[Flashback] Fraisier pour un régime de bananes

Le blondinet ne savait pas quoi faire. Il y avait tellement de choix devant les yeux que cela troublait son cœur. Il ne savait même pas ce qui aurait le plus fait plaisir, ni même ce qu’il aimait. Comment bien choisir dans ces conditions ? Autant laisser jouer le hasard non ? Oui mais si ça tombait sur quelque chose de trop spécial… les goûts et les couleurs ne se discutent pas, bien sûr, mais dans le doute, il valait peut-être mieux rester plutôt classique.

« Monsieur…vous avez choisi ? »

« Ah euh… désolé… pardonnez-moi je… Je sais pas vraiment quoi prendre en fait… »

« C’est pour offrir ? »

Kira Izuru hocha la tête en souriant, comme s’il imaginait déjà la tête de celui à qui il allait faire plaisir. En espérant que ça lui ferait véritablement plaisir. Parce que s’il n’aimait pas… si Kira choisissait mal… Argh ! Mais quel casse-tête vraiment ! La vendeuse était bien mignonne mais sa patience avait sûrement des limites aussi, Izuru devrait bien finir par choisir !

« Je… »

Il avait de nouveau élevé la voix, pas très fort, mais assez pour que la vendeuse se penche vers lui avec un petit sourire poli. Il avait enfin choisi cet abruti ?

« Celui aux fraises, s’il-vous-plaît. »

La vendeuse inclina la tête en signe d’approbation, et mit le gâteau aux fraises dans une boîte blanche, toute mignonne. En face d’elle, Kira n’en pouvait plus de sourire niaisement, tout heureux de faire un cadeau à un ami. Et oui, aujourd’hui, Abarai Renji venait juste d’être nominé Vice-Capitaine de la Sixième Division ! Ca devait être la fête au QG ! Une ambiance de folie ! Tout excité et content de son achat, Kira Izuru se dirigea de nouveau vers le Seireitei, et plus précisément donc, vers le siège de la Sixième.

Quelle ne fut pas sa surprise de voir les lieux quasiment vides, et très silencieux. Pourtant, il était encore l’après-midi, il devait travailler, non ? C’était étrange. Un peu dubitatif, Kira s’avança vers la porte centrale, qu’il entrouvrit. Derrière elle, une cour vide, déserte. Pas même une rolling dust ball qui passait par là. C’était vraiment étrange pour un jour comme celui-ci… Que se passait-il donc ?

Toujours aussi perplexe, Kira ne se laissa pourtant pas démonter. Il était venu ici avec un gâteau pour Renji, pour célébrer sa promotion, et n’allait pas partir aussi facilement. Izuru se dirigea donc vers le bureau du Vice-Capitaine, auquel il toqua doucement. Apparemment, il n’y avait personne à l’intérieur, mais il fallait peut-être attendre un peu pour que Renji fasse son apparition.

« Ah… mais où sont-ils tous passés ? »

Peut-être qu’ils étaient partis fêter cette promotion dans un endroit secret, et que Renji avait volontairement ‘omis’ de dire à Kira où cela se passerait. Peut-être que finalement, le babouin ne voulait pas voir Izuru, ou même qu’il ne l’appréciait pas du tout… Ce n’était pas impossible, après tout… mais ça lui ferait mal quand même. Et la porte ne bougeait toujours pas. Personne. De plus en plus découragé, Kira allait faire demi-tour et rentrer au QG de la Troisième, les larmes aux yeux. A quoi ça servait de passer son temps à choisir un gâteau s’il n’y avait personne pour venir le manger avec lui… ? C’était… triste. Oui. Triste. Pauvre Kira.

