’écriture. Essayant d’étouffer le sentiment de culpabilité lorsqu’il s’aperçut qu’il essayait de reconnaître l’écriture de Mizuhiro le 4ème Siège et non pas de son lieutenant. L’habitude…l’habitude. Il ramassa doucement les papiers et sortit silencieusement de la pièce, l’extrémité des manches de son Shihakusho flottant légèrement à la suite alors qu’il traversait le long couloir sans un bruit – avec la légère impression d’être un intrus dans sa propre Division, pourtant tout était calme ! Et il lisait d’un air distrait…papiers…nouvelle…re-papiers…la 8ème Division en retard sur ses rapports à cause d’omission de signature de son capitaine, bon hé bien tout était normal de ce côté…Mais son regard s’arrêta sur un fait en particulier…Il s’arrêta net, le souffle coupé. Un peu trop coupé, puisqu’il se mit à tousser à répétition. Sa maladie avait repris le dessus. Mais pourquoi maintenant ?? Serait-ce à cause de cette monstruosité dissimulée à l'intérieur de lui ? Sôjiro n'en savait rien. Le meilleur remède était le calme et le repos. Rien de tel pour être mélancolique.

"K'so, comment cette merde à put-elle revenir ?"

Vite, il fallait un endroit, loin de tout et isolé. De préférence à l'extérieur pour pouvoir respirer de l'air pur et frais. La falaise du Sôkyoku semblait être l'endroit parfait pour le Troisième Siège. Il décida donc de s'y rendre...

Après avoir gravi les centaines voir les milliers de marches qui permettaient de se rendre au sommet de la falaise, Sôjiro traversa la forêt d'arbres mort rappelant que cet endroit était avant tout un endroit d'exécution. En effet le Sôkyoku était en fait un Zanpakutoh. Enfin pas vraiment un puisque sa puissance en valait mille. Selon les rumeurs, lorsque le Sôkyoku était activé on pouvait voir un gigantesque phoénix apparaitre. Seuls les Capitaines, quelques Lieutenants, l'ancienne condamnée Kuchiki Rukia et l'humain Kurosaki Ichigo peuvent le confirmer. Et justement, en parlant de Rukia, la voici qui se trouvait au bord de la falaise, l'air extrêmement pensive. Elle était là debout, les bras le long du corps. Sôjiro se tenait à une distance d'environ 15 mètres que déjà elle sentit sa présence. Sans attendre l'ombre d'une seconde elle lui adressa la parole sans même se retourner.

"Qui êtes-vous ?"

Sôjiro ne tarda pas non plus à répondre non plus et c'est tout en avançant qu'il prit la parole à son tour, réduisant la distance entre eux à chaque pas.

"N'ayez crainte Kuchiki-sama, ce n'est que moi, Kosuke Sôjiro, Troisième Siège de la Première Division. J'espère que ma présence ne vous insupporte pas trop."

Sôjiro avait pris connaissance de la situation et savait que le frère de Rukia autrement dit le Capitaine de la Sixième Division était actuellement prisonnier des griffes d'Aizen et de ses acolytes. Sôjiro se devait quelque part de la réconforter...

Drôle de rencontre. Deux malades. L'un avait une boule dans le ventre, l'autre un noeux dans le coeur. Ou bien se partageaient ils à leur manière ces deux maladies. Rukia s'était levée. Elle ne s'en rendit compte que lorsque la voix grave du Troisiège siège lui rappela qu'elle n'avait rien à craindre. Elle ne se souvenait pas de s'être ainsi redressée. N'était elle pas assise au bord du vide quelques instants plus tôt ? Ses paupières se refermèrent sur ses interrogations. Cela faisait plusieurs jours que sa mémoire ne retenait plus rien, pas même les mouvements de son propre corps. Surement elle s'était levée par instinct, peut-être pour être prête si on venait à la surprendre.. comme c'était le cas.

D'ailleurs.. que faisait il ici ? Etait ce finalement devenu un lieu fréquenté ? Un léger frémissement au coin de ses lèvres fut la seule marque d'un sourire sarcastique. Vraiment. Il fallait avoir besoin de beaucoup de solitude pour grimper jusqu'ici. Elle observa un bref instant celui qui s'avançait tout en se présentant. L'avait elle déjà croisée ? Connaissait elle quoi que ce soit sur ce shinigami ? Elle ne se souvenait pas. Elle ne se souvenait de rien. La douleur effaçait tout, ne laissai de place que pour elle et elle seule. Rukia inclina la tête en signe de salut respectueux. Puis répondit enfin alors que la distance qui la séparait de l'homme s'amenuisait. Heureusement, car sa voix n'eut que peu de force malgré les efforts de la jeune fille.

- Bonjour, Ichi Ban Tai Dai San Seki. Vous n'interrompez rien.

Non, c'était certain, l'homme n'interrompait rien. A peine peut-être avait il remué quelques volutes de conscience du présent dans l'esprit embrumé de la shinigami. Ce n'était pas un mal. Il serait temps qu'elle se reprenne en main, qu'elle s'occupe à nouveau du temps qui fil entre ses mains. Mais elle s'en sent incapable, son corps est las alors qu'il ne fait rien, son esprit est distant de toute chose et son âme s'est égarée dans quelques souvenirs brumeux. Un léger sourire s'affiche pourtant sur ses lèvres. En avait elle vraiment la force ? Elle n'avait pas le choix, elle ne ferait pas figure de martyre en ce lieu. Ses yeux retrouvèrent le chemin de l'instant présent alors qu'elle s'adressait à nouveau à Sôjiro.

- Comment allez vous ? La première division doit avoir bien du travail.

Comment poser une question plus banale que celle là ? Et comment dire quelque chose d'aussi creux ? Evidemment que la première division avait du travail. Comme toutes les autres. Elle trouva sa remarque bien vite ridicule mais qu'importe maintenant, les mots étaient sortis, elle n'avait plus prise sur eux. Elle n'avait plus prise sur grand chose de toute manière. Se retournant vers l'horizon elle se demanda à nouveau ce qui avait bien pu pousser le troisième siège ici. Avait il lui aussi quelques peines à déverser en solitaire ? A vrai dire elle ne saurait trop dire si sa présence impromptue était source d'inquiétude ou d'apaisement. Elle s'inquiétait de ne pas paraître trop affaiblis, elle s'apaisait de ne plus être seule.

Un souffle frais vint caresser sa nuque, immédiatement suivis d'un léger frisson qui s'empressa de dégringoler le long de son dos. Un seul résultat à cet enchaînement; l'éternuement. Le dos de sa main se leva prestement alors la fatalité prenait part au jeu du picotement irrésistible.

- 'tssum.

Son frêle corps se vouta alors qu'un morceau de tissu sortait de sous son kimono pour venir s'appuyer sur ses lèvres. C'était inutile mais elle se sentait si malade que la précaution lui semblait nécessaire. Ses joues rosies par le brusque effort, Rukia se redressa, le menton haut. Un Kuchiki se doit de garder la tête haute en tout moment n'est ce pas ? Elle ne ferait pas entache au nom qu'on lui avait gracieusement offert. Après tout.. que pouvait elle faire de plus ? Garder le menton en l'air et le dos droit, voila tout ce qu'elle avait la force de faire. L'azur de ses yeux se perdit sur les contours floues des rues du rukongai.

- Excusez moi.

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