Ce jour là, Byakuya travaillait seul en son bureau, comme à l’accoutumé. Une habitude qui aurait pu changer s’il n’avait pas envoyé dès son premier jour d’admission le jeune Abarai en mission. C’était comme qui dirait le faire démarrer sur les charbons ardents, mais le Roku ban tai taisho aimait à tester son nouveau subordonné afin de se conforté dans son choix. Pour beaucoup et loin sans faux, le fait que le noble Kuchiki ait choisit ce dernier plutôt qu’un autre paraissait des plus surprenants, voir déroutant. Après tout il n’était pas difficile de reconnaître que tout les opposaient. Ce jour là, donc...le noble s’affairait à ses dossiers d’un geste plus qu’appliqué. Il n'avait eu de cesse que de remplir des dossiers, sous une concentration rigoureuse qui n'appartenait qu'à lui. Ce qui lui avait donné pour renommé d'être un véritable bourreau de travail et ce qui en soi, n'était pas peu dire. Certains qui pouvaient se vanter de le connaître un peu plus que beaucoup d’autres, que cela lui venait de cette tristesse non révélée depuis le trépas de son épouse, quand d’autres affirmaient que cela semblait provenir de cette éducation de fer, qui avait eu raison de l’enfant turbulent et impétueux que Byakuya avait jadis été. C'est sous cette tâche acharnée, alors que son pinceau exerçait avec précision ses tracés sur la surface granuleuse d'un de ses énième dossiers entreposés soigneusement sur son bureau, que le Roku ban tai Taisho ressentit, la piqûre subtile et désagréable de la lassitude lui raidir la nuque. Ses paupières faiblement abaissés se fermèrent complètement, tandis que sa main droite releva son outil, cessant ainsi toute activité, durant quelques secondes. Lorsque ses iris réapparurent, sa vision se rajusta et d'un geste précis, le noble reposa son pinceau sur le socle, avant de reposer son dos sur le dossier de sa chaise.

C’est alors qu’il crut ressentir un reiatsu des plus surprenant se déplacer en sa direction…où plutôt dans le bureau qui jouxtait le sien, autrement dit de son tout nouveau Fukutaisho. Bientôt des pas se firent entendre, une allure presque hésitante, comme si la personne recherchait une personne bien précise. Surement Renji au vu des déplacements. Byakuya ne reprit point son travail, car son esprit parut des plus intrigué, désirant céder à l’appel de la curiosité. Ses iris ombrageux se dévoilèrent en fin de compte de dessous ses paupières et il se retira de son bureau non sans laisser sur son support Senbonzakura. Après tout, il n’allait qu’assouvir sa curiosité et nullement quitter les locaux. D’un pas lent, donc, les tissus de ses vêtements se froissèrent doucement, avant qu’il ne porte la main sur la poigné de la porte aux doubles battants. Cette dernière s’ouvrit discrètement, si bien que Kira ne due point s’en apercevoir puis qu’il ne se tourna pas même, vers le Taisho des lieux, qui resta bien deux petites secondes au devant de l’ouverture, l’observant de ses yeux neutres et impassibles.

Le fukutaisho de la troisième Division paraissait fort ennuyer alors qu’il détenait entre ses mains une sorte de boîte qui n’était pas sans rappeler celle que l’on retrouvait dans les boulangeries. A dire vrai, cela pouvait paraitre fort étranger à notre noble qui n’avait jamais mit les pieds dans ce genre de magasins, mais il n’était point ignare en la matière, non plus. Il lui parut donc, probable que cet homme avait, par un geste fort louable au demeurant, voulu rendre hommage à son collègue, Abarai Renji. Mais comble de malchance ce dernier était en mission. A ce constat, le noble desserra les mâchoires et formula d’une voix des plus atones et presque trainante et profonde :

- Abarai Fukutaisho n’est point en ces lieux, Kira Fukutaisho. Je l’ai envoyé présentement en mission de reconnaissance.

Sa justification se stoppa sur ces faits, car Byakuya ne voyait point l’intérêt de ce justifié auprès d’un subordonné, quand bien même il n’était point de sa Division. Mais il est vrai que dans un sens, cette mission permettrait à ses hommes de se familiariser avec leurs supérieur, car à dire vrai, à cette époque, le noble Roku ban tai Taisho ne portait pas vraiment d’attention envers ses subordonnés. Pas au point de les sacrifier loin de là, car le noble chef de clan connaissait ses responsabilités, mais il était bien trop hautain pour confier plus d’intérêt que cela. Nul ne pouvait l’égaler et jusqu’à maintenant c’était un fait. Mais qui sait…un jour peut être, cela en serait tout autrement, mais cela n’était point d’actualité…Du moins c’est ce à quoi songeait notre homme en cette période. Sans bouger de sa place, Byakuya offrait donc un visage des plus placide au devant de Kira, délaissant son menton s’enfoncer légèrement sous la coupe de son écharpe avant de reprendre de cette même voix monocorde et appliquée, laissant entendre une question des plus rhétorique :

- Pourquoi le recherchez-vous ?

Au bord de la dépression, comme à sa triste habitude, Kira Izuru désespéra de ne pas voir Renji en ces lieux. Il voulait sûrement l’éviter, non… ? C’était logique : pourquoi quelqu’un de si populaire voudrait traîner avec quelqu’un comme Izuru ? Le blondinet s’était incrusté avec lui à l’Académie, et sa présence gênait peut-être Renji, sans que l’autre ne le lui ait jamais dit ! Non mais ça se tenait non, comme théorie ? Non ?

Heureusement, pour sortir Kira de son pessimisme pathologique, le célèbre et noble Kuchiki-taichô-sama avait fait son apparition, annonçant d’une voix neutre mais douce que Renji était absent, en fait. Déjà en mission. Izuru ne put se retenir déjà, de sursauter – Kuchiki-taichô l’avait surpris en se faisant si discret – et ensuite, d’écarquiller les yeux. Abarai-kun était déjà parti travailler… ? Kira-fukutaichô aurait cru qu’on allait lui donner quelques jours pour s’habituer avant de l’envoyer bosser. Il avait eu tort. En même temps, la Sixième était dirigée par Kuchiki-taichô, ça n’avait rien de vraiment étonnant, en fait…

« Ah… »

C’est la seule chose que put prononcer un pauvre Kira, déçu de ne pas pouvoir offrir ce gâteau en main propre à Renji. D’ailleurs, il avait l’air un peu hagard et maladroit, à tenir cette boîte, un peu surélevée à ce qu’on aurait pu s’attendre, le tout avec le dos courbé et un regard de chien battu. Y’avait pas à dire, Kira faisant vraiment pitié quand il s’y mettait ! Pourtant, il oubliait toutes les règles de politesse !

Il se reprit rapidement, et s’inclina avec empressement devant Kuchiki-taichô, un peu tremblant. D’ailleurs, il faillit faire tomber cette précieuse boîboîte en baissant la tête, et trébucha maladroitement. Néanmoins, il réussit à ne pas tomber, et à sauver le gâteau. Mais il avait eu l’air bien idiot devant Byakuya… Un Capitaine qui d’ailleurs, lui demandait pourquoi il était venu voir Renji…

« Euh… Je… C’est pas très important je… »

Kira montra d’un geste la boîte qu’il tenait dans la main et qui avait failli se retrouver étalée à terre, et ajouta avec un sourire un peu tristoune :

« Je voulais juste le féliciter de sa promotion dans votre Division, Kuchiki-taichô… »

Le sourire du blondinet s’effaça rapidement, laissant place à une moue déçue et toujours aussi triste. Il baissa la main qui tenait la boîte et fit un petit pas en arrière. Détournant le regard, il jeta un œil au ciel : le soleil déclinait rapidement, et il avait encore du boulot à la Troisième… Il allait devoir partir, malheureusement…

« Je… euh… Je vais y aller… C’est pas grave… Excusez-moi de vous avoir dérangé, Kuchiki-taichô ! … Pouvez-vous juste… prévenir Ren… Euh Abarai-fukutaichô que je suis passé le voir… ? Enfin si vous avez le temps… si vous voulez… »

A la fois abattu et intimidé, Kira-kun en perdait son japonais : Kuchiki-taichô avait l’art de le mettre mal à l’aise, et ce pour pas grand-chose. Ce n’était pas forcément volontaire, juste qu’il était impressionnant de prestance et n’avait pas pour réputation d’être sympathique ou avenant. Beaucoup le pensaient simplement méprisant, ou arrogant, mais Kira Izuru n’était pas de cet avis. Après tout, c’était là un shinigami de talent, comme on en fait trop peu, issu d’une famille de la très haute noblesse. En tant que noble de bien moindre importance, Kira respectait énormément Kuchiki-taichô-sama, moins par peur que par pure dévotion. Et puis hé, il avait les moyens de paraître arrogant, lui au moins…

Ainsi, même s’il avait dit qu’il allait partir, Kira ne fit pas un pas d’un côté ou d’un autre. A vrai dire, il ne savait plus trop quoi faire, ni que dire. La présence de Byakuya l’intimidait trop pour qu’il puisse ainsi s’éclipser comme un voleur, ce qu’il aurait pourtant bien voulu faire.

Que n’avait-il point fait en signalant sa présence, alors que ces yeux ne pouvaient se détacher de cet homme qu’il venait de faire sursauter. Ce dernier ne put lui offrit par ailleurs qu’un simple « ah » hésitant et dont le timbre trahissait la déception, voir peut être de l’intimidation. Le regard neutre et anthracite du noble ne se détacha point de cette vision malhabile qui semblait être surprit comme un enfant en train de faire une mauvaise blague, alors que ce n’était point le cas. Cela eut le don d’agacer profondément le Roku ban tai Taisho, car il ne supportait pas vraiment l’incertitude et le manque d’assurance. Hors Kira était un parfait exemple de ces deux choses. Ses yeux se firent plus insistant encore sur ce visage aussi pâle que le sien, recherchant à lui donner ce qu’il n’avait point, mais cela fut plus qu’inutile au demeurant, car le San ban tai Fukutaisho ne paraissait vouloir se départir cette fâcheuse expression d’être perdu . Cependant sous son aspect placide et immobile, Byakuya ne formula nulle remontrance, et se contenta d’observer Kira qui s’inclinait enfin pour le saluer comme il se devait.

Chose à laquelle répondit le noble chef de clan par un hochement du chef. Au moins il ne manquait point à ses politesses ce qui n’était pas toujours le cas de tout le monde…mais ne nous égarons point sur le sujet. Une fois de plus l’agacement mêler à une légère pointe de désespoir vint lui pincer le cœur, alors qu’il observait de ses iris gris le faux mouvement témoignant de l’émotivité du jeune homme en face de lui. Ce dernier avait bien faillit faire choir sur le sol boisé des lieux, le présent gustatif de Renji. Au moins le problème aurait été en un sens résolut, mais Byakuya n’avait aucun désire à voir le sol de sa capitainerie souillé par un gateau à………à quoi au juste ? A quoi pouvait donc ressembler cette chose, donc le noble lui-même n’était pas véritablement un amateur ? Il se garda cependant de le demander à notre San ban tai Fukutaisho des fois qu’il lui ferait encore un acte des plus maladroit, tout cela parce qu’il ne semblait nullement à l’aise à sa vu. Qui l’était de toute manière, lui qui régnait par la peur et l’ordre à cette époque. Même Rukia, sa propre sœur ne pouvait s’empêcher de balbutier en sa présence. En cela, Byakuya n’en tirait aucune gloire, mais il se protégeait ainsi des autres, tout en prenant soins d’eux sans qu’on ne le remarque. Jamais il n’avait encore démontré d’acte cruel envers qui que ce fut, mais sa froideur était tel un fléau.

En parlant d’hésitation, voila que Kira se mit enfin à lui expliquer le sujet principal de sa visite tout en évitant soigneusement de trop l’observer. Le noble fit un pas en avant, délaissant sa vision glissé sur la surface de la boîte, la curiosité grandissant en son sein, tout en tâchant de calfeutrer son agacement au devant d’un tel exemple de déprime. Comme si le fait que si Renji n’était point ici semblait être une fatalité. Ses lèvres s’animèrent une fois de plus, marquant un timbre dépourvu de tout sentiment, à l’image même de ses traits sous sa chevelure emprisonné par le carcan du Kenseikaan.

- Je vois.

Que croyez vous qu’il dirait de plus ou de moins a dire vrai….Byakuya était un homme de constat et ce qu’il songeait au fond de lui-même personne par même le sôtaisho ne pouvait réellement le déceler. C’était un être fait de paradoxe et de silence, voila tout. Malgré tout, le noble s’avança et rejoignit le vice capitaine si peu sûr de lui, et passa au devant de lui pour ouvrit d’une gestuelle dans laquelle transparaissait la noblesse et aussi la précision, la porte qui menait directement à ce bureau dépourvut de son occupant. Sa voix reprit donc du service, terne et monocorde, alors que les deux hommes n’étaient séparés que du strict minimum concernant la bien séance.

- Déposez-le simplement sur son bureau puisque cela lui revient. Il n’y échappera point ce soir, dès son retour.

En effet, si Renji paraissait suffisamment efficace, cette mission ne devrait point être difficile à clore en quelques heures. De plus il n’avait nul envie de s’encombrer d’un gâteau et de le lui remettre lui-même. Quoi que lui-même serait encore en son bureau à son retour, remplissant encore cette paperasse qui ne semblait point avoir de fin. Un exercice qu’il avait apprit à accepter avec le temps sans jamais s’en plaindre. Pourtant il pressentait que son nouveau Fukutaisho ne serait pas aussi enclin à les remplir. Qu’a cela ne tienne il saura les lui faire accepter. Byakuya s’écarta légèrement de la porte pour laisser Kira s’y engouffrer, sans pour autant ses yeux ombrageux dénoter la tension qui animait le jeune homme. C’est à ce demandé comment il pouvait supporter son propre Taisho… Ichimaru Gin. Ce dernier n’était guère apprécié par notre Roku ban tai Taisho, mais il le savait tout aussi déstabilisant que lui-même et ce rien qu’avec ce sourire énigmatique et dérangeant.

[c'est tout pourri désolé /:]

De la déception et du découragement, voilà ce qu’on pouvait lire dans les prunelles de Kira, alors que Kuchiki-taichô lui annonçait que son tout nouveau Vice-Capitaine était déjà parti en mission. C’était râpé pour le petit goûter de bienvenue qu’avait voulu lui organiser le blondinet, dans l’intimité d’un bureau. Peut-être était-ce lui qui était en tort, au final : quelle idée de vouloir faire ça pendant les heures de travail, aussi !? C’était de sa faute, ni plus ni moins…

Cependant, la prévenance de Kuchiki-taichô l’amena à demander à Kira de simplement déposer là le gâteau et de vaquer à ses occupations habituelles. Le blond arqua légèrement un de ses sourcils et tourna son regard vers le bureau :

« Je… J’avais pensé… On aurait pu le manger ensemble… Enfin, je suppose que ce n’est pas grave… »

Evidemment, il fallait comprendre dans cette phrase que Kira pensait à lui et Renji en disant ‘on’ et ‘ensemble’. Jamais Kira n’oserait parler ainsi de Kuchiki-taichô-sama, et encore moins lui proposer de manger du gâteau en tête à tête. D’ailleurs, c’était même pas dit que le Capitaine de la Sixième Division aime les sucreries… chose que Kira adorait en fait. Avec le thé et le saké, bien évidemment.

Toujours aussi penaud, Kira baissa le bras, et s’apprêtait à tourner les talons, pour retourner travailler dans ses locaux. Le gâteau pourrait attendre… Au pire, il le mangerait seul, devant une tasse de thé, près de sa fenêtre, qui donnait sur son jardin – où, par hasard, à côté d’un pêcher trônait un jeune et petit cerisier… Ce serait reposant et apaisant, mais comme d’habitude, Kira serait seul.

Le petit blond soupira un peu trop bruyamment, et se décida à demander quelque chose qu’en temps normal, il n’aurait jamais osé demander à un Capitaine. Et surtout pas celui-là. Kira devint alors nerveux. Enfin plus que d’habitude hein… Il se mit à trembler un peu, et son visage prit une jolie teinte rosée. Les yeux baissés, et en bredouillant, il demanda alors à Kuchiki-taichô :

« Peut-être pourriez-vous… le lui donner ? De ma part ? »

Tel un enfant penaud et timide, Kira tendit son bras pour donner le gâteau à Kuchiki-taichô. La scène pouvait prêter à sourire, mais le blondinet était tout à fait sérieux quand il demandait au Capitaine de donner le cadeau lui-même à Renji. Après tout, c’était de la faute à Kira si Renji n’était pas là : aurait-il été un peu plus patient pour attendre la soirée, et il l’aurait vu ! Mais là, le gâteau allait tourner s’il n’était pas rapidement mangé, et le meilleur moyen que Renji récupère rapidement son présent était de le confier à son Capitaine.

Après avoir sourit doucement, Kira Izuru attendit avec docilité et calme que Kuchiki-taichô prenne le gâteau dans ses bras. Ce n’était qu’un gâteau, mais pour le blond, c’était la cristallisation de tous ses vœux de bonheur à Renji. Sa carrière débutait sur les chapeaux de roues, et il n’était pas exclu qu’un jour, Abarai-kun ne devienne comme Kuchiki-taichô, un Capitaine puissant et respecté.

Le noble percevait aisément la déception que pouvait ressentir Kira en cet instant, rien que prêtant une simple attention à ses paroles. Cela ne l’étonnait guère et ne l’atteignait nullement cependant. Gardant cet aspect des plus stoïque qui ne concédait nulle attention de plus que sa simple proposition concernant à déposer le present sur la table de son Fukutaisho nouvellement nommé. Une légère frustration naquit en son sein au devant de la mine plus que expressive de cet homme qui se devait d’être le subordonné directe de Gin, le noble Roku ban tai Taisho ne fit aucune remontrance, et inspira simplement plus profondément afin de garder ce calme froid qui le caractérisait. De ses yeux anthracite et insondable Byakuya semblait vouloir sonder le blond, n’ignorant point que la distance qui les séparait semblait dérisoire pour tenter de rassurer un temps soit peu ce Fukutaisho penaud et presque capable de songer un seul instant que ce n’était que de sa faut si Renji n’était point présent. Stupidité des plus élémentaires quand la faute reposait exclusivement sur le noble qui n’en éprouvait nulle honte. Après tout, il n’était point ici pour ménager ses nouvelles recrues et ces dernières devaient démontrer leurs valeurs pour obtenir de sa part un quelconque intérêt..ce qui était ma foi…. Rarissime,…presque aussi peu répandu qu’une quelconque légende des temps anciens. Vraiment ceci était à la limite du pathétique, mais une fois de plus le chef de clan ne fit aucune remarque.

Kira soupira de désespoir de manière un peu bruyante ce qui fit naître sur les traits si lisse de toute émotion de notre Taisho, un léger froncement de sourcil. Que pouvait il donc faire de plus que ce qu’il venait de lui proposer ? La voix nerveuse du subordonné se manifesta dans les airs et exprima la plus incongrue des demandes. Le prenait-il pour un messager ou bien un livreur ? Qui se devait d’être un capitaine de division et de surcroit le chef de clan le plus puissant de toute la Soul Society ? Certainement pas ce petit blondinet aux manières si incertaines et pourtant charmantes au demeurant, mais en cela, Byakuya ne saurait dire le pourquoi de cette pensée insolite qui venait de lui traverser l’esprit. Cette fois si son sourcil se arqua dans le sens de l’étonnement, une surprise mesuré mais suffisante pour démontrer un certain sens de la méprise envers cette formulation si osée. Dans un sens cela ne lui coûtait rien de veiller sur un tel gâteau, car même s’il n’aimait guère les sucreries, une fraise ou deux ne lui ferait certainement pas un mal, surtout au devant de cette paperasse qui n’en finissait point. D’un mouvement simple et appliquée cependant, le noble referma donc la porte qui donnait sur le bureau de son Fukutaisho et ne détacha point son attention envers Kira, qui lui tendait de façon indécis mais avec précaution le dit présent.

- Je crains de ne point être le fervent livreur que vous estimez que je sois. Cependant j’accepte votre requête, sous la condition que la prochaine fois que vous avez un présent à fournir à mon subordonné, cela se fasse en dehors des horaires des officiers.

Sa voix résonna de manière totalement monocorde sans s’élever d’un iota tandis que de ses mains habiles et gantés il s’empara du gâteau, non sans que ses narines n’en ressentent la délicieuse odeur de fraises. Ce qu’il ne savait point à l’époque… c’était surement le fait que d’ici quelques temps ce fruit ne ferait plus partit de ses maies favoris. Une fois de plus son attention ne dévia point une seule seconde du corps du San ban tai Fukutaisho, alors qu’il se promettait en secret de gouter un tant soit peu de ce présent, car après tout , lui il avait le mérite de revêtir le vêtement de coursier, et ce à l’encontre de sa position première. Il aurait fort bien pu refuser, mais voir une expression encore plus profonde sur ce visage aussi pâle que le sien, ne lui plaisait nullement. Non, plus vite il acceptait, plus vite cet homme qui pourtant possédait un sens du combat tout à fait honorable notamment en ce qui concernait la stratégie, s’en irait. Concédant que toute discussion était désormais plus que futile, Byakuya détourna sa personne, non sans laisser entendre le subtil froissement de ses vêtements et de son écharpe. Il fit quelques pas, comme pour rejoindre son propre office, et finalement cessa son allure pour offrir un profil des plus impassible envers le subordonné qui n’avait pas encore prit congé.

- Vous ne devriez pas rougir de votre geste, il est tout aussi noble que vous l’êtes ce me semble.

Puis il s’éloigna à nouveau sans plus une seule fois se retourner et entra dans son bureau non sans refermer lentement derrière sa personne. Il resta quelques instants immobile au devant de la pièce, balayant du regard cette surface vide et bien arrangé, témoignant de la rigueur du maître des lieux. Lentement il prit place sur sa chaise et déposa bien soigneusement le gâteau sur la surface plane de la table, juste à porter de main, alors qu’il attrapait un dossier et l’observait d’un œil ennuyer, avant d’accepter le fait de devoir le traiter. Ses doigts s’emparèrent du pinceau et signèrent le dit document, après une brève lecture, alors que son attention glissa sur la boîte odieusement close… au bout de quelques minutes, Byakuya céda à son envie presque trop enfantine, et ouvrit le contenant pour s’emparer délicatement d’une fraise qui lui faisait bel et bien de l’œil. Ses lèvres s’entrouvrirent doucement afin d’accueillir l’objet de son désir et mastiqua lentement afin de savourer, non sans ne point rendre publique son méfait en refermant la boîte…Peut être s’offrira-t-il une autre fraise, si jamais il arrivait au bout du dixième dossier qui trônait sur le bureau…Dans le fond, le Roku ban tai Taisho remerciait la venue providentiel de ce Fukutaisho, Gin en avait de la chance.

Kira était terriblement confus : il se demandait, après coup, ce qui lui avait pris de demander une telle chose au Capitaine de la Sixième Division. Maintenant qu’il y pensait, c’était terriblement déplacé, et ça n’étonnerait pas le Vice-Capitaine de la Troisième si Kuchiki-taichô refusait purement et simplement d’accéder à sa requête. Et pourtant, la réponse, plutôt favorable, du Capitaine, finit d’enfoncer Kira Izuru dans les abîmes de la honte. Contre toute attente, le noble shinigami accepta de veiller sur le gâteau et de le remettre à Renji-kun, mais rappela à Izuru que ce genre de cadeaux s’échangeaient hors des horaires de travail des shinigami. Kuchiki-taichô l’avait dit de façon naturelle, sans élever la voix ni même changer d’expression, mais Izuru savait comment il était : cette remarque était tout à fait sérieuse, et sonnait à ses oreilles comme la plus hurlante des engueulades, le plus dur des sermons.

Izuru confia donc le fraisier à Kuchiki-taichô, le lui remettant en s’inclinant, hésitant un moment avant de lui offrir son plus beau sourire. Même s’il s’était fait houspiller et que Renji n’était pas là, Kira était heureux de savoir que son présent irait, comme prévu, à celui à qui il l’avait acheté. Cependant, ce sourire fut aussi radieux qu’éphémère, et céda la place à une expression plus neutre, alors que Kira-kun repensait au souci qu’il causait au Capitaine de la Sixième, qui avait sûrement assez de boulot comme ça sans avoir à s’occuper d’un gâteau. Le blondinet rougit violemment, et hésita encore avant de prendre congé. C’est alors que Kuchiki-taichô, contre toute attente, lui fit une remarque qui le surprit énormément.

* Hein… ? *

Kuchiki-taichô-sama venait bien de rappeler à Kira-kun qu’il était noble, tout comme l’était le fait d’offrir quelque chose à Renji ? Le blond n’avait pas rêvé non, c’est bien ce qu’avait dit Byakuya. Il ne put, pourtant, que rougir davantage sous le poids du compliment, avant de s’incliner à nouveau.

« C’est juste un gâteau… »

Dit-il, comme pour atténuer la portée de son geste, alors que pour ‘juste ce gâteau’ il avait été jusqu’à déranger un Capitaine dans son travail. Vraiment, Kuchiki-taichô n’était pas aussi froid qu’il le laissait paraître, et Kira en avait la preuve, même s’il n’en avait jamais vraiment douté. Contrairement à certains de ses collègues d’ailleurs. Non, avec Kuchiki-taichô, il fallait voir bien au-delà des apparences : derrière l’implacable et l’impassible, il y avait quelqu’un de sensible, juste, et gentleman. Kuchiki-taichô était un vrai noble, maintenant que Kira y pensait.

Lui qui avait perdu ses parents trop tôt n’avait pas pu être réellement élevé comme le noble qu’il était – car oui, comme l’avait rappelé Byakuya, Kira Izuru était issu de la petite noblesse du Seireitei. Parfois, Izuru avait la sensation d’avoir grandi trop vite, et à d’autres moments, il se reprochait d’être encore un enfant. Peut-être devrait-il tout simplement prendre exemple sur le vrai noble du Gotei 13 – et je ne parle pas du goinfre ou de l’alcoolique.

Kira s’inclina une dernière fois, alors que Kuchiki-taichô entrait dans son bureau, emportant avec lui le gâteau qu’il aurait voulu offrir à Renji.

« Je… Euh… Au revoir, Kuchiki-taichô ! Merci mille fois !!! Excusez-moi de vous avoir dérangé… »

Et rapidement, sans un mot de plus, Izuru décampa, de peur que Byakuya ne change d’avis. On ne savait jamais, hein !

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